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Musique populaire

En 1996, trois des interprètes les plus célèbres de musique populaire, de rock et de musique country sont des femmes. Qui plus est, Céline DION, Alanis MORISSETTE et Shania TWAIN sont des Canadiennes.
Siberry, Jane
Jane Siberry (photo de George Whiteside/avec la permission de Duke Street Records).
Adams, Bryan
Bryan Adams est le musicien de rock le plus célèbre de son époque (photo de Ken Regan/Camera 5).
David Foster
La carrière polyvalente de Foster lui a permis de devenir l'une des figures internationales les plus influentes de la musique populaire (avec la permission de Shankman-De Blasio, Inc/David Foster).
Bruce Cockburn
La musique poétique de Cockburn combine le folk, le jazz, le rock et le reggae (avec la permission de True North Records).
Cowboy Junkies
Michael Timmins (à gauche), Margo Timmins, Alan Anton et Peter Timmins (à droite) (avec la permission de Geffen Records Inc.)
\u00ab Blue Rodeo \u00bb
Bazil Donovan, Bob Wiseman, Greg Keelor, Mark French, Jim Cuddy (avec la permission de Artist Consulting Team Inc).
lang, k.d.
Grâce à sa voix puissante et expressive, k.d. lang est devenue une vedette internationale (photo de Rosamond Norbury).

Musique populaire

En 1996, trois des interprètes les plus célèbres de musique populaire, de rock et de musique country sont des femmes. Qui plus est, Céline DION, Alanis MORISSETTE et Shania TWAIN sont des Canadiennes. Non seulement sont-elles des vedettes dans leur propre pays, mais elles jouissent d'une célébrité internationale, elles récoltent de nombreux prix et leurs disques se vendent par millions. Leurs réalisations exceptionnelles constituent des victoires symboliques auxquelles l'industrie musicale canadienne aspire depuis l'adoption, il y a 25 ans, de la loi controversée exigeant que les émissions de radio et de télévision aient un niveau minimum de contenu canadien afin de stimuler l'épanouissement de la musique populaire au pays.

Si Dion, Morissette et Twain représentent bien le genre de succès international dont les médias canadiens se sont toujours servis pour évaluer la réussite des artistes d'ici, il n'en reste pas moins que, au milieu des années 90, d'autres interprètes jouissent d'une popularité sans précédent dans leur propre pays sans nécessairement avoir le même succès à l'étranger. De plus, grâce à des enregistrements produits et commercialisés par des maisons indépendantes, d'autres réalisations s'imposent à l'échelle régionale et contribuent à changer les pratiques d'enregistrement de musique populaire tout en renforçant les différences culturelles régionales aussi bien que l'identité de la musique canadienne.

Ces trois jalons dans l'évolution confirment l'existence d'un vedettariat canadien et l'avènement d'une industrie financièrement autonome qui semble avoir enfin surmonté des décennies de difficultés de croissance dans le sillage d'abord du rock-and-roll et, en 1971, de la mise en vigueur des règlements sur le contenu canadien.

Débuts

En fait, dès la moitié des années 1870, les Canadiens contribuent de façon importante au développement de l'enregistrement de musique populaire. En 1877, Thomas Alva Edison, fils d'un expatrié canadien, réussit à reproduire à l'aide d'une feuille d'étain enroulée autour d'un cylindre métallique les paroles de la chanson « Mary had a little lamb ». Puis, Alexander Graham BELL, l'inventeur du téléphone, finance la recherche - effectuée par son cousin Chichester Bell - qui aboutit au développement du graphophone à cylindre de cire (1880) et fonde l'American Graphophone Company (1887). En mai 1878, des représentants d'Edison enregistrent la voix du gouverneur général Lord DUFFERIN à Rideau Hall au moyen d'une machine à feuille d'étain. Cet enregistrement a été perdu. En septembre 1888, un enregistrement de lord STANLEY est effectué et, même si on a perdu l'enregistrement original, il en existe encore une copie faite en 1935.

En 1877, à Washington, Emile Berliner, immigrant allemand qui étudie l'électricité et l'acoustique, conçoit un transmetteur à embouchure pour le téléphone qui est le précurseur du microphone. En 1887, il fait breveter le gramophone et, en 1893, fonde la United States Gramophone Company, qui deviendra la Berliner Gramophone of Philadelphia en 1896. En 1898, avec son frère Joseph, il crée la Deutsche Grammophon à Hanovre. En 1900, avec son fils Herbert, il établit une filiale de la Berliner Gramophone Co à Montréal afin de fabriquer les disques pour gramophone et d'assurer leur distribution ainsi que celle des disques de Victor Records dans tout le Canada.

En 1900, les Berliner achètent les droits du logo « La voix de son maître », représentant le chien Nipper qui sera la marque de commerce universellement reconnue de RCA Records et fondent la Compo Company à Lachine, au Québec, qui devient ainsi la première usine de pressage indépendante au Canada. Herbert Berliner lance également le premier système de distribution de disques indépendant. En 1925, il lance le premier disque enregistré électroniquement au Canada, puis le premier album enregistré électroniquement « en direct », un office religieux.

