Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On est monté là-haut pour pouvoir commencer aux alentours de minuit. On devait quitter l’autre équipe qui était là-bas. Ça consistait en un technicien et quatre ou cinq opérateurs qui faisaient fonctionner le matériel. Donc on a commencé notre service sous les ordres du commandement aérien de l’ouest et les opérateurs faisaient les inspections journalières nécessaires et tout était en ordre et on a commencé à faire notre travail de surveillance du ciel. L’antenne était installée dans un chalet qui avait été bâti et l’ensemble tournait en effectuant une rotation complète 360°. Le radar avait été fabriqué chez Research Enterprises à Leaside et les éléments principaux étaient un émetteur et un récepteur. Et la partie récepteur était constituée d’un tube, aujourd’hui on appelle ça un PPI (écran radar panoramique). C’était un tube de 40 cm de diamètre environ, qui opérait depuis un point central qui envoyait un rayon jusqu’en haut, qui tournait à 360°. La raison du balayage c’était de repérer n’importe quel avion qui pénétrait dans la zone. Et ça faisait ça en laissant un écho, avec un petit spot dessus, mais il continuait à tourner.
Bon, je devrais dire que pendant la nuit on a réussi à avoir un spot dessus. Donc dès que j’ai eu un spot ça voulait dire qu’il y avait un avion dans le coin quelque part à une distance de l’ordre de 240 à 320 kilomètres. Donc l’idée c’est que vous rendez compte au siège, vous recevez vos instructions. Ils disent que c’était un avion non identifié et ils ont lancé une alerte. Alors ça voulait dire que les îles de la Reine Charlotte avaient des stations radar, alors tout le monde savait avec plus de précision ce qui se passait.
Bon, ça a duré toute la nuit, mais voilà, au moment du lever du soleil, j’ai commencé, bon, pas moi, mais la machine a commencé à repérer un spot ici, un spot là, un spot quelque part ailleurs jusqu’à ce que j’aie un certain nombre de spots. Et le commandement aérien de l’ouest a été mis en état d’alerte immédiatement, une alerte rouge (la plus haute en terme d’avis d’attaque). Ils ne savaient pas ce que c’était. Ils avançaient à une centaine de kilomètres heure ce qui voulait dire que ce n’était pas des gros avions qui arrivaient parce qu’ils volent voler à une vitesse supérieure. Et deux ou trois avions qui étaient du côté de Vancouver volaient à une vitesse inférieure, 135 environ. Mais ce qu’on avait nous volait à une vitesse de 100 km/h. Alors Dieu seul sait ce que c’était. Donc il nous fallait attendre.
Et quand la lumière du jour est arrivée, j’ai pris mes jumelles, suis sorti et j’ai fait le point sur l’endroit d’où ça venait, à l’est. Et finalement, j’ai découvert de quoi il s’agissait. C’était des volées et des volées d’oies sauvages, et naturellement, on a rapporté ça au commandement aérien de l’ouest. Ils ont annulé l’état d’alerte et nous sommes devenus la risée de toutes les stations radar. Soit. Les oies firent le tour et allèrent se poser dans le lagon juste au sud de là où on était.