Les Canadiens d'ascendance allemande formaient numériquement en 1986 le cinquième groupe ethnique au Canada - après les communautés d'origine française, anglaise, écossaise et irlandaise. En 1986, on estimait à environ 900 000 le nombre de Canadiens d'origine allemande, et à 1 700 000 le nombre de Canadiens dont les ancêtres, venus de plusieurs parties d'Europe, parlaient l'allemand. L'arrivée d'Allemands commença vers 1750 en Nouvelle-Écosse et fut par la suite rarement interrompue pendant de longues périodes. Ils s'établirent dans toutes les provinces et s'assimilèrent rapidement. Hormi dans certaines régions à forte concentration d'immigrants allemands, comme le comté de Waterloo, Ont., les traditions folkloriques ne furent pas conservées par la deuxième ou troisième génération née au Canada.
Il y eut trois courants d'immigration allemande : de l'Allemagne même (en Nouvelle-Écosse et au Québec au XVIIIe siècle, à l'ouest du lac Ontario après 1790 environ et dans presque toutes les régions par la suite); des États-Unis (loyalistes au XVIIIe siècle et mennonites ou « Hollandais de Pennsylvanie »); et de petites enclaves de langue allemande de l'Europe orientale, identifiées le plus souvent à une même secte religieuse (mennonite, amish, hutterite, etc.).
Musiciens d'origine allemande
La période pendant laquelle le Canada se transforma en une nation moderne coïncida avec celle où les compositeurs et les institutions musicales de l'Autriche et de l'Allemagne occupaient une situation de prestige dans le monde. Tout comme l'Italie au début de la même période et l'Europe de l'Est à la fin de celle-ci, l'Allemagne constituait un réservoir de musiciens professionnels pour le marché international. Le nombre disproportionnellement élevé de musiciens allemands présents au Canada au cours du XIXe siècle s'explique donc facilement. Il n'est cependant pas aisé de cerner cette contribution de façon précise, puisque les Autrichiens, aussi bien que de nombreux Flamands, Suisses et juifs d'Europe orientale portent des noms de famille à consonance germanique. En outre, plusieurs immigrants allemands francisèrent ou anglicisèrent leur nom ou bien le perdirent par suite de mariages mixtes.
Parmi les quelque 30 000 mercenaires venus du Anhalt, de Brunswick, de Hanau et de la Hesse, prêtés au gouvernement britannique par le duc de Brunswick pour lutter contre l'Indépendance amér. en 1776-77, beaucoup s'établirent éventuellement dans ce qui est l'actuelle province de Québec. Les 4000 soldats de Brunswick débarqués en 1777 ne comptaient pas moins de 102 « tambours et hautboïstes » - ce dernier terme étant alors utilisé pour désigner les musiciens de l'armée (George Monarque, Un général allemand au Canada, Montréal 1927). Les enfants du commandant, le baron von Riedesel (1738-1800), étudièrent la musique avec Frédéric Glackemeyer (un des mercenaires) qui demeura à Québec où il devint le prototype de l'artisan-pionnier de la musique aux talents universels. Jusque vers 1860, les noms allemands se trouvaient au premier plan de l'activité musicale à Québec, Montréal, Toronto et Halifax. à Québec, Glackemeyer avait un concurrent allemand en la personne de Francis Vogeler, et T.F. Molt était son gendre. J.-C. Brauneis occupe une place dans la première histoire des corps de musique canadiens; Louis Sigismond Pfeiffer (1831-1878) fut violoniste et organiste dans cette ville après 1846, tandis que J.M. Pfeiffer (fl. 1849), qui était peut-être son parent, était fabricant de pianos. Louis-Édouard Glackemeyer, le seul Canadien de naissance mentionné jusqu'ici, fut un amateur de flûte passionné et un ardent organisateur de sociétés musicales.
Molt et J.-C. Brauneis II, de même que Frederick Hund (fl. 1816-24), un marchand de musique et imprimeur, travaillèrent à Québec et à Montréal. Hund eut pour associé à Québec en 1824, comme marchand de musique, un certain Gottlieb Seebold qui, plus tard, dirigea à son tour un commerce de musique à Montréal avec son frère John G. Seebold, l'un des professeurs d'Ernest Gagnon. Isaac Reinhardt (1808?-1846) fut également à Montréal l'un des premiers facteurs de pianos; Leonard Eglauch fut prof. de musique et marchand de pianos. Les facteurs de piano H. et J. Philips ouvrirent boutique en 1845 à Halifax.