Dès le 24 décembre 1901, le Canadien Reginald FESSENDEN transmet un signal radio de Brant Rock, au Massachusetts, à des navires en mer. Sa diffusion du Largo de Haendel annonce les débuts de la radio AM. Fessenden est aussi l'inventeur du téléphone sans fil, du radiocompas, de la balle traçante et, en 1919, d'un ancêtre du premier téléviseur. Oeuvrant à l'extérieur de Montréal, l'inventeur Guglielmo Marconi prétend avoir fondé la première station radio, XWA, en 1919 (ou la deuxième, car KDKA, à Pittsburgh, a la même prétention).

Vedettes

Parmi les vedettes canadiennes de musique populaire avant l'arrivée du rock-and-roll au milieu des années 50, on compte au bas mot quelque 12 artistes, notamment Bea LILLIE, actrice comique des années de la Première Guerre mondiale, fait partie de la distribution de l'enregistrement de Watch Your Step et de Cheap de Berlin; le chansonnier Shelton Brooks, auteur notamment de « Darktown Strutter's Ball » et de « Some Of These Days », interprétée par Sophie Tucker; Guy LOMBARDO, chef de l'ensemble Royal Canadians qui enregistre la version la plus connue de « Auld Lang Syne »; Wilf CARTER, surnommé Montana Slim, dont le répertoire de musique country et western comprend la toute charmante « Love Knot In My Lariat »; Maynard FERGUSON, virtuose du jazz de réputation internationale dès le début de sa carrière dans les années 50 ; le pianiste Oscar PETERSON, le musicien de jazz le plus respecté et honoré que le Canada ait produit; le compositeur, producteur et multi-instrumentiste Moe KOFFMAN, membre d'un trio de vétérans du jazz les plus respectés du pays; Hank SNOW, un incontournable du Grand Ol' Opry de Nashville et probablement le seul auteur canadien de musique country à voir l'une de ses chansons, « I'm Movin' On », devenir aussi un succès de rock-and-roll; Giselle MacKenzie, chanteuse de musique populaire, musicienne et membre inoubliable de la distribution de l'émission de télé américaine des années 50 Your Hit Parade; le compositeur de ballade, Robert GOULET, étoile de Camelot, coqueluche, comédien à sa manière et membre pendant un court temps de la distribution du Howdy Doody Show; Percy FAITH, musicien de la SOCIÉTÉ RADIO-CANADA (SRC) qui, dans les années 30, devient compositeur et chef d'orchestre de Columbia Records et dont le plus grand succès est « Theme From A Summer Place » (1960). Enfin, The Four Lads, quatuor de chanteurs de Toronto qui se distingue d'abord comme accompagnateur du succès de Johnny Ray, « Cry », en 1952. La couleur vocale des plus grands succès des Lads tels que « Moments To Remember » (1955), « No, Not Much » et « Standing On The Corner » place le quatuor quelque part entre un quatuor barbershop et un groupe do-wop noir. Ils sont les prédécesseurs de deux autres groupes canadiens, The Diamonds et The Crew Cuts.

Liens culturels

Avant la naissance du rock-and-roll, ce sont la radio et la télévision qui relient, sur le plan culturel, les centres de population éloignés du pays. Le ton et l'idiome musical et lyrique de la musique canadienne sont autant marqués par l'immensité et le climat du Canada que par son insularité ou son isolement régional. Cela produit une musique au caractère nettement différent selon qu'elle est issue des Maritimes, du Canada francophone, du centre du Canada, des Prairies ou de la côte ouest.

Outre MacKenzie, Goulet et Peterson, d'autres vedettes doivent leur popularité au réseau de radiodiffusion national dont, notamment, Wally Koster, JULIETTE, Tommy AMBROSE, Alan Blythe et Tommy HUNTER. Tandis que le succès international de Lucille Starr, « The French Song », ou l'émission de télé hebdomadaire, Don Messer's Jubilee, réalisée dans les Maritimes (voirDON MESSER AND THE ISLANDERS) puisent leurs racines dans les différentes cultures du Canada, la plupart de ces vedettes représentent des copies d'artistes américains et en forgent un modèle acceptable au Canada, modèle qui perdure au moins jusque dans les années 80.

De même, en 1955, à l'arrivée au Canada des ondes de choc pelviennes d'Elvis Presley déclenchées aux États-Unis un an plus tôt, les premières réponses musicales à avoir une certaine influence nationale ou internationale sont de pâles copies du rhythm and blues des Noirs ou des groupes do-wop, sous le nom des Four Lads, des Crew Cuts et des Diamonds déjà mentionnés.

