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Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal

Attrait majeur de l’arrondissement du Vieux-Montréal, ce complexe muséal a été inauguré le 17 mai 1992 et a pour objectif de mettre en valeur et de faire connaître l’histoire et l’archéologie de la Ville de Montréal.
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Construit à Pointe-à-Callière, dans le Vieux-Montréal. Terminé en 1992, le bâtiment allie avec bonheur l'esthétique industrielle raffinée de Daniel Hanganu et le respect du contexte historique et culturel du site (avec la permission du Musée Pointe-à-Callière).
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Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, Pointe-à-Callière, à Montréal, architectes Dan Hanganu et Provencher Roy (photo de Roderick Chan/avec la permission de Dan Hanganu).

Attrait majeur de l’arrondissement du Vieux-Montréal, ce complexe muséal a été inauguré le 17 mai 1992 et a pour objectif de mettre en valeur et de faire connaître l’histoire et l’archéologie de la Ville de Montréal. Situé sur l’emplacement qui a vu naître cette ville, il comprend un ensemble de sites, de bâtiments et de collections qui permettent d’apprécier de manière tangible son riche passé. L’année 2017 verra l’inauguration d’un réseau souterrain reliant les différents sites et bâtiments du complexe. Les vestiges archéologiques du site de la fondation de Montréal, soit le fort Ville-Marie et le château Callière, seront également accessibles au public et mis en valeur à l’occasion des célébrations du 375e anniversaire de la Ville de Montréal.

Historique

Le 17 mai 1642, le père Vincent célèbre la messe de fondation de Montréal. Paul de Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance et leurs compagnons assistent à cet important événement (voir Maisonneuve et la fondation de Montréal). Le 17 mai 1992, précisément 350 ans plus tard, un musée d’archéologie et d’histoire est inauguré à l’endroit où une pointe de terre s’avance entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Pierre.

Cette pointe est nommée pointe à Callière, en l’honneur de son premier propriétaire européen. En 1688, le chevalier Louis-Hector de Callière, troisième gouverneur de Montréal, acquiert le terrain et en 1695, y érige sa demeure. Le musée pour sa part, doit son existence aux fouilles archéologiques qui y ont été menées dans les années 1980. Celles-ci ont permis d’une part de mettre à jour des vestiges architecturaux remarquables et d’amasser une importante collection d’artéfacts; d’autre part, elles ont montré que le site a connu une occupation humaine beaucoup plus ancienne que la seule présence européenne. Cette présence autochtone remonterait à au moins 1 000 ans. Il s’agit d’ailleurs du seul musée d’archéologie de cette envergure au Canada.

Complexe muséal

Le musée regroupe six bâtiments et structures qui favorisent une exploration tant de la surface que du sol archéologique. L’accès au complexe se fait à partir de l’Éperon, bâtiment qui repose sur les anciennes fondations de la Royal Insurance Company dont les locaux ont été érigés en 1860 et détruits en 1950. De forme triangulaire, agrémenté d’une tour, il domine le port de Montréal et on y trouve les services d’accueil, une salle d’expositions temporaires, une salle multimédia, ainsi que divers services.

Le deuxième élément est la Place Royale et la crypte archéologique située en-dessous de celle-ci. En 1989, le ministère des Affaires culturelles et la Ville de Montréal y ont mené d’importants travaux archéologiques qui ont mis à jour différents ouvrages réalisés au fil des siècles. Ainsi, on peut y voir les traces des pieux d’une palissade (1684) et celles du premier corps de garde (1698). Des pierres des fortifications de la ville et une rue pavée datant du XVIIIᵉ siècle sont aussi visibles. Enfin, les murs de la maison Baby-Bagg (1767) et de l’auberge Würtele (1802), les fondations d’un muret du square de la Douane (vers 1860) et un socle de ciment (vers 1940) sur lequel reposait un monument à la mémoire des premiers Montréalais permettent d’avoir, en un seul lieu, un aperçu du riche patrimoine archéologique montréalais.

Le visiteur peut ensuite admirer le bâtiment de L’Ancienne-Douane, témoin de la présence britannique à Montréal. Élaboré par l’architecte anglais John Ostell, cet édifice a été érigé entre 1836 et 1837 (agrandi en 1881). Ce troisième élément abrite aujourd’hui la boutique du musée et une partie de l’exposition permanente.

