Nel Wieman | l'Encyclopédie Canadienne

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Nel Wieman

Cornelia « Nel » Wieman, psychiatre, défenseure de la santé des Autochtones (née en 1964 dans la Première Nation de Little Grand Rapids, Manitoba). En 1998, Nel Wieman est devenue la première femme psychiatre autochtone au Canada. Nel Wieman occupe la fonction de psychiatre clinicienne depuis plus de 20 ans. Elle fait aussi de la recherche, enseigne la médecine et contribue à de nombreuses associations médicales et de santé. Soucieuse de la santé des Autochtones, elle veut éliminer les problèmes de santé qui accablent les peuples autochtones au Canada. Elle vise également à mettre fin au racisme dont sont victimes les Autochtones et les autres minorités visibles dans le système de santé et les facultés de médecine.

Jeunesse

Nel Wieman est Anichinabée et originaire de la Première Nation de Little Grand Rapids, au Manitoba. Elle est une survivante de la rafle des années soixante, soit l’enlèvement orchestré par les autorités publiques dans les années 1960 d’enfants autochtones à leur foyer et leur mise en adoption à des familles non autochtones. Enfant, Nel Wieman est enlevée à sa famille dans la réserve de Little Grand Rapids (voir Réserves au Manitoba). Elle est placée dans des familles d’accueil avant d’être adoptée par une famille néerlandaise à Thunder Bay, en Ontario. Elle s’est exprimée par le passé sur l’impression qu’elle a eue de perdre son identité et sa culture. Elle ne se sentait en effet pas à sa place à Thunder Bay. Ce n’est qu’à l’université qu’elle a l’occasion de renouer avec sa culture et de rencontrer des mentors autochtones.

Formation

Nel Wieman obtient un baccalauréat en kinésiologie de l’Université de Waterloo en 1988, suivi d’une maîtrise en biomécanique en 1991. Elle fait des études de médecine à l’Université McMaster, désirant à l’origine se spécialiser en neurochirurgie. Elle bifurque cependant vers la psychiatrie après avoir pris toute la mesure du bien qu’elle pouvait apporter aux communautés autochtones à titre de médecin autochtone dans le domaine de la santé mentale. Elle aime également les possibilités que lui procure la psychiatrie de combiner la médecine occidentale avec le partage de récits et le rapprochement avec les patients.

Pendant sa résidence à McMaster, Nel Wieman est élue présidente de l’association des médecins résidents de l’université. Elle préside également la section de santé mentale des Autochtones de l’Association des psychiatres du Canada. Après sa résidence, en 1998, elle devient la première femme psychiatre autochtone au Canada.

Carrière médicale

Nel Wieman travaille auprès des Six Nations de la rivière Grand pendant huit ans, contribuant à la création d’un centre de santé mentale et à l’établissement de services psychiatriques d’urgence. En 2004, elle commence à travailler à l’Université de Toronto à titre de professeure adjointe de la Dalla Lana School of Public Health. Elle est notamment codirectrice du programme de développement de la recherche en santé des Autochtones, en plus de contribuer aux travaux du réseau de recherche sur la santé mentale des Autochtones de l’Université McGill.

Après son départ de l’Université de Toronto, Nel Wieman est psychiatre dans un cabinet privé et au Centre for Addiction and Mental Health. En 2016, elle accède au poste de directrice fondatrice et conseillère pédagogique du bureau des sciences de la santé pour les étudiants autochtones de l’Université McMaster. Elle y aide les étudiants à monter un cours optionnel sur la santé des Autochtones pour les étudiants en médecine. La même année, elle entame son mandat de six ans à la présidence de l’Association des médecins autochtones du Canada.

Nel Wieman déménage en Colombie-Britannique en 2018 pour un poste au sein de l’Autorité sanitaire des Premières Nations, une régie provinciale qui fournit des soins de santé aux Premières Nations en Colombie-Britannique. Créée en 2013, l’Autorité est la première organisation de ce type au Canada. En janvier 2023, Nel Wieman est nommée médecin-chef par intérim de l’Autorité.

Nel Wieman est également membre de diverses organisations et siège à leur conseil d’administration (Indspire, Croix Bleue du Pacifique, Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada, Consortium national pour la formation médicale en santé autochtone, conseil d’administration des Instituts de recherche en santé du Canada).

Défense de la santé des Autochtones

Nel Wieman fait de la santé des Autochtones son cheval de bataille après avoir reçu le prix national d’excellence en médecine décerné aux Autochtones (aujourd’hui Indspire) en 1998. « Je devais parler au nom des laissés pour compte, surtout dans le système de santé. »

L’une des causes chères aux yeux de Nel Wieman est la lutte contre le suicide chez les jeunes Autochtones (voir Suicide chez les Autochtones au Canada). Au sein du Groupe consultatif national sur la prévention du suicide, elle élabore un cadre de lutte contre le suicide chez les jeunes de Premières Nations. Elle aborde aussi la crise des opioïdes qui touche de manière disproportionnée les peuples autochtones au Canada.

Les travaux de Nel Wieman touchent aussi au racisme avec lequel doivent composer les Autochtones et les autres minorités visibles dans le système de santé et les facultés de médecine. Elle-même a été victime de racisme dans ses études en médecine et tout au long de sa carrière : « J’ai dû composer avec le racisme explicite d’autres étudiants en médecine, des enseignants de mes cours cliniques et des personnes en position d’autorité dans la faculté de médecine. Je voulais dénoncer de telles injustices et essayer de faciliter les choses pour les générations qui me suivront. »

Nel Wieman préconise une stratégie adaptée en fonction de chaque communauté pour décoloniser le système de santé canadien et le rendre plus accessible aux groupes marginalisés. Dans ses fonctions au sein de l’Autorité sanitaire des Premières Nations, elle copréside le comité technique à l’origine de la norme sur la sécurité culturelle et l’humilité. Première de son genre au Canada, cette norme définit les lignes directrices et les critères pour mettre fin au racisme envers les peuples autochtones dans le système de santé de la Colombie-Britannique.

Nel Wieman a abordé tous ces enjeux dans les médias et lors d’exposés au pays, notamment devant le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes, et ailleurs dans le monde.

Distinctions