Musique du monde
Musique du monde. Les définitions du terme « musique du monde » sont variées et changeantes. En effet, elle peuvent aller de l'étroite perspective selon laquelle il s'agit du mélange de traditions et d'instruments musicaux avec un style de musique populaire ou de musique folklorique différent à la définition plus ouverte qui la décrit comme de la musique d'une culture traditionnelle ou de la musique qui comprend des aspects ou encore qui provient d'une telle culture. Cet article emploie la définition élargie de la musique du monde, qui inclut ce que d'autres considèrent comme une catégorie distincte, la « roots music ».
La musique du monde au Canada vient de ses premiers habitants, les Autochtones des Premières Nations, dont la musique - en particulier les jeux vocaux inuit - retient l'attention partout dans le monde. Les mariages des membres des Premières Nations avec les premiers pionniers français donnent naissance à la tradition des violoneuxMétis et, par la suite, chaque vague d'immigration amène la musique d'autres cultures, qui se fond graduellement en une voix canadienne. De nombreux groupes, comme Genticorum, La Bottine Souriante, La Volée d'Castors, Les Chauffeurs à Pieds et Le Vent du Nord, maintiennent en vie les traditions françaises et acadiennes. Pendant ce temps, les traditions celtiques, gaëliques et d'autres îles britanniques s'expriment dans la tradition des violoneux du cap Breton et à des artistes tels que Rankin Family, Natalie MacMaster et Leahy.
En dehors des communautés traditionnelles, un des premiers Canadiens à explorer la musique du monde est Colin McPhee, avec ses œuvres des années 1930 inspirées des gamelans balinais et de la culture iroquoise. Parmi les autre pionniers, figurent le flûtiste-compositeur Robert Aitken, le compositeur Gilles Tremblay et l'ancien premier musicien de la cour de Mohammed V du Maroc, le chantre Sami el Maghribi, qui immigre à Montréal au début des années 1960. Malka and Joso, Companeros et les UJPO (United Jewish People's Order) Folksingers sont quelques-uns des premiers artistes qui interprètent de la musique folklorique des cultures du monde dans tout le pays.
La musique du monde dans les universités
Dans les années 1960, les universités canadiennes commencent à devenir un lieu de développement pour la musique du monde, même si c'est souvent conjointement avec la composition ou les cours de musique du 20e siècle. Nommons en particulier les cours sur la musique du Japon d'Elliot Weisgarber à l'Université de la Colombie-Britannique, le cours de recherche sur la musique du monde de José Evangelista à l'Université de Montréal et les cours sur la musique du Moyen-Orient et des Balkans de, respectivement, George Sawa et Timothy Rice à l'Université de Toronto. Par-dessus tout, l'Université York s'enorgueillit d'une longue liste d'instructeurs, de compositeurs, d'instrumentalistes et de conférenciers invités qui sont tous directement ou indirectement liés à la musique du monde, dont le joueur de sitar Shambu Das, le percussionniste du sud de l'Inde Trichy Sankaran, le pionnier de la musique électronique John Cage et le compositeur Karlheinz Stockhausen. Aujourd'hui, la plupart des universités canadiennes offrent des cours sur certains aspects de la musique du monde.
Les festivals
Depuis les années 1960, les festivals canadiens présentent de plus en plus d'artistes nationaux et internationaux de musique du monde, faisant découvrir le genre à un public toujours plus grand. Montréal est peut-être la ville canadienne la plus active pour la musique du monde, depuis l'Expo 67 jusqu'à la série Traditions musicales du monde, qui ouvre la porte à Traquen'Art et Musique Multi Montréal, de Patrick Darby. La ville organise aussi de nombreux festivals, dont les FrancoFolies, le Festival du Monde Arabe, le Festival Nuits d'Afrique et le Festival International de jazz de Montréal. La ville de Québec est aussi active avec sa Super Franco Fête durant les années 1970 et les nombreux artistes de musique du monde qui, aujourd'hui, sont présentés dans le cadre du Festival d'été. De 1988 à 1992, le centre Harbourfront de Toronto présente WOMAD (World of Music, Arts and Dance) et, pendant presque deux décennies, le directeur-producteur Derek Andrews fait de Harbourfront l'un des principaux centres pour la musique du monde au Canada. Toronto continue de présenter tous les ans le carnaval d'été Caribana, le festival Afrofest, le festival Jyafest et le festival Small World Music d'Alan Davis. Mitch Podolak inclut de la musique du monde à sa programmation lorsqu'il fonde le Winnipeg Folk Festival en 1974 et le Vancouver Folk Music Festival en 1978 avec Gary Cristall. Ces festivals deviennent des modèles pour la multitude de festivals folkloriques qui se déroulent aujourd'hui dans tout le pays. En 1977, le festival Powell Street devient un évènement annuel pour la musique du Japon et du monde à Vancouver. En 1982, le percussionniste Sal Ferreras cofonde le premier groupe de percussions africaines de Vancouver, African Heritage, et, en 1986, il commence la série Drumheat, qui présente de nombreux artistes de musique du monde. Ferreras aide John Wyre, de Nexus, à produire le World Drum Festival à l'Expo 86 de Vancouver, les Jeux olympiques d'hiver de Calgary en 1988 et la Réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth en 1987 à Vancouver. Ceux-ci sont rapidement suivis du festival Music From the Pacific Horizon, du festival permanent Further East Further West, du Asian Heritage Month et de la série Caravan World Music.
