Hilda Ada Marion Neatby, C.C., historienne, autrice, éducatrice (née le 19 février 1904 à Sutton au Royaume-Uni; décédée le 14 mai 1975 à Saskatoon en Saskatchewan). Hilda Neatby a été la première femme à diriger un département d’histoire universitaire au Canada et la première femme présidente de la Société historique du Canada (SHC). Elle a également été la seule femme à siéger à la Commission Massey. En 1967, elle a été élue Femme du siècle de la Saskatchewan et elle est devenue Compagnon de l’Ordre du Canada. Depuis 1982, la SCH décerne le prix Hilda Neatby pour l’histoire des femmes.

Famille et éducation
Hilda Neatby est la septième des huit enfants survivants d’Andrew et d’Ada Neatby. Andrew est médecin et Ada est issue d’une famille médicale. En 1906, les Neatby immigrent en Saskatchewan, s’installant d’abord dans la ville de Earl Grey, et ensuite dans une ferme à l’ouest de Watrous. Hilda se souvient plus tard de son éducation dans une esquisse biographique des années 1960, écrivant : « J’ai reçu mon éducation primaire dans la petite école qui desservait notre district rural… Ma formation du secondaire a été quelque peu décousue, réalisée avec l’aide d’enseignantes de l’école primaire et bien sûr, de mes parents, avec l’ajout d’une année dans un institut collégial à Saskatoon. » La maison familiale des Neatby contient plus de 3 000 livres.
En 1919, la famille Neatby déménage à Saskatoon. Hilda travaille comme enseignante dans une école rurale durant l’été 1920, et elle s’inscrit à l’Université de la Saskatchewan et obtient un baccalauréat spécialisé en histoire en 1924. Elle parle couramment le français et elle reçoit une bourse du gouvernement provincial pour aller étudier à la Sorbonne à Paris en 1924-1925. À son retour, elle travaille comme professeure de français et d’histoire à l’université et elle poursuit des études supérieures, obtenant une maîtrise à l’Université de la Saskatchewan en 1930 et un doctorat à l’Université du Minnesota en 1934.
Vie personnelle
Selon sa sœur Kate, Hilda Neatby reçoit au moins deux demandes en mariage, mais « apparemment, aucune n’est tentante » et elle reste célibataire. Elle est proche de ses frères et sœurs, et de ses nièces et neveux. Le frère de Hilda, Kenneth Neatby, est un scientifique agricole qui découvre comment prédire la résistance à la rouille des nouveaux hybrides de blé. Un autre frère, Leslie H. Neatby, est un enseignant et un auteur qui écrit le livre Chronicle of a Pioneer Prairie Family au sujet de la famille Neatby en Saskatchewan.
Carrière universitaire
Après avoir obtenu son doctorat, Hilda Neatby a du mal à trouver un emploi universitaire. Elle écrit à Kate en 1933 : « Un doctorat en histoire canadienne est pratiquement un article invendable et lorsqu’il est détenu par le mauvais sexe, les choses sont encore pires. » De 1934 à 1946, Hilda Neatby est professeure d’histoire et de français dans divers établissements secondaires et postsecondaires, notamment le Regina College (aujourd’hui l’Université de Regina) et l’Université de Toronto. Après la Deuxième Guerre mondiale, les inscriptions à l’université augmentent au Canada, et Hilda Neatby rejoint la faculté d’histoire de l’Université de la Saskatchewan.
Hilda Neatby a une longue et brillante carrière universitaire. Elle est la première rédactrice en chef de Saskatchewan History. En 1958, elle devient directrice du département d’histoire de l’Université de la Saskatchewan, devenant ainsi la première femme à diriger un département d’histoire universitaire au Canada, un poste qu’elle occupe jusqu’en 1969. En 1962, elle devient la première femme à la tête de la Société historique du Canada.
La Commission Massey
De 1949 à 1951, Hilda Neatby est la seule femme membre de la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, des lettres et des sciences, mieux connue sous le nom de Commission Massey étant donné qu’elle est présidée par Vincent Massey, futur gouverneur général. La Commission recommande un financement fédéral pour les arts et la culture, pour les universités et pour la préservation des lieux historiques canadiens. Hilda Neatby est particulièrement préoccupée par la préservation des documents historiques. Les recommandations de la Commission Massey donnent lieu à la fondation de la Bibliothèque nationale du Canada (aujourd’hui Bibliothèque et Archives Canada) et à la création du Conseil des Arts du Canada. Hilda Neatby continue à travailler en étroite collaboration avec Vincent Massey après son passage à la Commission. Durant le mandat de gouverneur général de ce dernier, de 1952 à 1959, Hilda Neatby est l’une de ses rédactrices de discours.
