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Politique en Saskatchewan

Le gouvernement de la Saskatchewan est dirigé par le premier ministre Scott Moe, chef du Parti saskatchewanais. Le Parti saskatchewanais, dont la dernière élection remonte au 28 octobre 2024, détient 35 sièges sur les 61 sièges de l’Assemblée législative, et il est au pouvoir depuis 2007. Le lieutenant-gouverneur Russell Mirasty, un ancien membre de la GRC et nommé en 2019, est le premier lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan d’ascendance autochtone. Le tout premier ministre de la province, Walter Scott, a commencé son mandat en 1905, après l’entrée de la Saskatchewan dans la Confédération. Les événements clés de l’histoire politique de la Saskatchewan incluent l’élection de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC) en 1944, qui était le premier gouvernement socialiste du Canada et le précurseur du Nouveau Parti démocratique (NPD). La FCC a mis en place un système d’assurance-maladie qui a éventuellement été adopté à l’échelle nationale. Plus récemment, la Saskatchewan a vu la montée du Parti saskatchewanais, parti de centre droit, qui est devenu la force politique dominante de la province.

Drapeau de la Saskatchewan

Structure du gouvernement provincial

L’Assemblée législative de la Saskatchewan compte 61 sièges. Les représentants qui occupent ces sièges sont appelés députés. Ils se réunissent en session législative deux fois par année. Une courte session de six semaines commence en octobre, et une session de printemps plus longue commence en mars. Des élections à date fixe sont organisées sur des cycles de quatre ans. Les deux plus grandes villes de la Saskatchewan, Saskatoon et Regina, ont respectivement 16 et 13 circonscriptions, tandis que les plus petites villes, les villages et les régions rurales ont un total combiné de 32 circonscriptions.

La Confédération et les premiers gouvernements : de 1905 à 1944

La Saskatchewan devient officiellement une province lorsqu’elle se joint à la Confédération en septembre 1905. Elle est découpée à partir de ce qui était les Territoires du Nord-Ouest pour englober le riche sol agricole de la prairie-parc. Les possibilités d’exploitation agricole de la nouvelle province en font un pôle d’attraction pour l’immigration et la colonisation.

Walter Scott, un libéral, est la toute première personne à devenir premier ministre de la Saskatchewan. Il est nommé par le lieutenant-gouverneur de la province. Walter Scott et les libéraux remportent une élection subséquente en décembre 1905. Walter Scott est premier ministre jusqu’en 1916 et il est suivi par une série de premiers ministres libéraux : William Martin (1916-1922), Charles Dunning (1922-1926), James Gardiner (1926-1929, 1934-1935) et William Patterson (1935-1944). Entre le début du mandat de Walter Scott en 1905 et la fin du mandat de James Gardiner en 1929, les libéraux détiennent le pouvoir pendant 24 ans. La seule interruption du pouvoir des libéraux a lieu en 1929 avec l’élection du chef conservateur J. T. Anderson, qui est premier ministre jusqu’en 1934.

James Gardiner

Pendant le premier quart de siècle de gouvernement libéral, la province est un foyer d’immigration. Des vagues de colons en provenance de l’est du Canada et de l’Europe affluent en Saskatchewan, établissant l’économie agricole et céréalière de la province. L’ampleur de l’immigration est telle qu’en 1930, la Saskatchewan est la troisième province la plus peuplée du Canada. En 1906, un an après son entrée dans la Confédération, la Saskatchewan compte une population de 257 763 habitants. En 1931, elle a plus que triplé, atteignant 921 785 habitants.

Les gouvernements libéraux provinciaux de cette période se concentrent sur l’établissement et le soutien de l’économie et de la société agricoles de la province. L’économie agricole très dispersée de la Saskatchewan crée un modèle rural de petites villes. Par conséquent, les questions de développement d’un système d’éducation à l’échelle de la province et de soutien à la gouvernance municipale rurale et urbaine sont les principales priorités. L’un des enjeux des premières années de la Saskatchewan est le contrôle des ressources naturelles. Contrairement aux autres provinces, Ottawa conserve le contrôle des ressources naturelles en Saskatchewan (ainsi qu’en Alberta et au Manitoba). La situation est finalement renversée dans les années 1930 avec la Convention sur le transfert des ressources naturelles. Cependant, le contrôle des ressources naturelles demeure une question politique et économique récurrente dans l’histoire de la Saskatchewan.