Première grande vedette canadienne de musique populaire

Voilà le titre qu'on peut accorder à Paul ANKA, d'Ottawa, auteur de l'éternellement populaire « Diana », inspirée par son béguin pour une gardienne d'enfant qu'il écrit en 1957, quand il n'a que 16 ans. Dépourvu de la beauté conventionnelle des idoles d'adolescents, il est cependant doué d'une souplesse et d'une habileté qui lui permettent d'écrire et d'interpréter ses propres chansons et des succès tels que « My Way » en 1968 et le mémorable indicatif musical de l'émission de télévision The Tonight Show.

Dès la fin des années 50, presque toutes les villes du Canada ont leur propre émule d'Elvis Presley : Dickie Damron de Bentley, en Alberta; Gary Cooper de Portage La Prairie, au Manitoba; Red Shea de Prince Albert, en Saskatchewan; Cliff and Jerry de Minto, au Nouveau-Brunswick; The Versatiles de Kinnard, en Colombie-Britannique; Al Oster du Territoire du Yukon; The Ducats de Port Aux Basques, à Terre-Neuve; et Les Trois Clefs de Montréal, au Québec.

La véritable arrivée du rock-and-roll

Le rock-and-roll n'arrivera vraiment que lorsqu'un rockabilly de l'Arkansas nommé Ronnie HAWKINS envahira Toronto avec son groupe, The Hawks. De 1958 jusqu'à ce jour, Rompin' Ronnie Hawkins enregistre non seulement abondamment, mais il est le doyen officieux de l'école canadienne de hard rock, qui produit une kyrielle de musiciens accomplis et brillants. Se distinguent tout particulièrement ceux qui forment le groupe The Hawks, dans sa version du début des années 60, qui deviendra plus tard l'un des groupes de rock-and-roll les plus admirés et influents de l'histoire, THE BAND.

The Band est formé essentiellement de Richard Manuel, Robbie ROBERTSON, Garth Hudson, Rick Danko et Levon Helm, seul Américain du groupe. En 1966, ils quittent Hawkins et partent en tournée avec Bob Dylan, à l'époque où ce dernier délaisse le folk acoustique pour le rock électrique. Sous son aile, les musiciens de The Band découvrent leurs propres dons de chansonniers. En 1968 et 1969, ils lancent Music From Big Pink et The Band, albums remarquables en ce qu'ils amalgament les racines du rock, du folk, du gospel, du soul et du country en un portrait panoramique, perspicace et raffiné du folklore et du caractère nord-américains. The Band remporte un énorme succès et est partout acclamé, mais le groupe est devenu usé et fatigué au moment où, en 1976, il se dissout en grande pompe avec le concert d'adieu The Last Waltz, qui forme aussi la séquence cruciale du film du même nom, un des meilleurs documentaires sur le rock-and-roll.

Avec Helm, Hudson et Danko, The Band continue néanmoins à jouer jusque dans les années 90 (Manuel meurt en 1986). Après 10 années de travail dans les coulisses du cinéma, principalement comme compositeur, Robertson se lance dans une carrière de soliste et réalise quatre ambitieux albums qui reflètent son héritage autochtone et ses racines musicales américaines.

En fait, on souligne souvent que les chansons de Robertson, un Canadien, constituent les commentaires les plus judicieux sur la vie américaine. Ses attaches régionales et sa sensibilité aux influences du climat et de la géographie sont des traits de son écriture qu'il partage avec des chansonniers et des chanteurs folk canadiens tels que IAN AND SYLVIA, Gordon LIGHTFOOT et Joni MITCHELL.

Au cours des années 60, des chanteurs-chansonniers comme Ian and Sylvia, Mitchell et Lightfoot sont non seulement des artistes de réputation internationale, mais ils ouvrent aussi la voie à un continuel défilé : Bruce COCKBURN, Murray MACLAUCHLAN, Willie P. Bennett et Stan ROGERS, dont les créations font partie de la musique canadienne la plus caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle.

Même si la chanson d'Ian Tyson, « Four Strong Winds », est devenue un air folklorique universel et même si Lightfoot a su passer avec éloquence du symbolisme romantique et simple de « For Lovin' Me » au style de récit épique de « The Canadian Railroad Trilogy » (deux chansons qui, à leur façon, transmettent l'expérience canadienne), il est ironique et révélateur que les deux chansonniers aient dû réussir à l'étranger avant d'être appréciés dans leur patrie.

Lightfoot est resté au Canada afin d'y vivre, contrairement à d'autres qui ont fui aux États-Unis, où ils ont senti que leur musique serait appréciée, où ils pourraient faire des disques et poursuivre leur évolution. Parmi ceux-ci, mentionnons John Kay du groupe de hard rock STEPPENWOLF; Zal Yanovsky du groupe rock de la belle époque Lovin' Spoonful; Denny Doherty, un chanteur folk qui devient un des Papas du quatuor folk-rock au succès retentissant The Mamas and the Papas; le chansonnier pop Andy Kim; le poète, romancier et chansonnier Leonard COHEN; le chanteur soul aux yeux bleus David CLAYTON-THOMAS et le franc-tireur du rock-and-roll, Neil YOUNG.