Parmi les chefs de musique d'origine allemande des régiments britanniques ayant servi au Canada figurent Adam Joseph Schott et deux James Ziegler, père (mort en 1833) et fils. Le chef de musique Kästner dirigea une société musicale à Antigonish, N.-É., au milieu des années 1840; le professeur Weisbecker, une Sacred Music Society à Saint-Jean, N.-B., en 1842; et Theodoric Wichtendahl, une Harmonic Society dans la même ville au milieu des années 1850. Peiler & Sichel fut le nom d'un magasin de musique à Halifax pendant de nombreuses années.
Tandis que des musiciens nés au pays et des immigrants français satisfaisaient aux besoins de la ville de Québec durant la seconde moitié du siècle, Toronto subit une véritable invasion de musiciens allemands : les Nordheimer (18440 et les Heintzman (1860), dont les noms devinrent fort connus à travers le Canada et, temporairement, le violoniste Ferdinand Griebel, les frères Schallehn et le prof. de chant Jules Hecht. à Hamilton, Peter Grossman devint un chef de musique éminent en plus d'être marchand de musique; à Preston, Ont., Hager & Vogt (ce dernier partenaire, le père d' A.S. Vogt) était une entreprise reconnue de facture d'orgues, Limbrecht en était une autre.
Cherchant à échapper à ses créanciers, le musicologue Gustav Schilling (Schwiegershausen, Allemagne, 1805 - Nebraska, 1880) enseigna à Montréal durant quelques années, vers 1860; la famille Bohrer participa à la vie musicale pendant environ 80 ans. Les frères Carl et Theodore Martens, formés à Leipzig, furent actifs dans plusieurs secteurs de la vie musicale de Toronto pendant les années 1880. Le nom du violoniste Heinrich Klingenfeld se retrouve à Halifax d'abord puis à Toronto. Charles Reichling (1854-1922) avait 12 ans quand sa famille s'établit à Montréal. Il étudia le violon avec Jules Hone et devint musicien d'orchestre ainsi que chambriste avec le Montreal String Quartette, joua au sein du McGill Orchestra et fut nommé violoniste auprès des gouverneurs généraux lord Lansdowne et lord Stanley. Ernst Doering (violoncelliste, né à Oldenburg le 25 mars 1868), engagé comme prof. de violoncelle au Halifax Cons., demeura dans cette ville où il fonda le Doering-Brauer Cons. et (1890) le Leipzig Trio, en plus d'enseigner au Halifax Ladies' College dans les années 1890.
Il est possible que deux pionniers de la musique à Winnipeg, Joseph Hecker (fl. 1880) et Gustav Stephan (fl. 1916), aient été d'origine allemande. À l'instar de nombreux autres musiciens européens actifs au Canada pendant un certain temps, ils se laissèrent attirer par les pâturages plus verts des É.-U. La Berliner Gramophone Company fut fondée à Montréal par Emile Berliner, lui aussi natif d'Allemagne.
Parmi ceux qui s'installèrent au Canada se trouvent Ferdinand O. Telgmann, pionnier de la musique à Kingston, Ont., pendant une cinquantaine d'années; Hans A. Zoellner et son fils Theodor Zoellner à Berlin (auj. Kitchener), Ont.; Paul Hahn et Otto Higel à Toronto; Eugene Schneider, un violoniste et altiste de Stuttgart qui fut membre d'origine du Quatuor à cordes Dubois de Montréal.
