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Musique country et western

Comme les Maritimes et certaines régions de l'Ontario et de la Colombie-Britannique partagent une solide tradition populaire similaire à celle de la région des Appalaches, le country a rapidement trouvé preneur au Canada.

Musique country et western

La musique country et western tire ses origines de la tradition populaire britannique, particulièrement de celle qui a été préservée dans les régions rurales et montagneuses du Sud des États-Unis. La musique pop, la musique noire et les exigences des enregistrements commerciaux et de la radio ont également eu une influence sur la musique country et western.

Racines populaires

Comme les Maritimes et certaines régions de l'Ontario et de la Colombie-Britannique partagent une solide tradition populaire similaire à celle de la région des Appalaches, le country a rapidement trouvé preneur au Canada. Il a d'abord été popularisé par des violoneux comme Don MESSER et George Wade, qui ont commencé leurs carrières à la radio à la fin des années 20. En 1932, la Canadian Victor Record Company a signé un contrat avec Wilf CARTER, dont le succès l'a encouragée à engager également Wade (1933), Hank SNOW (1936) et Hank LaRivière (1941).

Carter, Snow et, plus tard, Earl Heywood ont créé un style de musique country original, caractérisé par des voix plus basses et moins nasillardes, une prononciation plus claire, moins de liaisons aux accents de blues et moins de sons aigus et plaintifs que dans le style en vogue aux États-Unis. Les chanteurs canadiens ont continué de privilégier les ballades et le style narratif traditionnels plutôt que les chansons de bar et les complaintes amoureuses, que préféraient souvent les Américains.

La Crise de 1929, la Deuxième Guerre mondiale, les mouvements de populations, le succès des « cow-boys chantants » dans les films westerns, la quantité de stations radiophoniques américaines diffusant au Canada, le nombre croissant de chansons populaires adaptées au style country ainsi que les émissions radiophoniques et les tournées nationales ont augmenté la popularité de la musique country pendant les années 30, 40 et jusque dans les années 50.

Émigration aux États-Unis

La population dispersée et le caractère régional du country ont fait obstacle aux artistes canadiens. Jusqu'au milieu des années 50, les chanteurs country misaient sur les émissions radiophoniques en direct, les vastes tournées régionales dans les boîtes, les soirées dansantes dans les campagnes et les apparitions à la télévision locale pour gagner leur vie. À cause du manque d'endroits où se produire et de l'absence de bons studios d'enregistrement, de nombreux artistes comme Ray Griff, Stu Phillips, Lucille Starr et Ronnie Prophet ont choisi, à l'instar de Hank Snow, de déménager aux États-Unis.

Au cours des années 60, l'orchestration et l'interprétation des enregistrements country se sont rapprochés de la musique populaire. Des artistes comme Anne MURRAY, R. Harlan Smith et Shirley Eikhardt ont joué à la radio commerciale, tandis que la musique d'influence rock des Good Brothers, de PRAIRIE OYSTER et de Colleen Peterson a élargi son auditoire. L'engouement urbain pour le folk dans les années 60 a lancé des artistes comme IAN AND SYLVIA Tyson, Gordon LIGHTFOOT, Murray MCLAUCHLAN et Bob Ruzicka, qui exercent un attrait puissant à la fois sur l'auditoire urbain et sur les amateurs de musique country. L'effervescence de la musique folk a aussi fait connaître le bluegrass (le jazz de la musique country) et la musique traditionnelle des violoneux canadiens à un public beaucoup plus nombreux. Dans les années 90, la musique country canadienne continue de puiser abondamment dans divers styles musicaux. En effet, de nouveaux venus comme Rita MacNeil, Quartette, Colleen Peterson, Ashley MacIsaac, la famille Rankin et les Barra MacNeils, qui s'inspirent tous de la musique folklorique, ont connu un franc succès auprès des amateurs de country en particulier et des amateurs de musique en général.

En 1986, le CRTC publie une étude exhaustive, L'industrie de la musique country au Canada, en réponse à l'Association canadienne des radiodiffuseurs qui demande un assouplissement de la réglementation sur le contenu canadien. En se fondant sur les résultats de sa recherche, le CRTC décide de maintenir la réglementation.