De tous ceux-là, Young et Mitchell ont mené les carrières les plus longues et influentes. Tous deux se sont infiltrés dans les milieux du folk et du rock de Los Angeles au milieu des années 60, où Young, de Winnipeg, se fait d'abord connaître avec le groupe de rock avant-gardiste Buffalo Springfield. Il se joint plus tard au supergroupe des années 60 et 70, Crosby Stills and Nash, avant de se lancer dans sa carrière de soliste, inégale mais toujours fascinante. Ses nombreux albums, de Everybody Knows This Is Nowhere à After The Goldrush, Rust Never Sleeps et les plus récents Freedom, Harvest Moon et Sleeps With Angels révèlent un artiste téméraire et résolument indépendant. À l'aise dans la musique folk et la musique country, il n'hésite pas cependant à s'aventurer dans des idiomes modernes moins connus ou à créer un rock-and-roll féroce et intransigeant. Cet esprit et l'actualité (ou l'intemporalité) de ses meilleures oeuvres en font un chef de file parmi ses contemporains et une idole pour les chansonniers et les groupes de rock-and-roll de la jeune génération.

Joni Mitchell, entre-temps, poursuit sa carrière comme soliste et fait aussi partie du cercle de Crosby Stills and Nash. Après s'être courageusement confessée dans les textes de ses premiers albums, elle s'aventure dans la création de longues chansons plus poétiques et dans différents idiomes progressifs comme le jazz et devient une artiste au style très distinct et original. Dans les années 90, ses albums comme Blue, Court et Spark sont fort prisés et plusieurs artistes féminines telles que les Canadiennes Sarah MACLACHLAN et Alannah MYLES disent s'en inspirer.

Succès à l'étranger

La musique canadienne n'aurait jamais connu le succès et les éloges que lui ont valus des artistes comme Young, Mitchell, Cohen ou Lightfoot si ceux-ci n'avaient consenti à enregistrer, à faire des tournées ou à vivre à l'étranger. Dans les années 60, les compagnies de disques et les studios d'enregistrement canadiens accusent un certain retard par rapport à leurs homologues américains ou britanniques, par manque de technologie ou d'expertise nécessaires. Les étiquettes indépendantes canadiennes ne desservent alors que de petits marchés régionaux et s'avèrent peu rentables pour les quelques distributeurs nationaux comme London ou Quality, qui tiennent leurs disques en stock. Durant ces années, les grandes étiquettes (dont RCA, CBS, Warner Brothers et Capital) sont des sociétés étrangères qui ne sont généralement pas intéressées à investir dans les artistes canadiens.

De plus, l'industrie de la musique dispose de très peu d'experts travaillant dans les coulisses tels que gérants ou publicistes et, dans leur souci de s'attirer de plus grands auditoires, les médias canadiens préfèrent diffuser les succès reconnus d'interprètes britanniques ou américains dont la réputation est établie plutôt que les artistes canadiens, alléguant souvent que leurs oeuvres sont inférieures.

Cette attitude bien enracinée perdure pendant les années 80 et au début des années 90. Elle a pourtant été étalée au grand jour dès 1965, lorsqu'un enregistrement de la chanson « Shakin' All Over », du groupe de Winnipeg Chad Allen and The Expressions est distribué aux stations radiophoniques sous le nom The Guess Who? Ne connaissant pas l'identité du groupe, plusieurs stations ont attribué la chanson à l'un des derniers groupes britanniques qui ont envahi le monde entier dans les années 60 (The Beatles, Rolling Stones, etc.) et l'ont diffusée. « Shakin' All Over » est devenue un succès mondial, mais le groupe a dû lutter pour obtenir autant d'écoute, une fois son identité révélée.

S'étant maintenant réconciliés à l'idée d'être THE GUESS WHO, Chad Allen and The Expressions deviennent l'archétype du rock-and-roll canadien, parcourent constamment le pays en tournées et comptent plus d'une dizaine de succès modestes sous l'étiquette Quality avant de rencontrer le talentueux producteur canadien Jack Richardson. Sous contrat avec sa compagnie de production Nimbus 9, les Guess Who remportent, en 1968, un immense succès international avec « These Eyes », qui devient la rampe de lancement d'une carrière prestigieuse ayant donné lieu à plusieurs autres succès, dont « American Woman », « Share The Land », « Clap For The Wolfman » et, plus tard, à des carrières de solistes, dans le cas de Randy Bachman et de Burton CUMMINGS.

