Parasitologie
La parasitologie est une branche de la BIOLOGIE qui traite des organismes (animaux ou, rarement, des plantes) qui vivent dans une autre espèce (hôte) ou sur celle-ci et de laquelle ils tirent leur nourriture. Ces organismes sont appelés parasites. Cette définition plutôt simpliste comprend des VIRUS, protozoaires et BACTÉRIES, diverses espèces de vers, d'INSECTES, de TIQUES, de MITES et de Copépodes (voirCRUSTACÉS). Certains parasites causent des pathologies graves aux humains ainsi qu'aux animaux domestiques et sauvages, quoique la plupart semblent avoir des effets mineurs sur leurs hôtes. Un grand nombre d'entre eux ont des cycles biologiques complexes et fascinants qui se déroulent dans deux ou plusieurs hôtes.
On trouve de nombreux types de parasites chez les humains ainsi que chez les animaux domestiques et sauvages du Canada, mais heureusement ils sont moins nuisibles à la santé que certaines espèces des pays chauds. L'augmentation de la fréquence des cas de parasitisme notée récemment est attribuable à l'augmentation des voyages vers des pays tropicaux et à une hausse de l'immigration en provenance de ces pays. Plusieurs chercheurs canadiens ont contribué à l'acquisition de connaissances sur les parasites du Canada et d'ailleurs. Les travaux de recherche portant sur les virus et les bactéries relèvent de départements de recherche distincts ou sont regroupés sous celui de la MICROBIOLOGIE. La parasitologie est parfois incluse dans cette discipline ou dans des départements de ZOOLOGIE ou de pathologie.
Par exemple, il y a presque 100 ans, le Canadien William G. MACCALLUM a étudié un parasite du sang des oiseaux semblable à celui qui est responsable de la malaria. Il a découvert un stade de développement qui a conduit à la compréhension du développement du parasite responsable de la MALARIA chez l'humain. Cette maladie grave est causée par un parasite du sang transmis par les MOUSTIQUES du genre Anopheles, mais seulement après certaines transformations du parasite qui se développe dans le corps des moustiques. J.L. Todd, le premier professeur de parasitologie au Canada (à McGill), a étudié les trypanosomes (protozoaires parasites) qui causent la maladie du sommeil chez les humains en Afrique et, avec Dutlon, il a montré que la fièvre récurrente était transmise par des tiques.
Les premiers explorateurs ont relaté des histoires horribles d'attaques par des moustiques et des MOUCHES NOIRES. Les punaises des lits causèrent bien des souffrances dans les camps de bûcherons et les pensions de famille. Au milieu du XIXe siècle, des milliers d'immigrants sont morts du typhus pendant leur voyage vers le Canada ou après y être arrivés. À l'époque, on ne savait pas que cette maladie redoutable était transmise par les POUX.
L'importance de l'ENTOMOLOGIE pour l'agriculture ainsi que pour la santé humaine et animale est reconnue en 1884 avec la nomination de James FLETCHER au poste de premier entomologiste du Dominion. En 1832, John ROLPH fonde une école médicale où il donne des cours sur la malaria, qui sévit dans le Haut-Canada à l'époque. Dès les années 1850, les Canadiens écrivent des articles sur les parasites. Au Private Veterinary College, mis sur pied par Andrew SMITH en 1862 (ultérieurement appelé le Ontario Veterinary College), on donnait des cours sur la parasitologie. Dans les années 1880, Ramsay WRIGHT de l'Université de Toronto et William OSLER de l'U. McGill étudient divers parasites. Leur travail, leur influence et leur encouragement ont stimulé la recherche dans ce domaine au cours du XXe siècle.
E.A. WATSON et Seymour Hadwen sont parmi les chercheurs les plus en vue dans ce domaine. Ils travaillent pour le gouvernement fédéral à la Direction générale de l'hygiène vétérinaire. Leurs études portent sur la dourine, une maladie des chevaux causée par un trypanosome, un petit organisme unicellulaire du sang qui cause la stérilité. Grâce à leur travail et à celui de leurs collègues, la dourine est éradiquée du Canada.
M. Hadwen a également découvert le cycle biologique de l'Oestre du boeuf. Cet Insecte affecte les bovins de deux façons : premièrement, les mouches qui s'apprêtent à pondre leurs oeufs sur les poils effraient les animaux qui s'adonnent à des courses affolées pour s'échapper ; deuxièmement, la larve qui éclôt de l'oeuf pénètre sous la peau pour s'y développer et réémerger après plusieurs semaines pour ensuite se transformer en mouche au sol. Le cuir est ainsi considérablement dévalué. Des recherches subséquentes effectuées par d'autres chercheurs ont montré l'utilité des produits chimiques dans la lutte contre ces insectes nuisibles. Plus récemment, les scientifiques qui travaillent à la STATION DE RECHERCHE EN AGRICULTURE de Lethbridge, ont montré que l'on pouvait contrôler les populations de ces insectes et même les éliminer en lâchant au moment opportun des mâles stériles dans l'environnement.
