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Histoires traditionnelles inuites

Les histoires traditionnelles sont un répertoire de la culture inuite, transmis à travers les générations par les aînés pour enrichir et informer. Traditionnellement utilisées dans tous les aspects de la vie quotidienne, les histoires traditionnelles inuites ont connu un regain de popularité alors que les groupes communautaires visent à préserver les enseignements traditionnels comme méthode de solidarité culturelle et politique.

« My Mother's Story »

Histoires traditionnelles

Les histoires traditionnelles sont habituellement considérées comme étant des récits utilisés pour expliquer des personnages, des expériences, ou des phénomènes d’importance religieuse ou spirituelle qui illustrent le système de croyances d’une certaine communauté. Elles sont également des récits qui sont transmis par la tradition et qui sont basés sur l’histoire.

Les Inuits

Les Inuits qui habitent le vaste Arctique appartiennent à une famille beaucoup plus grande qui s’étend de la mer de Béring, à travers l’Alaska et le nord du Canada, jusqu’au Groenland. Les Inuits sont liés non seulement sur le plan linguistique, mais également liés par une culture et un de mode de vie nettement semblables, comme en témoignent l’art inuit, les chansons, les danses, et les histoires traditionnelles.

Histoires traditionnelles inuites

Comme toutes les histoires traditionnelles, les histoires traditionnelles inuites sont à la fois divertissantes et instructives. Les Inuits attribuent les pouvoirs du bien et du mal aux divinités vivant dans un monde spirituel étroitement lié au paysage nordique qui est d’une beauté saisissante.

Les traditions orales inuites sont utilisées comme méthode la plus importante pour transmettre et préserver les idées, parfois accompagnées de petites sculptures qui ont probablement servi à illustrer des événements. Les chansons et les danses rehaussent également la signification des histoires traditionnelles qui maintiennent le système existant, soutiennent les pratiques culturelles de la société inuite, et verbalisent le sens du bien et du mal. Ces premiers contes sont intrinsèquement liés au chamanisme inuit.

Les histoires traditionnelles inuites sont généralement de courts récits dramatiques traitant des merveilles du monde : la création, les cieux, la naissance, l’amour, la chasse et le partage de la nourriture, le respect des aînés, la polygamie, le meurtre, l’infanticide, l’inceste, la mort, et le mystère de l’au-delà. Les conteurs inuits continuent de remodeler les histoires traditionnelles et d’en créer de nouvelles.

Les histoires traditionnelles inuites sont rarement simples, elles regorgent généralement de codes de comportement qui ne peuvent être pleinement compris que par ceux qui vivent dans cette société. Les histoires renforcent une relation étroite avec toute la nature, ainsi que la croyance que les animaux ont le pouvoir magique d’entendre et de comprendre les propos humains. Pour cette raison, les chasseurs dans leurs camps, alors qu’ils chantent ou parlent des morses ou des phoques, les appellent prudemment des asticots ou des poux, ou encore ils appellent le caribou un lemming, pour ainsi induire en erreur les animaux qui sont nécessaires à leur survie.

Histoires et êtres traditionnels

Un principe fondamental des histoires traditionnelles inuites est la croyance en d’autres mondes sous la mer, dans la Terre, et dans le ciel, où certains angakoks (chamans) doués ont le pouvoir de voyager en transe ou dans les rêves pour visiter ces endroits que les mortels ordinaires ne peuvent visiter qu’après la mort.

Les rêves ont toujours joué un rôle important dans la vie des Inuits, servant possiblement de base pour certaines des histoires traditionnelles. Les rêves sont interprétés avec soin. On dit que les rêves d’ours polaires ont des connotations sexuelles. Les rêves de belettes suggèrent des problèmes quelconques. Les rêves d’oiseaux présagent des blizzards.

Certaines histoires traditionnelles inuites suscitent la réflexion par leur simplicité trompeuse. Un exemple extrêmement court est le suivant : un moustique se pose sur le bras d’un garçon. « Ne tape pas ! Ne tape pas ! » bourdonne-t-il. « Pour mes petits-enfants je dois chanter. » « Imagine, se dit le garçon, si petit mais déjà grand-père. »

Labo d'animation du Nunavut : Lumaajuuq par Alethea Arnaquq-Baril, Office national du film du Canada

Parmi les histoires traditionnelles inuites les plus connues figure la légende de la déesse de mer, connue sous divers noms (Sedna, Nuliayuk, Taluliyuk, Taleelayuk). Selon l’histoire, une jeune fille a été jetée à l’océan, où elle devient la gardienne de tous les animaux marins.

L’histoire de Lumiuk (Lumak, Lumaag) raconte l’histoire d’un garçon aveugle maltraité qui trouve refuge dans la mer, où il recouvre la vue et met fin aux abus qu’il a subis. L’histoire de Kiviuk (Kiviok, Kiviuq), une figure importante dans la même sphère que Sedna, explique l’abondance de poissons et l’absence d’arbres dans la toundra arctique, tandis que l’histoire de Tikta’Liktak raconte le parcours d’un jeune chasseur qui retourne à la maison après s’être perdu sur une plaque de glace.

Les êtres surnaturels accompagnent plusieurs histoires traditionnelles inuites, y compris Mahaha, un démon qui terrorise tout l’Arctique et chatouille ses victimes à mort; les Ijiraats, des métamorphes qui peuvent se changer en n’importe quel animal de l’Arctique, mais ne peuvent pas cacher leurs yeux rouges; les Taqriaqsuits, des personnes de l’ombre que l’on ne voit que rarement, mais qu’on entend souvent; les Qallupilluks (ou Qalupaliks, voir ci-dessous), des créatures recouvertes d’écailles qui ressemblent aux humains, et qui enlèvent les enfants et les emmènent en mer; les Inupasugjuks, des géants qui capturent les humains; et les Tuniit, qui sont considérés comme les ancêtres des Inuits, ils sont simples d’esprit, mais extrêmement forts.

Labo d'animation du Nunavut  : Qalupalik par Ame Papatsie, Office national du film du Canada

Préservation

La culture orale représente une possession intellectuelle de grande valeur qui, une fois perdue, n’a aucun moyen d’être récupérée. Ainsi, il existe plusieurs programmes pour promouvoir l’utilisation et la compréhension des histoires traditionnelles inuites. Un de ces programmes a été développé par la Qikiqtani Inuit Association, et il encourage les lecteurs à converser avec les aînés de la communauté pour en apprendre davantage, et pour transmettre eux-mêmes les histoires, renforçant ainsi l’importance de les écouter et de les raconter pour la survie de la culture orale.