Le manque évident d'appui aux talents canadiens sur presque tous les plans de la part de l'industrie de la musique populaire incite le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à adopter des règlements exigeant que les stations radiophoniques AM diffusent au moins 30 p. 100 d'enregistrements d'origine manifestement canadienne, c'est-à-dire dont la musique ou les paroles ont été écrites par des Canadiens, dont l'interprète est canadien ou dont le disque a été produit au Canada. Mis en vigueur en 1971, le règlement atteint immédiatement le résultat désiré, soit une augmentation dans la production de disques et la diffusion d'un plus grand nombre d'oeuvres d'artistes canadiens.(voir INDUSTRIE DU DISQUE)

Anne MURRAY est la première vedette de l'ère du CRTC, bien que son enregistrement de 1970, « Snowbird », vendu en plusieurs millions d'exemplaires, avait déjà établi sa renommée en tant que chanteuse à la voix chaleureuse et claire de musique populaire, country et folk. Sa carrière ainsi lancée, elle devient l'une des chanteuses les plus reconnaissables et respectées et remporte plusieurs prix JUNO grâce à plus de 30 albums.

Contenu canadien

Cependant, grâce à l'empressement des médias canadiens à diffuser autant d'oeuvres à contenu canadien que possible, Murray (de même que The Guess Who, Gordon Lightfoot et THE IRISH ROVERS, mi-pop, mi-folk) non seulement bénéficient d'un temps d'antenne accru, mais souffrent presque de surexposition. C'est donc durant les années 70 que la musique populaire, sous l'effet d'un stimulant de croissance artificiel, mais nécessaire, connaîtra un regain quasi anormal et souffrira, en conséquence, de très grandes douleurs de croissance.

L'industrie de la musique connaît alors une décennie de prospérité à l'échelle mondiale, au cours de laquelle un véritable système de vedettariat commence maladroitement à prendre forme au Canada, où l'industrie de la musique enregistre des records de ventes sans précédent du côté des enregistrements produits au pays. En adoptant eux aussi la formule enregistrement-tournée-enregistrement-tournée du groupe The Guess Who, plusieurs nouveaux artistes émergent, surtout dans le rock-and-roll, et récoltent plus ou moins de succès au pays et à l'étranger : The Stampeders, Fludd, Five Man Electrical Band, CHILLIWACK, Crowbar, LIGHTHOUSE, PRISM, APRIL WINE, Trooper, TRIUMPH.

Obstacles

Il devient évident, cependant, que la faible population du Canada et la résistance continuelle de la radio et des autres médias demeurent des obstacles à la survie des compagnies indépendantes. De plus, l'investissement forcé des grandes compagnies de disques dans les artistes canadiens ne constitue nullement une garantie de meilleurs enregistrements ou d'un accès facile au marché international.

Fait révélateur, deux des groupes les plus populaires à voir le jour dans les années 70, Bachman Turner Overdrive (BTO) et RUSH, ont des gérants parmi les meilleurs et les plus puissants, Bruce Allen et Ray Danniels.

Au début, Allen, qui agit depuis Vancouver, utilise ses puissantes tactiques pour faire du Bachman Turner Overdrive de Randy Bachman l'un des groupes de hard rock les plus populaires du monde et qui en vient à éclipser pendant un temps l'influence de The Guess Who. Quand BTO commence à se dissoudre à la fin des années 70, Allen et son collègue Lou Blair gèrent LOVERBOY, qui connaît aussi un immense succès. Au cours des années 80, Allan rencontrera sa plus grande étoile en la personne de Bryan ADAMS et deviendra, dans les années 90, gérant de la vedette américaine du country, Martina McBride, des producteurs de disques à la touche magique, Bob Rock et Bruce Fairbairn ainsi que de la chanteuse pop, Anne Murray.

De son côté, Danniels a géré d'autres groupes et a participé à la création de la compagnie d'enregistrements indépendante Anthem Records, mais c'est avec Rush qu'il connaît son premier succès, celui qui s'avérera son plus grand et son plus constant. De son côté, le groupe se révèle en retour un modèle d'évolution et d'intégrité artistique durant ses 25 ans de carrière. Durant cette période, Rush passe par le heavy metal, le rock progressif, le rock new wave, le reggae et par d'autres idiomes à la mode et vend plus de 20 millions d'albums dans le monde entier, ce qui le classe parmi les valeurs les plus sûres.

Au moment où les années 70 cèdent le pas aux années 80, un establishment de la musique canadienne commence à s'établir en ne prenant soin que de ses propres intérêts, sans nécessairement tenir compte du climat musical. Malgré la remise annuelle des PRIX JUNO, créée par la Canadian Academy of Recording Arts and Science (CARAS) en 1971, que la SRC diffuse rituellement en l'honneur des gens de l'industrie du spectacle musical, l'industrie canadienne de la musique se révèle conservatrice et réfractaire au changement. Ainsi, alors qu'on accorde facilement des prix à la populaire diva du disco Patsy Gallant (« Leaving L.A. ») ou à Dan HILL pour ses ballades sentimentales (« Sometimes When We Touch »), on résiste avec crainte et méfiance à l'impact sociologique du punk ou du rock new wave à la fin des années 70. Il s'ensuit donc que des groupes aussi différents (et qui ont souvent leur franc-parler sur le plan politique) que DOA et Pointed Sticks de Vancouver ou Diodes et ROUGH TRADE de Toronto en viennent à incarner le nouvel esprit révolutionnaire de la culture musicale pop.