Le premier musicien de renom d'origine allemande et suisse né au Canada fut A.S. Vogt, fondateur du Choeur Mendelssohn de Toronto. Noah Zeller, George Fox et Joseph Baumann figurent aussi parmi les premières personnalités de marque d'origine allemande. La Première Guerre mondiale, le déplacement du centre de gravité de la musique vers la France, les États-Unis et d'autres pays, le besoin croissant de musiciens d'église issus de la tradition britannique ainsi que l'augmentation du nombre de musiciens canadiens eurent pour effet de réduire l'immigration de musiciens allemands. Ce fut seulement par suite de l'oppression politique sous le régime hitlérien qu'une autre vague de musiciens ou d'étudiants en musique allemands arriva au Canada. Un groupe d'internés politiques fut envoyé de Grande-Bretagne au Canada et incluait Helmut Blume, Freddie Grant, Walter Homburger, Helmut Kallmann, le violoniste Gerhard Kander (Mannheim, Allemagne, 27 août 1921 - Jamaïque, 1 janvier 2008, arrivé au Canada 1940; il donna des récitals à Montréal et joua avec le TSO pendant les années 1940 mais abandonna plus tard la carrière musicale) et John Newmark. D'autres expatriés furent Lotte Brott, Ulrich Leupold, Jan Simons et Ernesto Vinci. Andreas Barban, Mario Duschenes, Herman Geiger-Torel, Walter et Otto Joachim, Herbert Ruff et Heinz Unger sont au nombre des opposants du nazisme qui s'établirent au Canada au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Une nouvelle vague d'immigration allemande, composée surtout de personnes désireuses de quitter leur pays natal pour des raisons d'ordre moral ou professionnel, commença vers 1950. Elle inclut Wolfgang Bottenberg, Helmut Brauss, Franz-Paul Decker, Gisela Depkat, Herbie Helbig (pianiste, compositeur pour le cinéma et la télévision et auteur de ritournelles publicitaires), Friedemann Fischer (prof. de bois et de musique d'ensemble à l'Université Laval), Theo Goldberg, Lothar Klein, Gabriel Kney, Jury Krytiuk, Otto-Werner Mueller, Helmut Seemann (flûtiste et compositeur actif à Montréal et Ottawa, mais qui a abandonné la musique), Hildegard Westerkamp, le chanteur country Hank Smith, et Phil Stark. La compositrice S.C. Eckhardt-Gramatté avait passé la majeure partie de sa vie professionnelle à Berlin avant de s'établir au Canada en 1954. Parmi d'autres compositeurs de naissance allemande, on note Gerhard Ginader, qui s'établit à Winnipeg en 1981 pour diriger le Talent Education Institute, puis devint dir. du programme Suzuki à l'Université de Brandon en 1983; Stefan Bauer (Recklinghausen, 13 décembre 1956), qui s'établit au Canada en 1989 et commença à enseigner à l'Université du Manitoba en 1990. Parmi les facteurs d'orgues, on trouve notamment Gerhard Brunzema et Karl Wilhelm (né en Roumanie). Le chef d'orchestre Günther Herbig a été chef invité du TS dès 1983, puis conseiller artistique (1988-89), et enfin dir. mus. à partir de 1989.
Au nombre des musiciens canadiens renommés du XXe siècle d'ascendance allemande totale ou partielle, on remarque Victor Braun, Joyce Redekop-Fink, Elmer Iseler, Alfred Kunz, John Martens, Victor Martens, R. Murray Schafer et George Ziegler. Les cousins Fred et Edward B. Moogk (Waterloo Music Co.) se sont signalés en leur qualité respective d'archiviste de documents sonores et d'éditeur de musique.
Traditions
Peu de recherches ont été effectuées sur les traditions du folklore musical allemand au Canada. Dans son étude intitulée Folklore of Lunenburg County, Nova Scotia (Ottawa 1950), Helen Creighton affirmait que peu de chants allemands avaient survécu. Par contre, Ramón Pelinski, dans un relevé sur la recherche en musique ethnique en 1975 (« The Music of Canada's ethnic minorities », CaCM, printemps-été 1975), nota que le Musée national de l'Homme (Musée canadien des civilisations) avait recueilli 195 chants et 40 pièces instrumentales d'origine allemande. Les cinq cahiers manuscrits déposés au Jordan Historical Museum of the Twenty, Jordan, Ont. - les seuls volumes subsistant d'une série de 20, rédigés par les élèves mennonites de la Clinton Township School (péninsule du Niagara), 1798-1834 - révèlent des traditions religieuses et pédagogiques plutôt que populaires. Vraisemblablement, la majorité des immigrants allemands avait une meilleure connaissance des « chants dans le style populaire » (de Reichardt, Silcher, Zelter, etc.) que des véritables chants « folkloriques », qu'ils apprenaient dans des livres et chantaient en groupes. La popularité des corps de musique (à Waterloo à partir des années 1830) et des sociétés chorales (Victoria, C.-B., 1861; Waterloo, v. 1865), qui donna lieu aux Sängerfeste de la fin du XIXe siècle, en témoigne. Après une période d'inactivité relative (1914-50), les sociétés chorales refirent surface et ressuscitèrent quelques anciens noms : Concordia à Kitchener, Germania à Hamilton, Harmonie (plutôt que l'ancien nom Harmonia) à Toronto et Liederkranz à Edmonton. Plusieurs sociétés et organisations communautaires germano-canadiennes sont liées à des choeurs. L'Alliance des chorales allemandes du Canada (Sängerbund), formée à Kitchener en 1958, comptait en 1991 quelque 15 choeurs provenant de villes du Québec et de l'Ontario. Il existe d'autres associations chorales dans les Prairies et les régions du Pacifique Nord (Colombie-Britannique et Washington). L'Oktoberfest, une tradition munichoise qui remonte à 1810, où la musique joue un rôle important, est maintenant célébrée au Canada et connaît un succès florissant dans des villes telles que Kitchener-Waterloo, Regina, Vancouver, Winnipeg, Calgary et Edmonton.