En 1929, la province élit J.T. Anderson et son Parti conservateur pour un mandat de quatre ans. Leur élection coïncide avec la dépression économique et la sécheresse pluriannuelle qui paralysent l’économie agricole. (Voir La crise des années 1930 au Canada.) C’est aussi une période d’agitation sociale croissante. Pendant une brève période entre 1927 et 1930, le Ku Klux Klan attire de grandes foules dans la province. Ils protestent contre l’immigration non anglophone et adoptent une rhétorique anti-catholique. Le chômage généralisé et une économie rurale en difficulté conduisent également à la création de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC), un parti de gauche. Lors de son congrès de 1933, le parti publie son Manifeste de Regina, dont l’objectif déclaré est de mettre fin au capitalisme. On y lit : « Aucun gouvernement de la FCC ne sera satisfait avant d’avoir éradiqué le capitalisme et mis en œuvre le programme complet de planification socialisée. » En 1935, ce qui est maintenant connu sous le nom de « l’émeute de Regina » se produit lorsqu’une flambée de violence se déclenche entre la police et environ 2000 chômeurs. Les chômeurs font partie de la « Marche sur Ottawa », une manifestation en train qui part de Vancouver et s’arrête à Regina. L’émeute fait deux morts et des centaines de blessés. (Voir aussi Marche sur Ottawa et émeute de Regina.)

Tommy Douglas

Gouvernements FCC-NPD : de 1944 à 1964

Thomas Clement (« Tommy ») Douglas mène la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC) au pouvoir en 1944, formant le premier gouvernement socialiste d’Amérique du Nord. À partir de ce moment, la FCC détient le pouvoir dans la province pendant 20 ans. Au cours de son premier mandat, la FCC se concentre sur la création de sociétés d’État pour stimuler le développement économique. Les entreprises commerciales comprennent, entre autres, le Saskatchewan Government Insurance Office, le Saskatchewan Wool Products, le Saskatchewan Leather Products, le Saskatchewan Clay Products, le Saskatchewan Box Factory et la Saskatchewan Transportation Company. Au cours de son premier mandat, le gouvernement de Thomas Douglas introduit également une assurance-hospitalisation à l’échelle de la province. En 1961, le Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral est formé. À ce moment-là, Thomas Douglas quitte son poste de premier ministre pour devenir chef du NPD fédéral. La FCC change son nom pour devenir le FCC-NPD et Woodrow Lloyd est choisi comme chef du parti et premier ministre de la province. (En 1967, à la suite de sa deuxième défaite consécutive aux élections générales, le FCC-NDP devient simplement le NPD, comme son homologue fédéral.) La réalisation déterminante des années du FCC-NPD est l’établissement du premier système d’assurance-maladie universellement accessible et financé par l’État, en 1962. Ce système sert de modèle à l’assurance-maladie canadienne, créée en 1966.

David Lewis et Tommy Douglas

Gouvernement libéral : de 1964 à 1971

Dirigé par Ross Thatcher, qui est reconnu pour sa rigueur en matière de dépenses, le gouvernement libéral qui suit les années du FCC-NDP se concentre sur l’entreprise privée et la réduction de la taille du gouvernement. Ancien membre de la FCC, Ross Thatcher devient un ardent critique des politiques du FCC-NPD. Lorsqu’il est au pouvoir, il offre d’importantes incitations fiscales pour attirer les investissements privés. En conséquence, le secteur de l’exploitation minière de la potasse connait une expansion rapide, et des intérêts américains et européens investissent dans des mines pour exploiter les vastes réserves de potasse de la Saskatchewan. Toutefois, la croissance rapide de la production de potasse entraine l’effondrement des prix et un système de rationnement de la production imposé par le gouvernement. Ross Thatcher met également en place des frais d’utilisation de l’assurance-maladie, qui s’avèrent fort impopulaires.

Allan Blakeney, politicien

Gouvernement néo-démocrate : de 1971 à 1982

Le NPD est de retour au pouvoir en 1971. À l’instar des premiers gouvernements du FCC-NPD de la province, le premier ministre Allan Blakeney vise dans son programme une plus grande implication du gouvernement dans l’économie. Engagé dans des luttes avec le gouvernement fédéral pour le contrôle des ressources naturelles, le gouvernement d’Allan Blakeney crée plusieurs sociétés d’État spécialisées dans les ressources. Celles-ci comprennent la Potash Corporation of Saskatchewan, SaskOil et la Saskatchewan Mining Development Corporation. Allan Blakeney est également un personnage clé dans les négociations constitutionnelles fédérales-provinciales avec le gouvernement libéral de Pierre Elliot Trudeau. Lorsque ce dernier menace de rapatrier unilatéralement la Constitution de la Grande-Bretagne sans le consentement des provinces, Allan Blakeney intente une contestation judiciaire. Cette contestation devient un tournant dans le processus. Elle donne lieu à d’autres négociations fédérales-provinciales qui conduisent toutes les provinces, à l’exception du Québec, à soutenir le rapatriement de la Constitution et la mise sur pied d’une Charte des droits et libertés en 1982.