Artistes francophones

Il devient également évident, dès les années 70, que le Canada français a non seulement développé une industrie financièrement autonome et culturellement en accord avec son auditoire, mais s'est distancié encore davantage de son homologue canadien-anglais.

Même si dans les années 70 et 80, on compte de nombreux artistes francophones se produisent au Canada anglais, tels que Gallant, le rock-and-roller Michel PAGLIARO, la vedette de télé pour adolescents René Simard, l'instrumentiste de musique grand public André GAGNON, le manitobain Daniel Lavoie, les soeurs du duo folk Kate et Anna MCGARRIGLE ou le groupe folk-jazz progressif Harmonium, il est surprenant que, en retour, peu d'interprètes anglais de musique populaire s'aventurent au Québec. Entre-temps, les interprètes anglophones du Québec demeurent souvent des phénomènes montréalais (malgré la présence dans cette ville de la maison de disques indépendante Aquarius, qui connaît le succès avec le groupe hard rock April Wine). La plupart des vedettes francophones de l'époque, l'immensément populaire BEAU DOMMAGE, Ginette RENO, Offenbach et Robert CHARLEBOIS, jouissent d'un grand succès québécois presque totalement à l'insu du Canada anglophone.

Tandis que la musique folklorique traditionnelle continue d'être populaire au Québec (voirMUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-FRANÇAISE), les années 50 marquent une transition vers la musique populaire et la création de chansons plus contemporaines avec le mouvement des CHANSONNIERS, dont le chef de file, Félix LECLERC, amalgame des déclarations piquantes sur les sentiments québécois et des réflexions lourdes de sens sur l'aliénation politique et culturelle dans un style plaintif et émotif. Quand l'industrie québécoise du disque crée l'équivalent des prix Juno, elle rend hommage à Leclerc en les appelant les prix Félix.

Les artistes qui suivent son exemple sont Raymond LÉVESQUE, Gilles VIGNEAULT (nommé le chansonnier le plus influent et saisissant des années 60), Claude LÉVEILLÉE (qui connaît un regain de popularité dans les années 90), Claude Gauthier, Luc PLAMONDON et Jean-Pierre FERLAND (dont Jaune devient le premier disque 33 tours à être lancé par un Canadien). Les artistes du Québec réagissent à l'influence des Beatles et de Bob Dylan dans les années 60 en créant leur propres versions de succès anglo-américains, mais ils développent aussi inévitablement leur propre style comme en font foi les chansons de Pierre Lalonde, Donald Lautrec, Michel Louvain, Johnny Farago, Renée CLAUDE, René et Nathalie Simard.

Des artistes comme Ginette Reno et Michel Pagliaro et, surtout, l' « enfant terrible » Robert Charlebois, hissent la musique populaire vers des sommets de ventes de disques, assurent au rock-and-roll plus de crédibilité et de mérite artistique et intellectuel. Leurs succès aident l'industrie non seulement à prendre pied (ce qui n'a pas été le cas du côté anglais de l'industrie), mais aussi à assumer la force et la spécificité de leur culture. Ils sont bientôt rejoints par une vague d'artistes dans tous les domaines de la musique folk et pop, du blues, du jazz et de la musique de danse disco, depuis Richard Séguin et le Ville Émard Blues Band en passant par Boule Noire.

Si les années 80 ont vu s'élaborer une conscience planétaire (symbolisée en musique populaire par l'invention du terme MUSIQUE DU MONDE pour désigner surtout les rythmes des pays du Tiers Monde et par Live Aid, concert marathon de 1985 organisé pour venir en aide à l'Éthiopie ravagée par la famine), elles ont aussi été témoins de la fragmentation de la musique populaire en de multiples formes et approches.

Nouvelle génération d'artistes

La musique populaire canadienne reflète aussi ces tendances et ces préoccupations. On assiste à l'avènement d'une nouvelle génération d'artistes (de plus en plus nombreux à mesure que l'industrie mûrit) qui enclenchent le mouvement ou bénéficient de cette évolution. Il reste que ceux d'entre eux qui réussissent le mieux sont Bryan Adams et le producteur-parolier David FOSTER.

Foster, originaire de Victoria, fait son nom à Los Angeles en tant que musicien de studio, mais il est aussi le chef du groupe de studio Skylark des années 70 et l'auteur du succès vivace, « Wildflower ». Il remporte des prix Juno et Grammy à titre de producteur, auteur et arrangeur pour sa collaboration avec Chicago, Barbra Streisand, Whitney Houston et d'autres. En 1995, il collabore avec Adams, Vallance et un autre auteur, Paul Hyde (des Payolas, alors populaires), à la création de la chanson « Tears Are Not Enough ». C'est leur contribution au Fonds de secours d'urgence à l'Afrique. Leur enregistrement par Northern Lights représente un immense effort de groupe qui rassemble la crème des artistes canadiens. On y retrouve Anne Murray, Gordon Lightfoot, Ronnie Hawkins, Neil Young, Burton Cummings, des membres de Rush, de Loverboy et plusieurs autres, et cette chanson rapporte près de trois millions de dollars. Au concert Live Aid, c'est Bryan Adams qui chante « Tears Are Not Enough ».

