Le Canada compte environ 350 000 noms de lieux officiels. Si beaucoup de ces noms rendent hommage à des personnes, de nombreux autres font référence à la géographie humaine ou physique. Cette liste se penche sur la géographie humaine et met en lumière les noms qui renvoient aux caractéristiques naturelles d’un lieu particulier – comme Montréal, par exemple – ou à la façon dont les gens interagissent avec le territoire, que ce soit dans le cadre de voyages ou d’efforts de colonisation (comme pour Portage la Prairie, au Manitoba). Et, comme c’est précisément le cas pour le mot « Canada », beaucoup de ces noms sont issus de mots autochtones ou sont exprimés en langue autochtone, comme Ulukhaktok, dans les Territoires du Nord-Ouest (voir aussi Grandes villes canadiennes ayant un nom autochtone).
Union Road, à l’Île-du-Prince-Édouard
Dans les années 1760, le territoire de l’Île-du-Prince-Édouard est divisé grâce à un procédé nommé « arpentage ». Il est fractionné en larges paroisses, chacune étant elle-même constituée de multiples cantons appelés « lots ».
La route située entre les lots 33 et 34 est appelée « Union Road ». Si ce nom est d’origine incertaine, certains renvoient au fait que cette route se trouve entre Charlottetown et la rive nord de l’île. Lorsqu’une colonie sise le long de cette route se dote d’un bureau de poste en 1875, cette communauté choisit alors de s’attribuer le nom de Union Road. La municipalité de Union Road est fondée en 1977.
Middleton, en Nouvelle-Écosse
Une colonie appelée Wilmot Corner est située au milieu du canton de Wilmot, dans le comté d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse. Elle se trouve également au milieu d’Annapolis Royal et de Kentville. En 1854, ses résidents décident de renommer leur communauté Middleton (middle signifiant « milieu »).
Bien qu’une seule ville se nomme ainsi, la Nouvelle-Écosse chérit ce surnom. De petites communautés, qui font partie d’autres comtés, portent également ce nom.
Tide Head, au Nouveau-Brunswick
Les marées sont la variation, à la hausse ou à la baisse, du niveau de la mer. Le flux et reflux s’observe à des kilomètres de l’océan, depuis les fleuves. L’endroit où les eaux cessent de fluctuer est connu sous le nom de « limite de marée » ( head of tide, en anglais). Le long de la rivière Ristigouche, cet endroit est l’emplacement d’un village qui porte d’abord le nom de Head of Tide, puis celui de Tide Head.
De même, le village de Wolastoqiyik, qui est situé le long du fleuve Saint-Jean, se voit attribuer le nom de Aucpaque, qui signifie « limite de marée ».
Cow Head, à Terre-Neuve-et-Labrador
La roche sédimentaire qui contient des fragments pointus d’un autre type de roche ou de minéraux est appelée une « brèche ». À l’extrémité nord du parc national du Gros-Morne, on retrouve des brèches qui se sont formées il y a 70 millions d’années. Selon les pêcheurs locaux, l’un de ces rochers décomposés ressemble quelque peu à une tête de vache (cow head, en anglais). Si le rocher n’est plus, le nom de Cow Head, attribué par les pêcheurs, demeure.
Montréal, au Québec
Lors de son second voyage au Canada en 1535, Jacques Cartier est à la recherche d’une route commerciale vers l’Asie. Il fait halte à Hochelaga, un village iroquois situé le long du fleuve Saint-Laurent. Il donne le nom de « Mont Royal » à une petite montagne des environs. En 1642, le village colonial français de Ville-Marie est fondé près de cette même montagne. Il est finalement renommé Montréal.
Brantford, en Ontario
Combattant aux côtés des Britanniques durant la Révolution américaine, Joseph Brant (Thayendanegea) mène ensuite les loyalistes mohawks et d’autres à s’établir en bordure de la rivière Grand. (Voir Proclamation Haldimand.)
Si vous souhaitez traverser une rivière à pied ou à cheval, vous devez trouver un endroit peu profond. L’endroit de passage est nommé un « gué » (ford, en anglais). L’un de ces emplacements régulièrement empruntés est connu sous le nom de « Brant’s Ford ».
Portage la Prairie, au Manitoba
La rivière Assiniboine traverse quelques-unes des principales villes du Manitoba, dont Brandon, Portage la Prairie et Winnipeg. Ce qu’elle ne fait toutefois pas, c’est rejoindre le lac Manitoba.