So Little for the Mind
En 1953, Hilda Neatby publie So Little For the Mind, une critique du système éducatif canadien. Le livre suscite un débat public sur l’efficacité des nouvelles tendances de l’éducation centrée sur l’élève, défendues par John Dewey. Hilda Neatby craint que la nouvelle tendance qui vise à orienter les enfants vers des matières qu’ils pourraient apprendre sans trop d’efforts ne les transforme en « petits automates égocentriques ». Elle croit que les élèves ont besoin de normes élevées et de tests stimulants pour réaliser leur plein potentiel, écrivant : « Qui s’ennuie en tant que et autant qu’une personne égocentrique? Qui est plus heureux et plus libre que celui dont les plaisirs et les intérêts s’étendent vers l’extérieur? » Le livre So Little for the Mind se vend à près de 18 000 exemplaires en 1975 et Hilda Neatby devient une commentatrice bien connue sur les questions d’éducation dans les médias. Dans une allocution à la CBC en 1953, elle déclare : « L’éventail confus de qualités et d’activités, ainsi que les preuves de bonté chez l’enseignant, l’école et la communauté, cachent le fait que face à l’égalitarisme et aux activités de groupe, les normes de réussite individuelles s’estompent. »
Les idées de Hilda Neatby sur l’éducation sont façonnées par son éducation et sa forte foi presbytérienne. Dans un discours de remise des diplômes en 1969, elle déclare : « On m’a appris non pas l’expression de soi, mais la maîtrise de soi, non pas la confrontation, mais le respect de mes aînés, non pas à suivre le « flower power » ou le « student power », ou les « sit-in » ou les « live-ins », mais à faire mon devoir."
Histoire du Québec
Hilda Neatby écrit beaucoup sur l’histoire du Québec. Sa thèse de doctorat analyse le système judiciaire sous l’Acte de Québec de 1774 jusqu’à l’adoption de l’Acte constitutionnel de 1791. En 1972, elle édite un volume dans une série sur les controverses historiques canadiennes intitulé The Quebec Act : Protest and Policy. Hilda Neatby a des opinions bien arrêtées sur l’importance de l’histoire canadienne pour l’édification de la nation, et elle écrit dans un article en 1951 : « L’histoire canadienne qui, lorsque bien comprise, pourrait contribuer à développer chez les Canadiens un sentiment d’unité et de compréhension internationale a été utilisée trop longtemps pour attiser des ressentiments mesquins les uns envers les autres, contre la Grande-Bretagne et contre les États-Unis.
Hilda Neatby est la seule femme invitée à écrire un volume de la Canadian Centenary Series, l’histoire du Canada en 19 volumes, des expéditions vikings jusqu’au centenaire de la Confédération. La série est éditée par William Lewis Morton et Donald Grant Creighton et elle est publiée entre 1963 et 1987. Le volume de Hilda Neatby, Quebec : The Revolutionary Age 1760-1791, est publié en anglais et en français (avec le titre anglais) en 1966. Ce volume examine la décision de la France de céder officiellement le Québec aux Britanniques dans le Traité de Paris de 1763, ainsi que les actions des Britanniques après avoir pris le contrôle du Canada français, y compris la manière dont les gouverneurs successifs mettent en œuvre l’Acte de Québec.
Prix et distinctions
En 1967, Hilda Neatby devient Compagnon de l’Ordre du Canada et elle est élue Femme du siècle de la Saskatchewan. L’Université de la Saskatchewan lui décerne un doctorat honorifique en droit en 1971. Elle reçoit également des doctorats honorifiques de l’Université du Nouveau-Brunswick, de l’Université Brock et de l’Université de Toronto. Le prix Hilda Neatby pour l’histoire des femmes est décerné par la Société historique du Canada depuis 1982. En 2000, un portrait de Hilda Neatby figure sur un timbre avec une ferme des prairies de la Saskatchewan en arrière-plan, rappelant son enfance.
Vie ultérieure
En 1969, Hilda Neatby se voit offrir un poste de trois ans au département d’histoire de l’Université Queen’s à Kingston et elle commence à travailler sur l’histoire de l’université. Son livre, Queen’s University, Volume 1, 1841-1917 : And Not to Yield, est publié à titre posthume en 1978. Hilda Neatby meurt d’un cancer en 1975.