Au fil des années 80, de nouveaux artistes s'ajoutent : les Payolas, Headpins, Skinny Puppy, Doug And The Slugs, Barney BENTALL et Colin JAMES, de la côte ouest; k.d. LANG, Northern Pikes et The Pursuit Of Happiness, des Prairies; Red Rider, Jane SIBERRY, Kim MITCHELL, Honeymoon Suite, Glass Tiger, Platinum Blonde, The JEFF HEALEY BAND, The NYLONS (et plusieurs autres), de l'Ontario; Gino VANELLI, Luba et Corey HART, du Québec; Haywire et Minglewood, des Maritimes.

En même temps, l'industrie s'enrichit d'une plus forte infrastructure de gérants et de publicistes, de studios, de diverses occasions de financement public et privé (principalement FACTOR, la fondation pour aider les artistes canadiens à enregistrer), de publications professionnelles (comme RPM et The Record), d'éditeurs et de compagnies de disques indépendantes (notamment, le premier et le plus grand succès du règlement sur le contenu canadien, Attic, et la première compagnie de disques post-punk-new wave, Nettwerk). Tous ces apports renforcent et exploitent la nouvelle fierté que suscite la musique canadienne, de plus en plus raffinée et originale.

Les chaînes de musique Much Music (et plus tard, Much More Music) et Musique Plus sont les fers de lance de l'acceptation des changements rapides dans la technologie et le multimédia des années 80. En 1985, l'avènement de Much Music qui, à l'origine, concentrait son action sur les vidéoclips de pop-rock, non seulement relie les activités régionales au reste du pays, mais réunit ses nombreux artistes de tous les domaines et, par l'attention particulière qu'elle accorde aux nouveaux artistes, crée plusieurs nouvelles vedettes. Au nombre de celles-ci, mentionnons Grapes Of Wrath, 54-40 et Sons Of Freedom, sur la côte ouest, et Sloan, dans l'Est.

Musique populaire au tournant du siècle

Portée par une vague de fierté nationale, la musique populaire canadienne aborde les années 90 plus forte que jamais, mais aussi plus diversifiée, divisée et confrontée aux défis posés par les nouvelles avenues et le vocabulaire sans cesse croissant créés par la technologie. Font partie de ces défis la question des droits d'auteur en ce qui a trait aux relais de musique synthétique, la communication par sites World Wide Web (voirINTERNET) et l'éternelle question à savoir si le Canada a encore besoin de règlements sur le contenu canadien. L'influence du rap, du hip-hop, de l'acid jazz, du techno et de la dance music en perpétuelle évolution a surtout été ressentie dans les grandes agglomérations urbaines, particulièrement à Toronto et à Vancouver, où les populations des minorités noires et asiatiques croissent rapidement. Cependant, à part les albums à succès de Bass Is Base, de Maestro Fresh Wes et de Kish, peu d'artistes travaillant dans ces idiomes réussissent à remporter beaucoup de succès au pays ou à s'en servir comme tremplin vers la réussite internationale au moment où l'industrie entre dans un nouveau millénaire.

Grâce à des artistes aussi respectés que Kashtin, Susan AGLUKARK, Wapistan ou Jerry Alfred, la musique autochtone enrichit le caractère de la musique canadienne et, par la création de sa propre industrie, encore petite mais en pleine croissance, reçoit maintenant un prix dans sa propre catégorie, aux Junos. L'industrie de la musique francophone, miroir de la politique canadienne par son caractère toujours distinct, a pourtant produit deux des plus grandes étoiles du pays : Céline Dion, du Québec, et Roch VOISINE du Nouveau-Brunswick.

Auteur-interprète aux multiples talents, le beau Voisine connaît la célébrité au Canada français et en France avant de réussir au Canada anglais en 1994. Dion était une enfant vedette au Québec et aurait pu y demeurer extrêmement populaire si elle avait continué d'enregistrer en français. Au début des années 90, elle signe pourtant un contrat avec Sony Records au Canada et réalise le premier de ses nombreux succès en anglais, « Where Does My Heart Beat Now », risquant ainsi de s'aliéner son auditoire francophone (même si elle continue d'enregistrer aussi en français). En 1996, au moment où elle lance son album Falling Into You, Dion a déjà vendu des millions d'albums et remporté des prix Juno, Grammy et Oscar, grâce à sa personnalité chaleureuse et enjouée, à ses airs de bravoure et à son choix de ballades doucereuses, romantiques, commerciales et de musique pop de danse.

