Paysage
Différents types de terrains sont présents au sein du parc national Qausuittuq, depuis des terres humides et des basses terres jusqu’à des plateaux, des falaises et des collines. La surface de l’île Bathurst a été façonnée par la glaciation préhistorique. En se déplaçant à travers les terres, les glaciers ont déposé des couches de roches sédimentaires, notamment du calcaire, du grès et de la dolomie. Parmi les reliefs qu’ils ont laissés derrière eux, on trouve des moraines, des eskers et des plages surélevées, c’est‑à‑dire d’anciennes plages qui sont désormais situées au‑dessus du niveau de la mer.
Faune et flore
Le climat de l’île Bathurst est parmi les plus froids et les plus arides de la planète. La température moyenne s’élève à ‑32 °C en janvier et à seulement 5 °C en juillet. Il peut neiger dès le milieu de l’été. Sur la majeure partie du paysage de toundrade l’île, aucune végétation ne pousse (voir également Régions de végétation). Là où la végétation pousse, on la trouve généralement sur une surface irrégulière de petits hummocks. Dans les zones humides, elle se compose d’un épais tapis de lichens, de mousses, de graminées, de carex et d’herbes comme le pavot d’Islande jaune. La saxifrage à feuilles opposées, une fleur rustique comestible, est l’une des premières à percer au printemps. Emblème floral du Nunavut, répandue dans la toundra, la saxifrage pousse au ras du sol, là où elle se protège le mieux des dommages causés par le vent. Le saule de l’Arctique, dont les branches se tordent sur le sol, est le seul arbre pouvant survivre dans le parc de Qausuittuq.
Malgré les conditions difficiles qui y prévalent, le parc Qausuittuq abrite une faune diversifiée et fait partie des endroits les plus intacts à la surface du globe. Des bœufs musqués parcourent les terres intérieures de l’île Bathurst. C’est essentiellement en vue de protéger les aires de mise bas et les habitats d’hiver essentiels du caribou de Peary, une espèce en voie de disparition qui constitue également la plus petite sous‑espèce de caribou présente au Canada, que le parc a été créé. Des études récentes indiquent que les populations de bœufs musqués et de caribous de Peary augmentent. loups arctiques et de renards arctiques constituent certaines des espèces prédatrices que l’on trouve dans le parc.
Contrairement aux terres où prévalent des conditions extrêmes rendant la vie difficile, l’océan Arctique constitue un environnement qui permet à de nombreuses espèces de prospérer. Le phoque annelé et le phoque barbu, qui sont respectivement les phoques les plus nombreux et les plus imposants de l’océan Arctique, vivent dans les eaux au large de l’île Bathurst. On trouve également, dans la région, des morses, des narvals et l’immense baleine boréale, qui peut vivre jusqu’à 200 ans.
Les oiseaux sont également présents en nombre, du moins durant le bref été. La riche vie marine subvient aux besoins alimentaires d’oiseaux marins comme les mouettes et les labbes. La cariçaie humide constitue un terrain de nidification idéal pour les oies des neiges et les oiseaux de rivage. Le refuge d’oiseaux migrateurs de l’île Seymour, qui protège la plus grande colonie de Mouettes blanches connue au Canada, se situe juste au nord du parc.
Les ours polaires vivent entre la terre ferme et la mer, parcourant la glace pratiquement présente tout au long de l’année.
Histoire du peuplement humain
On trouve, sur l’île Bathurst, essentiellement au sud et à l’est du parc, des traces, remontant à 4 500 ans, témoignant de la vie des Inuits de Thulé ainsi que de peuples ayant appartenu aux cultures pré‑Dorset et Dorset. Les archéologues ont fait des découvertes liées au Dorset tardif, entre 500 et 1 200 avant notre ère, près de l’inlet Bracebridge, dans la partie sud du parc Qausuittuq.
À partir du début du 19e siècle, plusieurs expéditions navales britanniques arrivent dans la région de l’île Bathurst, à la recherche de l’insaisissable passage du Nord‑Ouest ou de l’expédition Franklin portée disparue (voir Recherche de l’expédition Franklin).
Au 20e siècle, les explorateurs cherchent à établir la souveraineté du Canada dans l’Arctique et y conduisent des recherches géographiques, géologiques, hydrologiques et biologiques. Les explorations entreprises plus récemment dans la région ont plutôt pour objectif de rechercher des ressources naturelles comme le pétrole, le gaz et les minéraux.
Dans les années 1950, le gouvernement canadien déplace de force 87 Inuit à environ 2 000 km d’Inukjuak, dans le nord du Québec, et de Pond Inlet, dans le nord de l’île de Baffin, à Resolute et à Grise Fjord. Ces nouvelles collectivités deviennent les implantations humaines les plus septentrionales du Canada. Les Inuit doivent s’adapter à un climat beaucoup plus froid, à un terrain inconnu et à la rareté des ressources nécessaires à leur survie. Ayant à supporter 24 heures d’obscurité pendant l’hiver, ils appellent leur nouveau lieu de résidence du Haut‑Arctique « Qausuittuq », « l’endroit où le soleil ne se lève jamais » (voir aussi Cercle polaire). Finalement, ils découvrent des zones de chasse maritimes et terrestres qui deviennent essentielles à leur survie, notamment une région hébergeant de nombreux caribous qu’ils peuvent chasser, sur l’île Bathurst toute proche.
Création du parc
La création d’un parc national sur l’île Bathurst est proposée, pour la première fois, en 1994. Dès cette date, des pourparlers sont engagés entre le gouvernement canadien et la Resolute Hunters and Trappers Organization. Les études de faisabilité et les négociations se poursuivent jusqu’en 2015, date à laquelle une entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuit a été signée entre le gouvernement fédéral et la Qikiqtani Inuit Association représentant les communautés inuites dans la région de Baffin. Le 1er septembre 2015, Qausuittuq est établi en tant que 45e parc national du Canada. Les premiers touristes arrivent en juillet 2016, et la cérémonie d’inauguration officielle a lieu à Résolute en août 2017.
Gestion du parc et installations pour les visiteurs
Le parc national Qausuittuq est géré conjointement par Parcs Canada et la Qikiqtani Inuit Association. La protection du patrimoine culturel et des écosystèmes du parc constitue l’une des caractéristiques essentielles de l’entente entre ces parties. L’accord prévoit également qu’en matière de décisions de gestion, les Inuit doivent être considérés comme faisant partie intégrante de ces écosystèmes. Ils conservent le droit d’utiliser le parc, de chasser à l’intérieur de ses limites, de ramasser les pierres à sculpter qui s’y trouvent, ainsi que de participer à toutes les facettes de sa gestion.
Bien qu’en 2018, aucune installation n’ait encore été mise en place pour les visiteurs, ces derniers sont encouragés à se rendre dans le parc. Le terrain est accidenté, il peut être sec ou humide, composé de roches brisées ou de prairies boueuses, et aucun sentier n’est marqué. L’accès se fait par avion affrété, par bateau, par motoneige ou par traîneau à chiens depuis la communauté de Resolute, où Parcs Canada prévoit construire un centre d’accueil et un bureau du parc.