Croissance de la musique country et western

La réglementation sur le contenu canadien pour les radios commerciales, adoptée en 1970, permet à des artistes comme Dick Damron, Stompin' TomCONNORS, Carroll BAKER, Gary BUCK et la famille Brown de jouir d'un plus grand temps d'antenne. De nouvelles stations radiophoniques obtiennent leur licence, et un nombre accru d'entre elles orientent leur programmation vers des marchés spécialisés. En 1960, seule la station albertaine CFCW diffuse exclusivement de la musique country. En 1987, le country fait partie de la programmation de 85 stations. En 1998, on compte 110 stations qui diffusent uniquement du country et 36 qui en incluent dans leur programmation. Au cours des années 80, l'ancien style country connaît un regain d'intérêt, incarné par des artistes comme Ian Tyson, k.d. lang, Blue Rodeo et Spirit of the West, tandis que le style musical grand public, que représentent Eddie Eastman, Terry Sumsion, Terry Carisee et d'autres, demeure populaire.

Jusqu'aux années 90, les artistes country apparaissent à la télévision principalement dans des émissions de réseau, comme le Tommy Hunter Show, et des émissions de chaînes affiliées, comme Sun Country et le Family Brown Show. La création de chaînes consacrées à la musique country, comme le Nashville Network et la chaîne canadienne Country Music Television (créée en 1994 sous le nom de New Country Network, procure aux artistes country de meilleures possibilités de se faire connaître. Un nouveau style de country, souvent appelé le new country, voit le jour pour mieux exploiter ces possibilités. Ce genre musical emprunte au rock ses techniques de promotion et de production de même qu'un certain style agressif, défiant les idées préconçues sur le country et permettant aux artistes d'atteindre un auditoire plus large et plus urbain.

Grosse réussite

Parmi les artistes canadiens qui percent dans les années 90, mentionnons Michelle Wright, k.d. lang, George Fox, Charlie Major, Blue Shadows, Prescott/Brown, Paul Brandt, Cassandra Vassik, Patricia Conroy, Lori Yates, Terry CLARK, the Wilkinsons et Shania TWAIN, qui remporte de nombreux prix. Même si certains croient encore qu'il faut s'exiler à Nashville pour connaître du succès, la télévision offre maintenant aux artistes canadiens l'accès à un public beaucoup plus vaste. Par exemple, le réseau de langue anglaise de Radio-Canada produit, en 1992, une émission spéciale de trois heures intitulée Country Gold portant sur l'histoire de la musique country au Canada. L'émission rassemble des artistes de l'ancien et du nouveau country et présente des entrevues et des chansons de nombreux interprètes, de Hank Snow à k.d. lang.

L'Association de la musique country canadienne/Canadian Country Music Association (CCMA), fondée en 1975 sous le nom de Société pour la promotion de la musique country/Canadian Academy for Country Music Advancement, organise chaque année une semaine de musique country dans différentes villes du pays. Cette célébration ainsi que les Big Country Awards permettent aux artistes et aux gens de l'industrie de se rapprocher et deviennent des événements importants pour la promotion et le rayonnement de la musique country.

Depuis plusieurs années, la cérémonie des Country Music Awards est le spectacle de musique canadienne qui attire les plus grandes cotes d'écoute de la télévision. La CCMA est aussi l'instigatrice du Canadian Country Music Hall of Honour, situé en permanence à Edmonton. Le succès phénoménal sur le plan des ventes remporté en 1990 par des artistes américains comme Garth Brooks et Shania Twain du Canada à la suite d'un changement de style musical contribue à obscurcir certains des problèmes et changements dans le milieu de la musique country. On assiste au rachat et à la fusion d'entreprises, à une modification de la technologie, y compris l'arrivée d'Internet et de diverses façons de diffuser de la musique préenregistrée, à une baisse de la cote d'écoute des stations de radio diffusant de la musique country et, dans l'ensemble, à une réduction des ventes de disques. En 1999, l'Association de la musique country canadienne publie Independent Canadian Country Music: A Survey, qui traite de certains défis auxquels seront confrontés la musique et les musiciens de musique country au XXIe siècle.