La variété stylistique
Au fil des années 1980, beaucoup de styles de musique du monde se croisent au pays, des chœurs et du tango des Balkans au gamelan indonésien et au taiko japonais. Formé en 1981, Katari Taiko, de Vancouver, devient le modèle de création pour les groupes communautaires de taiko dans presque toutes les villes importantes du Canada et donne naissance à des groupes professionnels tels qu'Uzume Taiko. En 1983, Jon Siddall fonde le premier gamelan canadien, Evergreen Club, qui rassemble certains des artistes les plus influents de Toronto, comme Andrew Timar, Mark Duggan, Blair Mackay, Kathy Armstrong et Bill Parsons. En 1988, José Evangelista crée un atelier de balinais à l'Université de Montréal, où se forme le groupe professionnel Giri Kedaton, sous la direction de Sylvain Mathieu. En 1988, Gamelan Madu Sari, se forme aussi à Vancouver, avec des artistes éminents comme Ken Newby, Michael O'Neil et Martin Gotfrit. Il existe maintenant de nombreux gamelans dans tout le pays. La grande communauté chinoise du Canada produit beaucoup d'artistes qui interprètent de la musique traditionnelle, de la musique du monde et de la nouvelle musique, dont George Gao, Liu Fang, Mei Han, L'Ensemble Orchidée, Silk Road Music et le Vancouver Chinese Ensemble. La communauté latino-américaine engendre quantité d'artistes, incluant Diego Marulanda, Caché, Luis Mario Ochoa, Rodrigo Chávez, Oscar Lopez et Juan Carranza. On retrouve aussi beaucoup d'artistes dans les plus petits centres et les plus petites communautés culturelles comme Amir Koushkani et Amir Haghighi de la communauté persane de North Vancouver, la chanteuse malienne de Moncton Oumou Soumaré et les Puentes Brothers cubains de Victoria.
Les diffusions, les Juno Awards et les programmes d'éducation
Tout d'abord, la musique du monde est diffusée régulièrement à « The Entertainers », à la radio de la SRC, et dans la chronique « Midday », de Randy Raine-Reusch, qui est diffusée à la télévision de la SRC deux fois par semaine. La radio de la SRC continue à présenter les émissions anglophones « Global Village » et « Roots and Wings »et les émissions francophones « Espace Musique », qui soutiennent activement les artistes de musique du monde canadiens et internationaux dans tout le pays. De nombreuses stations radio de collèges et de communautés contribuent aussi à lancer les carrières nationales et internationales d'artistes de musique du monde dans le passé et le présent, comme Alpha Yaya Diallo, Anne Lederman, ASZA, Autorickshaw, Cargo Cult, Celso Machado, le Bulgar Klezmer Band, Galitcha, Intakto, Jane Bunnett, Spirits of Havana, Joaquín Díaz, Khac Chi Ensemble, Kiran Ahluwalia, Les Frères Diouf, Lhasa, Madagascar Slim, Maza Meze, Mighty Popo, Nexus, Quartango, l'ensemble Toronto Tabla et plusieurs autres.
La musique du monde continue de grandir au Canada. Depuis 1996, les Juno Awards ont une catégorie pour le meilleur album à l'échelle mondiale, dans laquelle le premier gagnant est Takadja. Plusieurs programmes éducatifs, comme le World Music Resource and Gamelan Resource du conseil scolaire de la région de Toronto et le programme de musique du monde de la commission scolaire de Vancouver, garantissent une autre génération d'artistes et d'auditeurs.