Gouvernement progressiste-conservateur : de 1982 à 1991

En 1982, la Saskatchewan élit le Parti progressiste-conservateur sous la direction de Grant Devine. Il remporte une majorité écrasante en promettant des réductions d’impôt et un gouvernement plus petit, et il s’engage dans un programme de privatisation qui comprend la vente de la Potash Corporation of Saskatchewan, de SaskOil et de la Saskatchewan Mining Development Corporation. Ces ventes sont accompagnées de mesures incitatives visant à attirer les investissements privés, ce qui donne lieu à plusieurs grands projets d’exploitation des ressources, comme des usines de valorisation du pétrole lourd et une usine d’engrais. C’est également une période de dépenses déficitaires et de dette provinciale croissante, en partie en raison de plusieurs années de sécheresse qui nuisent à l’économie agricole.

Gouvernement néo-démocrate : de 1991 à 2007

Élu avec une large majorité, le gouvernement néo-démocrate de Roy Romanow hérite, à son arrivée au pouvoir, d’un déficit de fonctionnement important et insoutenable. Au cours de ses premières années, il suit un programme de restrictions budgétaires qui comprend la fermeture de 52 hôpitaux ruraux. En 1994, alors que tous les gouvernements provinciaux sont aux prises avec des déficits, le gouvernement néo-démocrate devient le premier au Canada à atteindre l’équilibre budgétaire. (L’Alberta fait de même peu après.)

Au cours de son deuxième mandat, Roy Romanow se concentre sur une combinaison de nouvelles dépenses, de réductions d’impôt et de remboursement de la dette. En 1997, au cours du deuxième mandat du gouvernement de Roy Romanow, le Parti saskatchewanais de centre droit est formé lorsque d’anciens membres libéraux et progressistes-conservateurs de l’Assemblée législative provinciale s’unissent pour devenir l’opposition officielle. Après la décision de Roy Romanow de démissionner en 2001, Lorne Calvert devient premier ministre à une époque où l’économie de la Saskatchewan gagne en force. Cette croissance économique est en partie due à la réduction des redevances sur les ressources qui a attiré de nouveaux investissements importants, en particulier dans le secteur de la potasse.

Roy Romanow

Gouvernement du Parti saskatchewanais : de 2007 à aujourd’hui

Devenant premier ministre au moment où l’économie est en plein essor, Brad Wall et son Parti saskatchewanais de centre droit président sur une période de prix élevés des ressources, en particulier du pétrole et de la potasse, et d’une expansion du secteur des ressources de la province. Cette période est également marquée par une croissance démographique sans précédent depuis les premières années de la province. La population de la province passe de 998 000 habitants en 2007 à 1 186 000 habitants en 2022. Tout au long de son mandat, Brad Wall se classe parmi les premiers ministres les plus populaires du Canada. Il démissionne et quitte la politique en 2018 et est remplacé par le premier ministre actuel, Scott Moe, le 2 février 2018.

Au cours de sa première année en tant que premier ministre, Scott Moe présente des excuses officielles aux peuples autochtones de la province qui ont été arrachés à leurs familles lors de la rafle des années 1960. Il devient également le premier premier ministre de la Saskatchewan à participer aux célébrations du festival de la Fierté gaie de Saskatoon. Après que les libéraux de Justin Trudeau ne remportent aucun siège en Saskatchewan lors des élections fédérales de 2019, Scott Moe affronte le gouvernement fédéral au sujet des paiements de péréquation et du programme de tarification du carbone, qu’il conteste sans succès devant la Cour suprême.

Scott Moe, le plus jeune premier ministre provincial au Canada, est confronté à sa première élection à titre de premier ministre à l’automne 2020. Un sondage national réalisé à la fin de 2019 révèle que Scott Moe est le deuxième premier ministre le plus populaire au Canada, avec un taux d’approbation de 56 %. En août 2020, suite à la bonne gestion par son gouvernement de la pandémie de COVID-19, son approbation passe à 59 %. La province est également en bonne santé financière et a le taux de chômage le plus bas du pays (7,9 %).

Scott Moe remporte un gouvernement largement majoritaire en 2020. Il s’agit de la quatrième majorité consécutive du Parti saskatchewanais, la première dans la province depuis l’époque de Tommy Douglas. Le Parti saskatchewanais remporte 60,7 % des voix, dont plus de 70 % dans les régions rurales de la province.

Scott Moe et le Parti saskatchewanais doivent faire face à un adversaire beaucoup plus coriace avec le NPD et sa cheffe Carla Beck lors des élections de 2024. Les sondages montrent une égalité entre les deux partis avant le jour du scrutin du 28 octobre, avec la crise des soins de santé dans la province comme principal enjeu. Mais le Parti saskatchewanais réussit à obtenir une majorité avec 35 sièges, contre 26 pour le NPD. Ce parti double presque son total de sièges par rapport aux élections précédentes et il obtient son meilleur résultat depuis 2007. Le Parti saskatchewanais remporte son cinquième gouvernement majoritaire consécutif en s’appuyant une fois de plus fortement sur les électeurs ruraux, puisqu’il est exclu à Regina et ne remporte que deux sièges à Saskatoon.

(Voir aussi Premiers ministres de la Saskatchewan.)

Assemblée législative de la Saskatchewan
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