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Olive Dickason

Olive Patricia Dickason (née Williamson), C.M., journaliste, historienne, professeure d’université et auteure métisse (née le 6 mars 1920 à Winnipeg, au Manitoba; décédée le 12 mars 2011 à Ottawa, en Ontario). Olive Dickason a été la toute première personne au Canada à obtenir un doctorat en histoire autochtone. Ses recherches et ses ouvrages novateurs sur l’histoire et la culture des Autochtones et des Métis ont transformé la perception qu’ont les Canadiens de l’origine de leur pays et des peuples autochtones qui y habitent. Inspirant une nouvelle génération d’universitaires, les travaux d’Olive Dickason ont contribué à ériger les études autochtones au rang de discipline universitaire. En reconnaissance de ses réalisations, elle a été nommée membre de l’Ordre du Canada.

Premières nations du Canada

Publié en 1992, l’ouvrage d’Olive Dickason Les Premières nations du Canada : histoire des peuples fondateurs depuis les temps les plus lointains a été lauréat du prix Sir John A. Macdonald de 1993 pour la meilleure œuvre savante en histoire du Canada. Olive Dickason a été la toute première personne au Canada à obtenir un doctorat en histoire autochtone. Ses recherches et ses ouvrages novateurs sur l’histoire et la culture des Autochtones et des Métis ont transformé la perception qu’ont les Canadiens de l’origine de leur pays et des peuples autochtones qui y habitent.

Jeunesse

Pendant les premières années de la vie d’Olive Dickason, son père, un Anglais du nom de Frank Williamson, travaille en import/export pour la Banque de Montréal. Sa mère, Phoebe Philomène Côté, est quant à elle enseignante, qui dissimule toutefois son héritage métis.

Olive Dickason et sa sœur Alice fréquentent une école catholique privée à Winnipeg jusqu’à ce que le krach boursier d’octobre 1929 mette fin à la carrière bancaire de leur père. Après avoir tenté vainement d’œuvrer en exploitation aurifère au nord de Winnipeg, ce dernier fait faillite, alors qu’Olive Dickason a 13 ans.

La famille est contrainte de gagner sa vie tant bien que mal dans les forêts du nord du Manitoba, où la mère enseigne à ses filles à chasser, à pêcher et à trapper. À l’époque, un voisin intellectuel écossais fait découvrir à Olive Dickason la littérature classique, la philosophie, le marxisme et les journaux londoniens.

À 18 ans, Olive Dickason met le cap vers Winnipeg en bateau, avec rien d’autre comme bagage que les vêtements qu’elle porte. Désormais citadine, elle travaille comme femme de ménage, puis tente de faire de la vente en porte-à-porte de magazines dans les régions rurales du sud du Manitoba et de la Saskatchewan. En ces années de crise, toutefois, les agriculteurs n’ont que peu de moyens.

Études

Si Olive Dickason achève sa 10e année par correspondance, son père n’a pas les moyens de l’inscrire en 11e année en raison de la Grande dépression. Le Père Athol Murray, un prêtre non conformiste séduit par son intelligence, l’accepte à l’éponyme Athol Murray College of Notre Dame, à Wilcox, en Saskatchewan. Elle est alors la seule fille dans cette école normalement réservée aux garçons.

Le Père Murray lui servant de mentor, Olive Dickason effectue des études de baccalauréat tout en travaillant à la pige pour le quotidien Regina Leader-Post. En 1943, elle obtient son baccalauréat ès arts en français et en philosophie de l’Athol Murray College of Notre Dame.

Famille et début de carrière en journalisme

De 1941 à 1946, Olive Dickason travaille au Regina Leader-Post comme journaliste affectée aux reportages généraux. Dans le cadre de ce travail à Regina, elle rencontre des membres de sa famille du côté de sa mère, qui lui font découvrir ses racines métisses.

En 1946, elle épouse le journaliste Anthony Dickason. Cette année-là et jusqu’en 1947, elle est journaliste au Winnipeg Free Press, tandis que son mari travaille pour le Winnipeg Tribune. Ensemble, ils ont trois filles, qu’ils baptisent Anne, Clare et Roberta.