Visiteurs venus d'Allemagne
Le premier ensemble musical allemand à visiter le Canada fut peut-être Hermann & Co. du Cons. royal de Munich, qui divertit les citoyens de Halifax et de Saint-Jean, N.-B., en 1832. Entre 1850 et 1852, les trois visites au Canada (incluant Kingston, Montréal, Québec et Toronto) de la société musicale Germania - orchestre de Berlinois installé aux É.-U. en 1848 - revêtirent une importance plus considérable. Il s'agit probablement du premier orchestre professionnel à s'être produit au Canada, et un accueil enthousiaste lui fut réservé. Les artistes allemands qui se firent entendre au Canada à titre individuel incluent Henriette Sontag, soprano (1854); Hans von Bülow, pianiste (1876); August Wilhelmj, violoniste (1880); Lilli Lehmann, soprano (1886); Xaver Scharwenka, pianiste (années 1890). Il serait superflu d'énumérer les nombreux artistes qui visitèrent le Canada au XXe siècle, d'Elena Gerhardt et Walter Gieseking, en passant par Lotte Lehmann (qui donna des récitals de lieder à Montréal dans les années 1930 et à Toronto pendant les années 1940 et des cours de perfectionnement à l'Université Mount Allison en 1962) et Dietrich Fischer-Dieskau jusqu'à Anne-Sophie Mutter et Christian Tetzlaff. Les orchestres qui se produisirent au Canada incluent l'Orchestre philharmonique de Leipzig (v. 1901), l'Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Herbert von Karajan (1955, 1956), l'OS de la radio bavaroise (1968), le Leipzig Gewandhaus Orchestra sous la direction de Kurt Masur (1983, 1986) et l'Orchestre de chambre de Stuttgart. Lors de l'Expo 67, on a pu entendre la Chorale et l'Orchestre Bach de Munich ainsi que l'Opéra d'État de Hambourg. Cette troupe, sous la direction de Hans Schmidt-Isserstedt, donna en première canadienne l'opéra Mathis der Maler de Hindemith. Parmi les chefs d'orchestre allemands qui ont visité le Canada, citons Fritz Busch (Montréal), Bruno Walter (Montréal, Vancouver), Otto Klemperer (voir OSM), Eugen Jochum, Ferdinand Leitner, Karl Munchinger (OCNA, Festival du printemps de Guelph), Helmut Rilling (comme chef invité, et accompagné de ses Gächinger Kantorei de Stuttgart), Kurt Sanderling et son fils Thomas Sanderling (qui a épousé Rivka Golani), Klaus Tennstedt (qui fit ses débuts nord-amér. au TS en 1974, et est revenu souvent par la suite). Le choeur d'enfants d'Obernkirchen chanta à Toronto en 1955, 1961 et 1962 de même qu'à Barrie et à Kitchener en 1964 et dans plusieurs autres villes canadiennes. Le Goethe Institut possède des succursales à Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver, et s'occupe surtout d'enseigner la langue et la littérature allemandes, mais parraine également des manifestations publiques aussi nombreuses que variées, mettant en vedette des interprètes et de la musique de l'Allemagne. Il présenta notamment le tromboniste de jazz Albert Mangelsdort, avec son quintette en 1967 et en solo en 1978; les Westfälische Kantorei, dirigés par Wilhelm Ehmann en 1970; l'Octuor de l'Orchestre philharmonique de Berlin en 1972; les duettistes Alfons et Aloys Kontarsky en 1979. L'Institut a parrainé les présentations de l'opéra de chambre Jacob Lenz de Wolfgang Rihm par la SMCQ à Montréal et Toronto en 1985, et a aussi aidé les NMC et d'autres à faire connaître la musique et les musiciens allemands au Canada. Le pianiste Herbert Drechsel (1954-55), le Quatuor Pfeiffer (1966-67) et le Trio de Stuttgart (1971-72, 1973-74) effectuèrent des tournées au Canada sous les auspices des JMC.
