Nigog, Le
Le Nigog est un magazine sur les arts fondé en 1918 à Montréal par l'architecte Fernand Préfontaine, l'écrivain Robert de Roquebrune et le musicien Léo-Pol MORIN. Il est le fruit de l'imagination de Préfontaine, qui tient salon pour ses amis cultivés dans sa maison de WESTMOUNT. Certains, comme Préfontaine lui-même, sont à ce point impressionnés par leur expérience de la vie artistique parisienne qu'ils rentrent au pays déterminés à faire avancer un Québec qu'ils trouvent en retard sur le plan intellectuel. L'effort qui en résulte, Le Nigog (nommé d'après l'outil dont se servent les Amérindiens pour harponner le saumon), cherche à éveiller la curiosité des Canadiens français sur la littérature et l'art contemporain et attire dans son équipe quelque 30 collaborateurs, y compris 5 anglophones. Proclamant la primauté de la forme sur le sujet comme condition d'un art universel, les rédacteurs en chef se font immédiatement des ennemis. Les régionalistes sont horrifiés : la revendication du formalisme détruit la sérénité avec laquelle ils avaient appuyé la pensée de la société conformiste. Cette expérience éprouvante ne dure toutefois qu'une année et 12 numéros (408 pages). L'aventure a ouvert de nouveaux horizons à la jeunesse québécoise et constitué pour le Canada français un des premiers moyens d'expression des aspirations des modernistes français.
Voir aussi PÉRIODIQUES LITTÉRAIRES DE LANGUE FRANÇAISE.