La parasitologie a connu un essor en 1932 avec la création de l'Institute of Parasitology, au Collège Macdonald, avec T.W.M. Cameron comme premier directeur, et la création du Department of Veterinary Science de la Fondation de recherches de l'Ontario, dirigé par M. Hadwen. À la même époque, Edmund M. WALKER , du département de zoologie, et D.T. Fraser, du département de médecine préventive de l'U. de Toronto encouragent la recherche et l'enseignement dans ce domaine. Le Ontario Veterinary College, qui s'intéressait depuis longtemps au sujet, a créé un département de parasitologie dirigé par Anthony Kingscote. Après la création d'une ferme expérimentale vouée à l'élevage des animaux à fourrure (Ontario Experimental Fur Farm), on a accordé plus d'attention aux parasites des animaux sauvages. Au cours des décennies suivantes, des parasitologistes ont joint le personnel des universités et des institutions fédérales et provinciales, et la recherche a connu un essor et a produit des résultats substantiels dans plusieurs centres partout au pays. Plusieurs universités offrent maintenant des cours de premier cycle dans ce domaine, et certaines offrent des programmes de deuxième et de troisième cycles conduisant aux grades de maîtrise et de doctorat.
La recherche est une profession remplie de défis, quelquefois frustrante et toujours stimulante. Il faut parfois des années d'efforts patients avant de faire une seule découverte significative. La découverte est gratifiante en soi, particulièrement lorsque ces connaissances ajoutées à celles acquises par d'autres chercheurs peuvent être bénéfiques aux humains et aux animaux.
La contribution de M. Hadwen à la compréhension du cycle biologique de l'Oestre du boeuf fut fondamentale aux travaux subséquents de lutte contre ce parasite et, à certains endroits, à son éradication. Les travaux de M. Watson, qui ont permis d'éliminer la dourine des chevaux, furent aussi d'une grande valeur à une époque où les chevaux étaient essentiels à la pratique de l'agriculture.
Plusieurs scientifiques ont travaillé sur les tiques et les mouches qui affectent le bétail et ont trouvé des mesures plus efficaces de lutte contre ces animaux nuisibles. Après plusieurs années de recherche, on comprend désormais la paralysie des moutons et des humains causée par les tiques dans l'Ouest du Canada. Cependant, plusieurs espèces de tiques sont encore abondantes à certains endroits, et, depuis quelque temps, on s'intéresse à celles qui transmettent la maladie de Lyme.
Le cestode Triaenophorus crassus causa, à une certaine époque, des dommages sérieux aux PÊCHES commerciales dans l'Ouest canadien. On montra qu'un stade intermédiaire du ver dans le corégone devenait mature lorsqu'un poisson infesté était mangé par un Brochet. Des travaux de recherche appliquée furent entrepris pour éliminer le brochet et prévenir ainsi la transmission du parasite. Lee Margolis du Laboratoire de recherche sur les pêches à Nanaimo a trouvé une autre application à l'étude des parasites. Ses travaux montrent que les poissons marins de diverses localités ont des parasites différents qui sont par conséquent des marqueurs biologiques utiles indiquant l'origine du poisson.
Pendant des décennies, la paralysie des orignaux, dans certaines régions du pays, a déconcerté les scientifiques comme les profanes. La cause de cette paralysie était inconnue jusqu'à ce que Douglas Davies observe une espèce de strongle sur les enveloppes membraneuses du cerveau d'un Cerf de Virginie. La définition du cycle biologique de ce ver par R.C. Anderson et l'observation du fait que la maladie de l'Orignal était limitée aux zones de cohabitation avec le cerf lui a permis de conclure que le ver affectait l'Orignal, mais pas le Cerf de Virginie. Les oeufs du ver sont évacués dans les fèces du cerf et les larves s'établissent ensuite dans des escargots où elles subissent des métamorphoses. Les orignaux ou les cerfs sont infectés lorsqu'ils mangent des végétaux sur lesquels se trouvent des escargots parasités.
Afin d'effectuer de la recherche fondamentale sur les parasites, on doit décrire et nommer les espèces, et déterminer leur cycle biologique ainsi que leurs relations avec les autres organismes. Au fur et à mesure que l'on acquiert des connaissances et que les techniques se perfectionnent, les chercheurs approfondissent la génétique, la biologie moléculaire et la chimie fondamentale de la vie des parasites. Des biologistes oeuvrant dans d'autres domaines étudient aussi les parasites et essaient de comprendre pourquoi certaines espèces vivent en équilibre avec leur hôte tandis que d'autres causent des maladies.
Voir aussi CONSERVATION ET AMÉNAGEMENT DE LA FAUNE.