Musique allemande au Canada
La principale contribution de l'Allemagne à la vie musicale du Canada demeure sans doute les oeuvres qui forment la base du répertoire, de Bach et Gluck à Richard Strauss et Carl Orff, s'ajoutant naturellement à celles de compositeurs nés ou établis en Autriche (Beethoven, Brahms, Schoenberg). Ce serait déborder les cadres de l' EMC que de tenter d'énumérer les créations canadiennes des chefs-d'oeuvre de la musique allemande, même les plus célèbres (voir Concerts), mais il faut souligner que les oeuvres de Beethoven les mieux connues furent exécutées au Canada bien avant que Bach n'arrive à s'imposer. (À Montréal, un concert commémoratif consacré aux oeuvres de Beethoven fut présenté en 1870.) F.H. Torrington et R.-O. Pelletier interprétèrent la musique d'orgue de Bach pendant les années 1860, mais l'honneur d'avoir fait connaître au public canadien ses grandes oeuvres pour choeur et orchestre revient à Healey Willan, Ernest MacMillan, Herbert Fricker et Wilfrid Pelletier pendant les années 1920. Les opéras de Wagner furent présentés à Montréal (Le Vaisseau fantôme en 1871?, Parsifal en 1905, L'Anneau du Nibelung en 1914) et le TSO de Welsman exécuta certains poèmes symphoniques de Strauss, mais l'opéra national préféré des Allemands, Der Freischütz de Weber, ne fut chanté que rarement. Le Choeur Mendelssohn de Toronto, formé pour chanter d'abord les oeuvres chorales de Mendelssohn, fit entendre plusieurs des motets de ce compositeur en 1895 et Walpurgisnacht, d'après Goethe, en 1906. Plusieurs autres sociétés chorales canadiennes furent nommées d'après des compositeurs allemands, par exemple le Bach Choir de Hamilton, les Chorales Bach de Toronto et Vancouver, la Handel Society of Music de New Westminster et le Mendelssohn Choir de Montréal. Des ensembles instrumentaux utilisèrent les noms de Beethoven (des trios à Montréal et à Toronto) et de Mendelssohn (Trio Mendelssohn à Montréal).
Les compositeurs allemands du XXe siècle qui visitèrent le Canada sont, entre autres, Wolfgang Fortner, Paul Hindemith, Carl Orff, Dieter Schnebel et Karlheinz Stockhausen. Werner Egk composa deux airs de concert, Chanson et Romance, pour Pierrette Alarie qui les créa en 1953. Karl Hoeller et Hermann Reutter représentèrent l'Allemagne à la Conférence internationale des compositeurs à Stratford, Ont., en 1960.
