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Place de l’Ontario

La Place de l’Ontario est une attraction touristique de 627 000 m2 (155 acres) située aux abords du lac Ontario, à Toronto. Géré par la province de l’Ontario, le parc ouvre ses portes le 22 mai 1971. L’une des attractions principales de ce projet de 29 millions de dollars est la Cinésphère, soit le premier cinéma IMAX permanent au monde. À l’exception de l’espace Atlantis (un espace événementiel), de la marina et des lieux de spectacles, le gouvernement provincial ferme la Place de l’Ontario de 2012 à 2017 pour réaliser des économies. Bien que bon nombre des attractions du parc ferment officiellement pendant cette période, d’autres, comme la Cinésphère, rouvrent plus tard leurs portes. Le gouvernement provincial travaille actuellement avec des promoteurs pour réinventer l’espace.

Cinesphere

Origines

La Place de l’Ontario est inspirée du succès du pavillon de l’Ontario à l’Expo 67, qui avait attiré de grandes foules pour le visionnement du court-métrage oscarisé A Place to Stand. Après l’Expo 67, le gouvernement de l’Ontario souhaite créer une attraction touristique permanente mettant en vedette les réussites et le potentiel de la province, le tout dans une ambiance festive. Le site de la Place de l’Ontario est sélectionné à la fois pour stimuler le développement du secteur riverain de Toronto et pour revitaliser le site de l’Exposition nationale canadienne.

Design

Pavillons de la Place de l’Ontario, 2012

Le design de la Place de l’Ontario est l’œuvre de l’architecte germano-canadien Eberhard Zeidler, du cabinet Craig, Zeidler et Strong. Celui-ci se laisse guider par trois principes : la flexibilité pour permettre la tenue de plusieurs expositions; la revitalisation du secteur riverain, coupé du reste de la ville lors de la construction de l’autoroute Gardiner; et le développement d’un parc urbain unissant ville et nature.

Au départ nommé Ontario Showcase (Vitrine de l’Ontario), le site est bâti sur deux îles artificielles formées avec le surplus de terre généré par la récente expansion du métro de Toronto et la construction de l’immeuble de bureaux Commerce Court, dans le quartier financier. Eberhard Zeidler conçoit cinq pavillons (appelés « pods » en anglais) de 743 m2 (8 000 pi2) et de 3 étages, suspendus au-dessus du lac. Ceux-ci sont destinés à accueillir des expositions portant sur le passé, le présent et le futur de l’Ontario, ainsi qu’un restaurant. Le cœur du design, toutefois, est la Cinésphère, un énorme cinéma imbriqué dans un dôme géodésique avec la toute première salle IMAX permanente au monde.

Le saviez-vous ?
La Cinésphère de la Place de l’Ontario est inspirée du pavillon des États-Unis à l’Expo 67, soit un dôme géodésique conçu par l’architecte américain renommé Buckminster Fuller. Les conceptions « géodésiques » consistent à utiliser des formes triangulaires simples pour créer des objets sphériques. Elles offrent de plus grands espaces sans colonnes de soutien que toute autre structure, ce qui permet d’économiser des matériaux et de l’argent. Buckminster Fuller avait comme mission personnelle d’améliorer l’habitation humaine pour la rendre plus efficace et abordable. Le dôme géodésique qu’il a conçu visait à atteindre cet objectif. (Voir aussi La Biosphère de Montréal.)


Grâce à son design moderne, Eberhard Zeidler reçoit de nombreux prix, dont le prix d’excellence pour les architectes canadiens en 1969 et le Prix du XXe siècle en 2017.

Ouverture

À l’ouverture de la Place de l’Ontario le 22 mai 1971, la foule s’avère moins nombreuse que prévu, possiblement en raison de l’alarmisme des responsables du parc et des médias qui craignent des bouchons de circulation. Pendant la cérémonie d’inauguration, le premier ministre de l’Ontario de l’époque, William Davis, dit du parc qu’il est un « symbole encourageant et permanent du travail et des réussites des Ontariens ».

Après des pertes de 2,2 millions de dollars pendant sa première saison, la programmation de la Place de l’Ontario est modifiée et des spectacles de musique de plus grande envergure sont présentés au Forum, un amphithéâtre. Le « Village des enfants », une aire de jeux conçue par Eric McMillan et inaugurée en 1973, offre quant à elle des modules, des structures d’escalade et, peu de temps après, une zone de jeux d’eau. La première glissade d’eau d’importance au Canada y est d’ailleurs construite en 1978.

Évolution

En 1980, afin de promouvoir le nord de l’Ontario, l’attraction Ontario North Now ouvre ses portes. Formée de sept silos de béton interreliés, elle met en valeur les communautés, les industries et les ressources de cette région de la province. L’attraction demeure ouverte pendant une dizaine d’années avant que le ministère du Développement du Nord et des Mines juge qu’elle n’est plus utile en tant qu’outil promotionnel.

