Organismes caritatifs
Il existe plus de 75 000 organismes caritatifs au Canada. De dimension très variable, ils vont du service à petit budget de popote volante du voisinage aux établissements d'éducation et de santé publique administrant un budget de presque un milliard de dollars. La plupart des organismes de charité enregistrés, soit environ 40 %, sont des lieux consacrés au culte. Les organismes voués à l'aide sociale, à l'éducation et à des activités communautaires diverses représentent environ 15 % du total respectivement, tandis que les sociétés de bienfaisance liées au domaine de la santé représentent 8 % du total. Malgré leur omniprésence, on tient rarement compte de l'incidence des oeuvres charitables en termes de macroéconomie. Pourtant, le secteur du bénévolat engendre des revenus annuels de plus de 90,5 milliards de dollars, soit l'équivalent du produit intérieur brut de la Colombie-Britannique.
Avec des revenus huit fois plus importants que ceux du secteur des transports (et beaucoup plus de clients), les organismes caritatifs jouent un rôle considérable dans l'économie du Canada. Même si on les qualifie de bénévoles, ils emploient plus de 1,3 million de Canadiens et génèrent un emploi sur onze. En plus de leurs employés salariés, ils peuvent compter sur plus de 7,5 millions de bénévoles, soit un adulte sur trois. L'apport économique de ces derniers est évalué à 16 milliards de dollars annuellement.
Les bouleversements politiques, fiscaux et économiques ont donné une nouvelle importance au secteur du travail bénévole. Mais on oublie souvent qu'une grande partie des fonds dépensés par les associations philanthropiques - deux dollars sur trois - proviennent des coffres gouvernementaux. De plus, ce secteur a fait l'objet de coupures juste au moment où les demandes de services ont augmenté de façon vertigineuse. Les Canadiens ne donnent en moyenne que 239 dollars par année aux oeuvres caritatives et moins de 5 % des entreprises font des dons. Les collectes de fonds auprès des particuliers et des sociétés génèrent plus de 10,5 milliards de dollars annuellement, mais elles ont un potentiel de croissance limité compte tenu des règles de taxation existantes et des habitudes philanthropiques des Canadiens.
Depuis le milieu des années 1990, des groupes ont réclamé une réglementation plus sévère du secteur du bénévolat et une définition élargie des activités de bienfaisance en vertu des lois canadiennes sur la taxation. La majorité des pressions proviennent de groupes auxquels on refuse le statut d'organisme de bienfaisance. Ces groupes comprennent des organisations engagées dans le développement économique, le multiculturalisme, la condition féminine et l'environnement. La définition fondamentale sous-jacente à l'activité philanthropique, selon laquelle cette dernière doit viser les individus plutôt que les groupes ou les communautés, est aussi de plus en plus remise en question.