Étudiants canadiens en Allemagne
J.-C. Brauneis II, le premier Canadien qui termina ses études à l'étranger, séjourna en Allemagne au cours du voyage qu'il fit de 1830 à 1833. Ce fut également le cas de Tom Haliburton (1821-1847), fils du créateur de Sam Slick. Par la suite, le Cons. de Leipzig, fondé en 1843 par Mendelssohn, acquit une réputation internationale et fut un pôle d'attraction aussi important que Paris pour les étudiants nord-amér. Arthur Dumouchel, Gustave Gagnon et Joseph Baumann y étudièrent vers 1870; Nora Clench, Harry Field, W.O. Forsyth, Annie Lampman Jenkins, Waugh Lauder et A.S. Vogt, pendant les années 1880; Frank Blachford, Harry Puddicombe, Frank Welsman et Ernest Whyte, durant les années 1890. Parmi ceux qui étudièrent à Berlin, mentionnons S.P. Warren (1861-64), Émiliano Renaud (1898-99), Alfred La Liberté (v.1900-05), Ernest Seitz (1910-14), Harold Sumberg (1922-27) et George Fiala (1942-45). La pianiste et compositrice canadienne Adele Lount-Tyson (v. 1875-1901?) étudia en Allemagne dans les années 1890, et deux de ses mélodies furent chantées par Lilli Lehmann en 1900 lors d'un concert à Dresde. Au nombre des Canadiens qui étudièrent en Allemagne après 1950, on remarque Donald Bell, Keith Bissell, Denys Bouliane, Victor Braun, Douglas Haas, Alan Heard, David Joachim, Alfred Kunz, Rachel Martel, John Martens, Victor Martens, Robin Minard, Alvin Reimer, Nigel Rogers, John Thrower et Claude Vivier. Berlin, Munich, Detmold et Hambourg sont les villes qui semblent avoir le plus d'attrait pour les étudiants. Les cours d'été offerts à l'Institut Kranichstein, à Darmstadt, ont attiré Gilles Tremblay, Norma Beecroft, Brian Cherney, Bruce Mather et beaucoup d'autres compositeurs. De jeunes chanteurs canadiens ont acquis leur expérience par des contrats avec des théâtres lyriques allemands de province avant de se lancer dans la carrière internationale. Après avoir étudié avec Orff, Doreen Hall introduisit la méthode Orff-Schulwerk en Amérique du Nord.
Interprètes canadiens en Allemagne
Le premier Canadien à être ovationné en Allemagne fut Waugh Lauder, à Leipzig en 1880, pour son interprétation du Concerto Empereur de Beethoven. Emma Albani fit ses débuts en Allemagne en 1882, et, en 1887, elle tint le rôle d'Elsa dans Lohengrin en présence de l'empereur. À l'instar d'Albani, Alfred La Liberté joua devant la famille royale allemande. Kathleen Parlow fit ses débuts en récital à Berlin en 1907 et reçut un accueil chaleureux.
Parmi les Canadiens qui se produisirent en Allemagne après 1950, à la scène lyrique ou au concert, figurent Robert Aitken, Pierrette Alarie, Kenneth Asch (Duo Ascher), Donald Bell, Colette Boky, Victor Braun, Maurice Brown, Marie Daveluy, Paul Frey, Janina Fialkowska, Maureen Forrester, Kenneth Gilbert, Frances Ginzer, Glenn Gould, Ida Haendel, Gladys Kriese-Caporale, Anton Kuerti, Bruno Laplante, Louise Lebrun, Diane Loeb, Norman Mittelmann, Geneviève Perrault, Henriette Platford, Dodi Protero, Irene Salemka, Léopold Simoneau, Steven Staryk, Lillian Sukis, Micheline Tessier, Jon Vickers, Edith Wiens et Jeannette Zarou. En 1953, la musique du Royal 22e régiment se produisit pour la première fois en Allemagne. Le TS (1974, 1983, 1986, 1991), l'OCNA (1978) et l'OSM (1984, 1987) firent des tournées en Allemagne et la SMCQ, les Festival Singers et le Canadian Brass participèrent à Rendezvous with Canada, une série de concerts tenue à Bonn (17-24 novembre 1977) consacrée aux compositeurs et interprètes canadiens. La SMCQ est retournée en Allemagne en 1988. L'ONF a réalisé un film sur la visite réussie à Munich, en 1974, de l'Alberta All-Girls Band. En 1979, la musique du personnel de l'Armée du salut canadienne inclut l'Allemagne dans sa tournée européenne et joua aussi à la base militaire des Forces armées canadiennes à Lahr, Allemagne de l'Ouest. Une succursale du RCMT logée à cette base reçoit chaque année la visite d'examinateurs. Oscar Peterson joua et enregistra en Allemagne, le compositeur montréalais John Warren y dirigea son orchestre de jazz britannique en concert et à la radio en 1973 et 1975, et le CCMC joua à Brême, Munich et Cologne en 1978. En février 1975, dans ce qui était alors Berlin Est, le groupe Perth County Conspiracy enregistra son album Breakout to Berlin. (Rumour V). En 1988, Robert Aitken fut nommé à la faculté de la Staatliche Hochschule für Musik à Freiburg.