La quatrième composante du musée est la station de pompage D'Youville (1915), la première station de pompage des eaux usées de Montréal à fonctionner à l’électricité. Réalisée selon les plans d’un autre britannique, l’ingénieur Stuart Howard, la station aux allures victoriennes est devenue un lieu d’interprétation. Les moteurs, les pompes, les vannes et les équipements électriques ayant été conservés, ils permettent de raconter de manière très imagée le fonctionnement de la station. La station est offerte aux groupes scolaires et est disponible pour des événements privés.

En 2000, le musée a fait l’acquisition du 214, place D’Youville, situé à deux pas de l’Éperon. Cette propriété, construite au XIXe siècle sur une partie du lieu de fondation de Montréal, a été occupée par la Townsend Company pendant plus de 75 ans. Tout l’approvisionnement des bateaux du port de Montréal se faisait à partir de cet édifice. Une École de fouilles archéologiques, créée en partenariat avec l’Université de Montréal, y emménage en 2002 et y mène divers travaux. C’est ainsi que les vestiges du château de Callière et du fort de Ville-Marie ont été mis au jour. Toutefois, l’édifice a été démoli à l’automne 2014, afin que soit aménagé un nouveau pavillon mettant en valeur les vestiges de cet important site de l’histoire de Montréal. Son ouverture est prévue pour 2017.

La visite se termine par La Maison-des-Marins, située au 165-169, place D’Youville et acquise par le musée en 2004. Cet édifice sert principalement à recevoir les groupes scolaires. Il abritait, en 1875, le Montréal Sailors’ Institute qui desservait les marins en escale à Montréal, puis, étant devenu la propriété des Œuvres de La Maison du Père, a servi à héberger des hommes en difficulté. Cette maison qui a fait l’objet d’une revitalisation complète a été inaugurée en 2013.

Projet d’expansion : Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal

Un important projet d’expansion ayant pour but de faire de Pointe-à-Callière une institution muséologique de calibre international devrait être complété en 2017, à temps pour le 375e anniversaire de la Ville de Montréal et le 25e anniversaire du musée. Le projet propose la création d’une Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal par l’aménagement d’un réseau souterrain reliant une douzaine de lieux historiques et patrimoniaux entre eux; l’égout collecteur William aménagé entre 1832 et 1838 servira d’axe principal de circulation entre Pointe-à-Callière et la rue McGill.

La Cité comprendra en plus des pavillons actuels, la mise en valeur des vestiges du fort de Ville-Marie (1642), du château de Callière (1695) ainsi que du marché Sainte-Anne (1832) et du parlement du Canada-Uni (1844–1849). La Caserne centrale de pompiers sera réaménagée en centre de services et l’histoire de l’ancien hôpital général de Montréal, construit en 1693, sera mise en valeur par une exposition. Le Pavillon international, construit sous la rue Normand et relié au réseau muséal souterrain, permettra d’accueillir des expositions de niveau international et sera adjacent à l’Édifice Dominique-Ducharme (anciennement Douanes Canada). L’ensemble sera unifié en surface par des jardins urbains aménagés au cœur du quartier historique.

Prix et reconnaissances

Le Musée est récipiendaire de plus de 70 prix. Parmi ceux-ci, on retrouve plusieurs prix internationaux dont celui de l’American Institute of Archeology. En 1999, lors du 20e anniversaire de la création du Musée, le ministère de la Culture et des Communications du Québec a classé officiellement le site comme lieu historique et archéologique national. L’année précédente, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a dévoilé une plaque commémorative rappelant « le site qui a vu naître Montréal ».

En 2010, le Musée est Lauréat Or des Grands Prix du tourisme québécois dans la catégorie « Attractions touristiques de plus de 100 000 visiteurs » et en 2012, sa directrice générale Francine Lelièvre (en poste depuis 1992) se voit remettre le Prix du lieutenant-gouverneur de la fondation Héritage Canada, en reconnaissance de sa contribution à la conservation du patrimoine québécois et canadien.