Pour passer de l’un à l’autre, vous devez transporter votre canot et vos biens avec vous. Les voyageurs français nomment cette pratique « portage de la prairie ».
Moose Jaw, en Saskatchewan
Le mot cri désignant la rivière Moose Jaw est moscâstanisîpiy ou « endroit chaud au bord de la rivière ». On ne connaît pas la source exacte du nom en anglais, mais il existe deux hypothèses principales.
Les deux premières syllabes du mot cri moscâ ressemblent à « moose jaw » (mâchoire d’orignal). Les premiers colons remarquent également que le tracé de la rivière, qui traverse le village, ressemble à une mâchoire d’orignal; les collines de la région, vues de l’embouchure de la rivière, sont de forme analogue.
Spruce Grove, en Alberta
Le colon John Allan McPherson et son ami Alexander McNabb s’établissent à l’est d’Edmonton. Cette région est fournie en épinettes, dont un vaste boisé qui avoisine la maison de John Allan McPherson. En 1894, Alexander McNabb ouvre un bureau de poste et le nomme Spruce Grove (boisé d’épinettes). L’ironie veut que, à cette époque, la plus grande partie des boisés sont coupés à des fins d’exploitation agricole.
White Rock, en Colombie-Britannique
Lorsque les glaciers se retirent à la fin de la dernière période glaciaire, ils écorchent et forment les terres. Cela entraîne l’effondrement d’un énorme bloc de granit de 441 tonnes sur les côtes de la baie Semiahmoo. Les oiseaux de mer aiment s’y ébattre, et leurs déjections en blanchissent la surface. Ces excréments aviaires sont d’un blanc si éclatant que les marins s’en servent comme point de repère.
Pour préserver les apparences, la ville de White Rock (rocher blanc) peint en blanc ce rocher, lequel figure sur le drapeau et les armoiries de la ville.
Ulukhaktok, dans les Territoires du Nord-Ouest
Selon la tradition, les Inuits utilisent un outil coupant en forme de croissant appelé ulu, qui sert à apprêter la nourriture ou les peaux destinées aux vêtements. Certaines régions du territoire traditionnel des Inuinnait comprennent d’importants gisements de cuivre, lequel est utilisé dans la fabrication de divers outils.
Un gisement situé sur un important promontoire de l’île Victoria s’appelle Ulukhaktok. Dans le dialecte inuinnaqtun de l’Inuktitut, ce terme signifie « endroit où l’on trouve les morceaux de ulu ». En 2006, le hameau de Holman retrouve cette appellation traditionnelle.
Whitehorse, au Yukon
Durant la ruée vers l’or du Klondike, des milliers de chevaux sont conduits vers le nord, au travers de terrains accidentés. Quelque 3 000 chevaux meurent sur le col White, une piste située entre la Colombie-Britannique et l’Alaska. Un lieu de cet État porte le nom de « Dead Horse Gulch » (« ravin du cheval mort »).
Ces victimes terrassées par le froid ne prêtent toutefois pas leur nom à la capitale du Yukon. Aux yeux des prospecteurs, les eaux vives du fleuve Yukon à Miles Canyon ressemblent plutôt à la crinière des chevaux. De 1900 à 1957, cette communauté utilise une appellation à deux mots : White Horse (cheval blanc).
Grise Fiord ou Aujuittuq, au Nunavut
Both Inuktitut and Norwegian names reference the geography of Canada’s northernmost civilian community.
Ces noms en inuktitut et en norvégien font référence à la géographie de la communauté civile la plus au nord du Canada.
Entre 1899 et 1902, le navigateur norvégien Otto Sverdrup cartographie quelques sections de la côte de l’île d’Ellesmere. Il y entend le cri d’un morse qui lui rappelle le grognement d’un cochon. Il nomme un fjord (un large passage entre deux falaises) situé à proximité Grise Fiord, ce qui signifie « fjord du cochon ».
Lorsque cette communauté se forme en 1953, ses résidents la baptisent Aujuittuq, ce qui signifie « endroit qui ne fond jamais ». Même durant l’ensoleillement d’été qui dure 24 heures par jour, les glaces du fjord ne fondent jamais complètement. ( Voir aussi Délocalisation d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada.)