Les années 90 marquent aussi le passage à l'âge adulte de l'industrie de la musique des Maritimes. Comme au Québec, elle s'est développée dans l'isolement, sa plus grande vedette des 30 dernières années étant Anne Murray, de Springhill, en Nouvelle-Écosse. Au cours des 20 dernières années, le chansonnier folk Stan Rogers y exerce une influence imposante. Dans les 10 dernières années, la vedette la plus invraisemblable est la timide Rita MACNEIL, une chanteuse de folklore influencée par le blues, qui a fait vibrer une corde sensible chez un grand nombre de Canadiens, qui achètent ses albums par centaines de milliers et font de son émission hebdomadaire à la télé, Rita and Friends, la série de variétés la plus populaire dans l'histoire du réseau anglais de la SRC.

MacNeil ouvre la voie à d'autres artistes aux racines profondément ancrées dans la musique folklorique et traditionnelle du Canada : Lenny Gallant, les Barra MacNeils et, surtout, les RANKINS, dont les disques sont un astucieux amalgame de rock, de country et du folklore celtique de la région (voirMUSIQUE CELTIQUE). Avec des racines d'un autre genre, des groupes d'influence punk tels que SLOAN, Eric's Trip, Hardship Post et Jale font découvrir au Canada une richesse non exploitée de nouveaux musiciens de rock-and-roll.

Avec son surprenant mélange de musique traditionnelle des Maritimes et de rock moderne, téméraire et corrosif, Ashley MACISAAC, le démon violoneux en kilt, produit l'un des albums les plus frais et les plus éclectiques de 1995, Hi How Are You Today.

Forte d'un système de vedettariat maintenant bien établi ayant sa propre hiérarchie d'artistes et pouvant s'appuyer sur un riche héritage, l'industrie canadienne de musique populaire célèbre en 1996 les 25 ans de ses Prix Juno (et, incidemment, de la loi sur le contenu canadien) en lançant un coffret de quatre disques audionumériques, un documentaire pour la télévision et un livre, intitulés tous trois Oh What A Feeling, en hommage à l'album des années 70 de Crowbar, le groupe farouchement canadien de Hamilton. Le coffret de disques s'est vendu à près d'un million d'exemplaires en quelques semaines, ce qui lui donne droit à un prix diamant et permet à l'industrie de se féliciter et de faire le point.

Il y a actuellement des centaines d'enregistrements de toutes sortes qui circulent au pays sous étiquettes de compagnies indépendantes fringantes et qui savent plaire au grand public. Ces compagnies vendent les licences de leurs disques compacts à divers pays dans le monde et font leur publicité par Internet, bâtissant ainsi leur clientèle.

C'est le circuit indépendant qui fait des vedettes en puissance de gens comme Hayden, The Watchmen, I, Mother Earth, Treble Charger, Merlin ou Pluto. Dominé par l'agence artistique, gigantesque et diversifiée, SL Feldman and Associates, c'est un circuit qui a servi à roder des artistes tels que Tom COCHRANE, BARENAKED LADIES, Jann ARDEN, CRASH TEST DUMMIES, 54-40, BLUE RODEO et, particulièrement, le groupe TRAGICALLY HIP de Kingston, en Ontario.

Avec le début du troisième millénaire, Bryan Adams continue d'être le plus grand succès international du Canada. Il est encore le seul Canadien à avoir reçu deux prix diamant pour les ventes de ses albums, bien que la liste de ses compatriotes dont les disques se sont vendus chacun en un million d'exemplaires comprend maintenant Tom Cochrane, Céline Dion, Alannah Myles et Corey Hart. Des artistes célèbres tels que k.d. lang, Jane Siberry, Leonard Cohen, Sarah MacLauchlan et les Crash Test Dummies entretiennent sur la scène internationale une image sans cesse changeante de la musique canadienne. L'influence récente de Céline Dion, d'Alanis Morissette et de Shania Twain ne fait qu'améliorer la viabilité commerciale d'autres artistes canadiens.

La popularité nationale des COWBOY JUNKIES, de Tragically Hip, de Blue Rodeo, d'Arden, de Cochrane ou des Barenaked Ladies permet de croire que la musique populaire canadienne est enfin appréciée au pays pour ses propres caractéristiques et qualités. Ces artistes parlent directement aux Canadiens avec passion et humour des expériences qui les concernent tout en ayant une résonance universelle. Ils ont vendu collectivement des millions de disques et des centaines de milliers de billets de concert. Si l'on peut mesurer la qualité de la musique populaire par les ventes de disques et de billets, ce sont ces groupes-là qui contribuent le plus à redéfinir la musique populaire canadienne sur le front intérieur. Ils représentent la jonction entre Dion, Morissette ou Twain, et les nouveaux groupes qui s'amènent chaque jour dans des camionnettes encroûtées de moustiques et chargées de leurs instruments et de disques audionumériques flambant neufs produits à titre d'auteur.