William Thompson a servi dans l'infanterie pendant la guerre de Corée.
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Transcription
Il a commencé à en parler et je me suis dit que je devrais peut-être y aller aussi. Je suis donc allé, alors que je me rendais à Regina, au Manning Depot, comme ils l'appelaient. J'y ai signé mon nom pour m'enrôler dans l'armée. J'y suis resté environ une semaine, vous savez, j'ai tout réglé, l'aspect médical et tout le reste. Ils se sont occupés de tout. Et ils m'ont demandé : « OK, on va t'emmener maintenant, tu as passé tous les tests. Où veux-tu aller, dans quel bureau veux-tu aller? » Ils m'ont donné deux choix. L'un était l'infanterie et l'autre, l'artillerie, comme électricien. « Lequel veux-tu choisir? » « Mes frères et mon oncle sont dans l'infanterie, alors je veux aller dans l'infanterie. Je ne sais même pas ce que sont les autres. » Alors ils m'ont mis dans l'infanterie. Et ils m'ont demandé dans quelle unité, dans quelle unité je voulais aller. Et j'ai commencé à leur donner toutes les unités, les RCR et les Van-Doo français qu'ils appelaient ça, il y a ça, cette infanterie. Et il y a le PPCLI, le Princess Patricia Light Infantry.
Nous sommes allés là où notre ligne était censée être, là où nous allions, sur la ligne de front. C'est là que nous étions censés aller parce que, je ne savais pas. Vous savez, ils ne vous disaient pas où vous alliez aller, ils vous emmenaient simplement. Mais quand nous sommes entrés là, nous avons vu cette sorte de grande montagne. C'était censé être une colline, nous l'appelions Hill 355. C'était un versant assez escarpé, c'est là que les Chinois avaient l'habitude de venir pour essayer d'atteindre cette colline parce qu'ils passaient par là pour regarder autour d'eux et voir ce qui se passait. Ils essayaient de s'en emparer, mais ils n'y parvenaient pas. Ils étaient là où nous étions, mais il n'y avait pas de sortie, ils essayaient d'aller sur cette colline, mais ne grimpaient pas.
Oui, ils ont attaqué. Ils venaient assez souvent. Ils ont montré à la télévision qu'ils se déplaçaient comme des fourmis, mais pas là, pas là où nous étions, pas par là. Ils arrivaient de différentes directions, pas en groupe au même endroit. Mais là où nous étions, il y avait des collines, un peu abruptes, vous savez, des deux côtés.
Après la signature du premier cessez-le-feu, ils ont fait savoir, l'officier, notre officier, il vivait en bas de la colline, il a fait savoir qu'il n'y avait plus de tirs. Nous ne devions plus tirer, nous devions cesser le feu. Tout s'est arrêté. Et tout d'un coup, le soir, le ciel s'est illuminé, les fusées éclairantes, tout ce qu'ils avaient devant eux, ils les ont tirées en l'air juste pour s'éclairer, parce que c'était le cessez-le-feu, ils n'en avaient plus besoin, d'une certaine façon. Et c'était comme en plein jour, on pouvait bien voir le sol.
Après le cessez-le-feu, le lendemain matin, nous sommes tous allés nous coucher, je me suis couché tout de suite. Je me suis levé le matin, tout le monde était déjà debout et regardait autour. Ils ont dit que nos tranchées étaient là, qu'il y avait une petite route qui descendait par là. Ils sont allés dans cette direction et ils ont dit : « Oui, il y a tous les morts là-bas. Ça doit être des Chinois, ça ne peut pas être des Canadiens parce que les Canadiens, ils enlèvent leurs morts tout de suite. Ce doit être des Chinois ou des Coréens ». L’odeur de pourriture. Ça puait. C'est à ce moment-là que je sentais cette maudite odeur en me tenant debout dans les tranchées, cette maudite odeur qui entrait. C'est là que j'ai demandé au sergent, et il m'a dit : « Ça pourrait être un cerf mort ou un chat mort là-dessous, quelque chose de mort. » Alors on s'en foutait, mais après, il y avait des morts là-bas. Non seulement ça, mais le long de la colline, il y en avait peut-être aussi parce qu'il y avait peut-être des morts en bas de la colline aussi, je ne sais pas. Ils n'enlevaient pas leurs morts, ils les laissaient là.
Il n’y avait pas trop de différence entre les deux. La plupart d'entre eux (Chinois ou Nord-Coréens) ne portaient pas d’uniformes comme nous en portons. Ils portaient juste des vêtements de tous les jours. Ils devaient en avoir, mais je ne sais pas. À la télévision, ils sont tous habillés et tout ça. Ils n'ont pas de chaussures non plus. Ils ont une sorte de, pas un mocassin, des sandales, oui, des sandales, des sandales.
Non, je n'ai pas tiré, je me suis juste caché. Bien sûr, nous utilisions des fusils lorsqu'ils les voyaient arriver, mais pas lors de l'attaque de l'artillerie ou des mortiers. Nous nous cachions jusqu'à ce que le calme revienne. Ensuite, ils devaient aller attaquer. Mais la plupart du temps, ils essayaient d'atteindre la colline par là et ils entendaient des tirs ici, nous regardions par ici. Nous regardions s'ils allaient aller de ce côté, mais ils ne le faisaient pas. Mais nous tirions des tirs de harcèlement, comme ils disaient, juste pour les empêcher de monter sur cette colline, c'est tout.
(Aviez-vous peur?) Pas vraiment. La seule fois où ils nous ont fait peur, c'est la première fois que nous sommes montés là-haut pour entendre les obus d'artillerie qui passaient au-dessus de la tête, qui bombardaient l'autre, de l'autre côté. C'est là que j'ai eu peur. Qu'est-ce que je faisais là? Toute la nuit, je n'ai fait qu'entendre les obus passer et repasser.
Ils s’organisaient parfois pour nous donner une bonne dose de rhum, une ration de rhum comme ils l'appelaient. Une fois, je suis monté là-haut, je me suis en quelque sorte saoulé et je me suis endormi parce que les autres ne buvaient pas. Ils ne voulaient pas le jeter, alors j’ai dit : « Ah, mettez ça ici, nous n’avons que des tasses, des tasses à thé, mettez ça ici, je vais le boire. » Et je l’ai bu, il n'a pas duré longtemps.