Peter Baker (également connu sous le nom d’Ahmad Ali Ferran ou Bedouin Ferran), un des premiers musulmans canadiens, marchand de fourrures, politicien, aventurier (né le 18 avril 1877 au Liban; décédé le 13 novembre 1973 à Rochester dans l’État de New York). De 1964 à 1967, Peter Baker a été un membre élu du Conseil des Territoires du Nord-Ouest, ce qui en fait le premier politicien musulman du Canada. Il a également été le premier pionnier musulman à écrire un mémoire sur sa vie au Canada.
Jeunesse
Peter Baker est le premier musulman du Canada à écrire ses mémoires, nous en savons donc beaucoup sur sa vie.
Il naît sous le nom Ahmad Ali Ferran, au Liban. Alors qu’il est jeune homme, il quitte son village ancestral sans nom dans ce qui est maintenant le Liban, en 1907. Sa décision est motivée par le fait que l’armée turque enrôle tous les hommes de l’âge de 21 ans. « Ils avaient l’habitude d’envoyer tous les conscrits combattre les rebelles arabes au Yémen », écrit-il. « Presque aucun d’entre eux ne revenait. Ils mouraient de diverses maladies ou étaient éventuellement tués. »
Ahmad Ali Ferran quitte le Liban en bateau et il finit par travailler en Angleterre, dans le Maine, dans le nord de l’État de New York, à Boston et à South Bend dans l’Indiana.
Alors qu’il est à Worcester au Massachusetts, il travaille dans une cuisine du College of the Holy Cross. Il y rencontre le frère Campbell qui décide qu’Ahmad Ali Ferran devrait porter un nom à consonance plus occidentale. Par conséquent, Ahmad Ali Ferran change son nom pour « Peter Baker » parce que Ferran signifie Baker en arabe. On ne sait pas exactement pourquoi il a choisi le prénom « Peter ».
Vie au Canada
En 1911, Peter Baker quitte Indianapolis pour Edmonton parce qu’un ami, James Morie, s’y est installé et lui demande de l’y rejoindre.
À l’époque, de nombreux nouveaux immigrants de l’Empire ottoman se rendent à Edmonton, « la porte d’entrée du Nord ». Beaucoup espèrent gagner suffisamment d’argent pour retourner dans leur village d’origine et commencer une nouvelle vie. Cependant, ils finissent souvent par rester. Peter Baker ne fait pas l’exception. Bien que plusieurs d’entre eux commencent leur vie dans les Prairies en travaillant comme colporteurs et colons agriculteurs, plusieurs deviennent propriétaires de magasins et hommes d’affaires. D’autres se lancent dans des métiers comme la traite des fourrures et l’élevage de visons.
Edmonton est également en voie de devenir l’épicentre de la vie musulmane au Canada (voir Hilwie Hamdon). Au début des années 1930, les membres de la communauté fondent les premières organisations musulmanes au Canada : la Ladies’ Muslim Society et la Arabian Moslem Association. Ces groupes sont à leur tour responsables du financement et de la construction de la première mosquée du Canada, la mosquée Al Rashid, en 1938.
À Edmonton, Peter Baker occupe de nombreux emplois, dont un emploi dans un magasin de peaux de fourrures. C’est là qu’il apprend le lucratif commerce de la fourrure, qui lui est éventuellement très utile lorsqu’il s’installe dans le Nord.
Il se rend d’abord en Colombie-Britannique, où il construit des maisons de chambres pour les travailleurs des scieries. Ensuite, il construit un magasin général à Fort Smith dans les Territoires du Nord-Ouest, avec James Morie, son partenaire commercial de l’époque. Lorsque ce partenariat se détériore, Peter Baker demeure dans le Nord et il ouvre d’autres magasins. Selon Aaron Hughes, il aide également d’autres migrants libanais récemment arrivés, comme Mohamed Noghedi (alias Bud Alley), à mettre des entreprises sur pied et à faire la traite des fourrures avec des communautés autochtones du Nord, comme les Cris et les Dénés.
« Arabe de l’Arctique »
Alors qu’il est dans le Nord, Peter Baker est « libre-échangiste »; un individu qui fait du commerce avec les communautés autochtones indépendamment des grandes compagnies de fourrures, comme la Compagnie de la Baie d’Hudson, et souvent en concurrence avec elles. (Voir Traite des fourrures au Canada.) La Compagnie est très contrariée par ces « libre-échangistes ». Au milieu des années 1920, elle fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il adopte une loi limitant tous les achats de fourrures aux postes d’achat de fourrures officiellement autorisés. (Voir aussi Postes de traite de la HBC au Canada.) Peter Baker contourne ce problème en ouvrant des postes de traite improvisés partout où il va.
Les communautés autochtones du Nord donnent à Peter Baker le surnom « l’Arabe de l’Arctique ». Peter Baker lui-même utilise ce surnom dans le titre de son autobiographie, Memoirs of an Arctic Arab: A Free Trader in the Canadian North, the Years 1907–1927. Le livre est publié en une série dans le journal de Yellowknife, le News of the North (maintenant News/North). Plus tard, après le décès de Peter Baker en 1973, il est publié sous la forme d’un livre.
Bien que Peter Baker ait été l’un des premiers musulmans de l’Ouest canadien, dans son livre il ne parle pas vraiment de ce que l’islam signifie pour lui, hormis le fait qu’il ne mange pas de bacon. Toutefois, son livre raconte la vie d’un marginal par excellence, doté d’un esprit indomptable pour le voyage et l’aventure, et d’un sens aigu des affaires.
Vie politique
Plus tard dans sa vie, Peter Baker se tourne vers la politique et il est élu membre du Conseil des Territoires du Nord-Ouest, aujourd’hui appelé Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest. Il occupe ce poste de 1964 à 1967. Il devient le premier politicien musulman au Canada, voire en Amérique du Nord. Il bat le député sortant, E.J. « Scotty » Gall, en grande partie grâce au vote autochtone dans la région. (Voir Peuples autochtones au Canada.) Peter Baker fait de la traite commerciale équitable avec ces communautés pendant plus de 40 ans et il semble avoir appris le chipewyan pour mieux communiquer avec elles. En tant que conseiller, il propose notamment que Yellowknife devienne la capitale des Territoires du Nord-Ouest.
Après avoir passé la majeure partie de sa vie dans le Nord, Peter Baker se rend aux États-Unis pour se faire soigner d’une maladie oculaire provoquée par la cécité des neiges. Il meurt à Rochester, dans l’État de New York.
Après son décès, son corps est transporté à Edmonton pour des funérailles musulmanes à la mosquée Al Rashid, le 19 novembre 1973. Il est ensuite enterré à Yellowknife.