La famille s’installe à Montréal, et au cours des trois années qui suivent, Olive Dickason rédige des articles comme pigiste, principalement pour des magazines industriels. À la suite de la dissolution de son mariage, toutefois, elle commence à travailler à la Montreal Gazette, d’abord comme journaliste aux reportages généraux, puis comme rédactrice en chef de la page féminine. Dans le cadre des fonctions de ce second poste, elle fréquente les grossistes et les hautes sphères de la mode à New York, sans toutefois être enchantée par la vie d’opulence qu’on y promeut. L’importance qu’on accorde aux tendances vestimentaires de l’heure lui paraît superficiel.

Malgré les revenus qu’elle tire de son emploi à la Gazette, Olive Dickason doit composer pendant des années avec les dettes impayées de son ex-mari. Cette situation financière précaire la force, dans les années 1950, à confier ses enfants à une famille d’accueil vivant en région rurale à l’extérieur de Montréal. Ceux-ci y passeront sept ans. Se battant pour que ses trois filles restent ensemble et leur rendant régulièrement visite, Olive Dickason en recouvre la garde lorsque l’aînée atteint l’âge de douze ans.

Carrière au Globe and Mail

En 1955, Olive Dickason s’installe à Toronto, à la suite de son embauche par le Globe and Mail à titre de rédactrice en chef de la page féminine. Pendant une douzaine d’années, elle écrit sur les tendances de la mode, à la fois locales et internationales, quoique le sujet lui inspire toujours un certain dédain. Sous son aile se développent les jeunes journalistes Michele Landsberg et Barbara Frum, appelées à marquer l’histoire médiatique canadienne.

En 1956 puis à nouveau en 1958, Olive Dickason est lauréate du prix Elizabeth Arden pour ses reportages sur la mode. Dans les années 1960, elle se voit attribuer le prix Judy à deux reprises pour l’écriture de mode, ainsi que le prix technique MacLaren, à deux reprises également, pour ses talents en matière de typographie et de mise en page.

Études supérieures

À l’âge de 47 ans, ses filles désormais adultes, Olive Dickason quitte son emploi au Globe and Mail et s’inscrit à plusieurs cours d’histoire à l’Université d’Ottawa. En marge de ses études, elle travaille en relations publiques pour le Musée des beaux-arts du Canada. Des années après avoir vu certains artefacts autochtones primitifs prêtés au musée, elle déclare : « Ces œuvres m’ont inspirée. J’avais l’impression de tout savoir à leur sujet. Je suppose que c’est ce qu’on appelle la mémoire raciale. » (Voir aussi Rapatriement d’artefacts.)

Inspirée par cette prise de conscience, Olive Dickason décide d’axer ses recherches sur l’histoire autochtone en Amérique du Nord. À l’âge de 50 ans, elle s’inscrit au programme de maîtrise en histoire de l’Université d’Ottawa. À l’époque, c’est-à-dire en 1970, les étudiants de son âge sont extrêmement rares. Elle est toutefois déterminée à améliorer la documentation historique des Premières Nations du Canada et à écrire sur les Autochtones au Canada français.

Aucun candidat au doctorat en histoire n’a jusqu’alors rédigé de thèse sur l’histoire des Premières Nations au Canada. Les études autochtones étant alors pratiquement inexistantes, Olive Dickason a du mal à dénicher un directeur de thèse. Plus tard, elle souligne l’attitude répandue à l’époque : « Il n’y a aucune preuve historique. Les Indiens formant une société sans écriture et donc basée sur la transmission orale, ils sont dépourvus d’histoire. »

En 1972, Olive Dickason décroche sa maîtrise. Sa thèse s’intitule Louisbourg and the Indians : A Study in Imperial Race Relations, 1713-1760 (Louisbourg et les Indiens : une étude des relations raciales impériales de 1713 à 1760). Elle se sent alors toujours investie de la mission de prouver que des civilisations autochtones florissantes et productives se sont épanouies pendant des siècles en Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens.

Persévérant dans ses études, Olive Dickason obtient un doctorat en histoire autochtone canadienne en 1977. En 1984, elle publie sa thèse de doctorat, intitulée The Myth of the Savage and the Beginnings of French Colonialism in the Americas (Le mythe du sauvage et les débuts du colonialisme français aux Amériques), auprès des presses de l’Université de l’Alberta.