De son côté, l’attraction Future Pod, ouverte de 1982 à 1985, présente les technologies émergentes, comme les ordinateurs personnels et les réacteurs nucléaires, en plus d’exposer une réplique du bras spatial canadien. Après sa fermeture, les locaux sont occupés jusqu’en 1989 par le Temple de la renommée du baseball canadien, qui déménage ensuite à son emplacement actuel, à St. Marys, en Ontario. Ailleurs dans le parc, le manège aquatique Wilderness Adventure est inauguré en 1985.

En 1994, deux changements importants surviennent : deux des pavillons sont transformés pour créer l’espace événementiel Atlantis, destiné aux mariages et aux événements spéciaux; et le Forum ferme ses portes pour être remplacé par l’amphithéâtre Molson Canadian (aujourd’hui la scène Budweiser). Le nouvel amphithéâtre ouvre ses portes le 18 mai 1995 avec un concert de Bryan Adams.

Glissades d’eau, Place de l’Ontario

Fermeture et réouverture

Pendant un certain temps, le gouvernement et les gestionnaires du parc continuent d’offrir une programmation conjuguant les anciennes et les nouvelles activités et en viennent à rénover la Cinésphère et à ajouter Echo Beach, un lieu de spectacles en plein air. Pendant ce temps, la fréquentation du site passe d’un sommet d’environ 3,3 millions de visiteurs par année au début des années 1980 à, selon les sources variées, entre 330 000 et 560 000 personnes en 2011.

Le 1er février 2012, le gouvernement libéral de Dalton McGuinty annonce que, à l’exception de l’espace Atlantis, de la marina et des scènes de spectacle, la Place de l’Ontario fermera ses portes pour une période pouvant aller jusqu’à 5 ans. Il souligne notamment que le parc n’est plus viable financièrement en raison de la faible fréquentation et de la dette provinciale en croissance. Le gouvernement estime alors que la fermeture du parc permettra d’économiser 20 millions de dollars par année.

Un comité consultatif mené par John Tory (à l’époque président de l’organisation CivicAction et plus tard maire de Toronto) publie en 2012 un rapport qui recommande l’ouverture du site toute l’année, sans frais d’entrée. « Les gens ont à cœur la Place de l’Ontario et aimeraient la voir redevenir un centre d’intérêt vivant », peut-on lire dans l’introduction du rapport. Des chefs de syndicats et le Nouveau parti démocratique provincial critiquent alors le rapport, qui propose également de réserver 15 % de la zone au développement résidentiel. Ils craignent notamment que des condominiums de luxe soient construits aux abords du lac.

Pendant la fermeture, 30 000 m2 (7,5 acres) de stationnement à l’extrémité est du site sont transformés en sentier riverain. C’est ainsi que le sentier William G. Davis et le parc Trillium voient le jour en juin 2017. La Cinésphère, à laquelle est ajouté un nouveau système de projection, rouvre ses portes la même année.

Avenir

En novembre 2018, le gouvernement provincial du premier ministre Doug Ford dépose la Loi de 2018 abrogeant la Loi sur la Société d’exploitation de la Place de l’Ontario afin de dissoudre la société et, par le fait même, son conseil d’administration. Un nouveau conseil est alors formé, et un appel de projets de développement est lancé en 2019. Celui-ci se conclut par la formation de trois partenariats : Therme Group devient responsable de créer un parc aquatique et un complexe de mieux-être accessibles toute l’année; Écorécréo Group s’engage à créer un parc d’attractions familial; et le promoteur d’événements Live Nation est mandaté de redévelopper l’amphithéâtre et de le rendre utilisable toute l’année. Des promesses de collaboration sont aussi faites avec le Centre des sciences de l’Ontario en matière de programmation éducative à la Cinésphère et dans les pavillons. La construction, qui devrait commencer en 2024, devrait se terminer entre 2027 et 2030.

Environ au même moment que le gouvernement Ford dépose sa loi de 2018 sur la Place de l’Ontario, l’attraction est retirée d’une liste provinciale de sites patrimoniaux culturels à laquelle elle avait été ajoutée en 2014. Toutefois, la Ville de Toronto l’ajoute sur son propre registre patrimonial. En 2020, le World Monuments Fund, un organisme new-yorkais sans but lucratif, ajoute la Place de l’Ontario à sa liste de 25 sites culturels mondiaux menacés. Il lance également le projet Future of Ontario Place, avec des collaborateurs locaux, pour sensibiliser la population à l’importance culturelle du site, préserver son architecture et encourager son utilisation.