Patriotes
Nom donné à partir de 1827 au PARTI CANADIEN et au mouvement populaire qui aboutit aux RÉBELLIONS DE 1837 et de 1838. Ce parti, dirigé surtout par des membres des professions libérales et par des petits commerçants, trouve un large appui chez les agriculteurs, les journaliers et les artisans. Principalement francophone, il comprend une minorité d'anglophones. Parmi les leaders les plus célèbres, on distingue Louis-Joseph PAPINEAU, Jean-Olivier Chénier et Wolfred Nelson.
Même si les Patriotes détiennent la majorité à la Chambre d'assemblée élue du BAS-CANADA, leurs adversaires, la bourgeoisie marchande, l'aristocratie et l'administration coloniale, nommés par le gouverneur aux Conseils exécutif et législatif, obtiennent la plus grande part du pouvoir. Les Patriotes réclament des réformes politiques, incluant la responsabilité ministérielle et l'éligibilité du Conseil législatif. Ces revendications, prononcées au nom de la démocratie et du droit des peuples à se gouverner eux-mêmes, révèlent une idéologie à la fois libérale, nationaliste et anticolonialiste.
Selon certains auteurs, les Patriotes associent à leur programme politique une volonté de réaliser à moyen terme un projet de développement économique intégral du Bas-Canada au profit de la majorité de ses habitants et, bien sûr, de ceux qui la représentent. D'autres historiens affirment plutôt que c'est un projet socioéconomique rétrograde et conservateur qui se profile derrière une façade politique libérale. Les Patriotes, sauf ceux de 1838, favorisent le maintien du RÉGIME SEIGNEURIAL et défendent plus volontiers les intérêts de l'agriculture que ceux du commerce. En bloquant les projets économiques de leurs opposants, ils freinent le développement du capitalisme britannique dans la colonie. En fait, les positions ne sont ni univoques ni statiques. Le conflit social et national s'exacerbe tout au long de la décennie 1830 et le parti radicalise ses buts et ses moyens de pression, ce qui ne va pas sans scission entre partisans modérés et extrémistes.
En 1834, les Patriotes exposent dans les 92 Résolutions leurs principaux griefs. La Grande-bretagne rejette ces demandes de réforme et tranche la querelle des subsides en autorisant, par les résolutions Russell de mars 1837, le gouverneur de la colonie à se passer du vote de la Chambre d'assemblée pour les crédits budgétaires. Cette décision provoque de nombreuses manifestations de protestation, et, bientôt, la violence verbale cède la place à l'affrontement armé. Incendies de maisons patriotes, emprisonnements, exils, procès et pendaisons suivent les Rébellions de 1837-1838. L'échec de celles-ci entraîne la disparition du Parti patriote. Plusieurs de ses anciens dirigeants reviennent toutefois à la politique active sous le régime de l'Union (voir PROVINCE DU CANADA.
Voir aussi FILS DE LA LIBERTÉ.