Carrière d’universitaire et d’éditrice

Désormais docteure, Olive Dickason commence à enseigner à l’Université de l’Alberta. En 1985, elle y est nommée professeure titulaire. Ses articles scientifiques et ses principaux ouvrages, désormais intégrés à des programmes d’études des quatre coins du monde, lui valent d’être reconnue comme la référence en matière d’histoire des peuples autochtones et métis.

Publié en 1992, son ouvrage Les Premières nations du Canada : histoire des peuples fondateurs depuis les temps les plus lointains est lauréat du prix Sir John A. Macdonald de 1993 pour la meilleure œuvre savante en histoire du Canada (désormais intitulé Prix du meilleur livre savant en histoire canadienne de la Société historique du Canada). Une quatrième édition, mise à jour par l’historien David T. McNab, est publiée en 2009 par les presses de l’Université Oxford.

LE SAVIEZ-VOUS?
En 1993, l’année même où Olive Dickason reçoit le prix Sir John A. Macdonald pour son ouvrage Les Premières nations du Canada (1992), elle se présente aux élections provinciales de l’Alberta comme candidate du NPD dans la circonscription d’Edmonton-Ruthherford. Percy Wickman, le député libéral sortant, se fait toutefois réélire.


Olive Dickason publie également Indian Arts in Canada (1972) et Visions of the Heart (1996), avec éditions mises à jour Visions of the Heart : Canadian Aboriginal Issues (2010) et Visions of the Heart: Issues Involving Aboriginal Peoples in Canada (2016), en collaboration avec David Long. En outre, sa bibliographique comporte A Concise History of Canada’s First Nations (2010) et Indigenous Peoples Within Canada : A Concise History (2018), tous deux écrits en collaboration avec William Newbigging.

Olive Dickason est également éditrice de The Native Imprint : The Contribution of First Peoples to Canada’s Character (1995), tout en rédigeant à titre de pigiste pour le Globe and Mail des critiques de livres, dont Stolen from Our Embrace, ouvrage traitant de la politique du gouvernement fédéral d’insertion forcée d’enfants autochtones dans les pensionnats.

Olive Dickason prend sa retraite à 72 ans. Décédant le 12 mars 2011 à Ottawa, elle est enterrée dans le cimetière Beechwood de la même ville.

LE SAVIEZ-VOUS?

En 1985, lorsqu’Olive Dickason est contrainte de prendre sa retraite à l’âge de 65 ans, elle porte plainte contre l’Université de l’Alberta auprès de la Commission des droits de la personne de l’Alberta. Elle avance que la politique de retraite obligatoire de l’université viole la Loi sur la protection des droits des particuliers de la province. Une commission d’enquête constituée pour l’occasion tranche en sa faveur et ordonne sa réintégration. Bien que la Cour du Banc de la Reine confirme cette décision, la Cour d’appel fédérale l’infirme ensuite. En 1992, dans son jugement à quatre voix contre trois, la Cour suprême du Canada se prononce contre elle dans la cause Dickason c. Université de l’Alberta. Elle continue alors ses recherches à titre de chargée de cours à temps partiel.


Importance et héritage

Olive Dickason contribue de manière significative à la compréhension et à la connaissance qu’ont les Canadiens des peuples autochtones et métis. En tant que journaliste, professeure et universitaire, elle sert de modèle aux étudiants, aux femmes et aux membres de sa communauté métisse.

L’institut Gabriel-Dumont possède une collection de lettres, d’articles et de documents connexes d’Olive Dickason. Le Musée canadien de l’histoire, situé à Gatineau, au Québec, rend hommage à Olive Dickason et à ses ouvrages.

À l’Université de Calgary, la First Nations Student Association et le Native Centre décernent le prix Dr. Olive Dickason à un ou une étudiant(e) autochtone ayant su relever des défis considérables et réussir ses études.

L’Université de l’Alberta lui consacre une salle en 2017, tandis que l’Université Trent de Peterborough, en Ontario, met à disposition des étudiants en études autochtones la salle de lecture Olive Dickason.

Prix et distinctions

  • Membre de l’Ordre du Canada (2016)
  • Prix d’excellence pour l’ensemble des réalisations, Fondation nationale des réalisations autochtones (1997)