Postes de traite de la HBC au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Postes de traite de la HBC au Canada

De 1670 jusqu’en 1987, la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) a exploité des centaines de postes de traite dans diverses parties du Canada et dans le Nord-Ouest des États-Unis. Pendant la traite des fourrures, les trappeurs autochtones visitaient les postes de traite pour échanger des fourrures contre des biens de valeur produits par les Européens, incluant des objets métalliques, des armes, et des perles de verre. En 1870, le vaste territoire sauvage du nord appartenant à la HBC (voir La Terre de Rupert et Territoires du Nord-Ouest) a été transféré au gouvernement canadien, et la HBC est graduellement passée d’une compagnie de traite de fourrures à un établissement de vente au détail. Toutefois, elle a maintenu des postes dans le Nord canadien jusqu’en 1987. Certaines colonies qui restaient dans les vieux postes de traite et aux alentours se sont développées en villes, comme Winnipeg (Fort Garry), Edmonton (Fort Edmonton) et Victoria (Fort Victoria). Certaines Premières Nations qui s’étaient établies près des postes de la HBC portent également des noms qui reflètent leur histoire de traite de fourrures, comme la Première Nation de Fort Albany en Ontario, et la Première Nation de Fort McKay en Alberta.

Poste de traite HBC près de Kugluktuk

Terminologie : les postes de traite des fourrures, les fabriques, et les forts

Un poste de traite est un endroit où les produits manufacturés en Europe sont échangés contre des fourrures que les peuples autochtones leur fournissent. Certains postes sont également appelés factories (fabriques), comme Moose Factory en Ontario, et York Factory à la baie d’Hudson. Le traiteur en chef de la région y habite et est connu comme étant le facteur en chef.

Certains postes sont également appelés « forts » en raison de leur architecture qui respecte typiquement celle de fortifications militaires. La nature de la traite des fourrures est hautement compétitive et, parfois, elle implique des conflits armés entre les compagnies concurrentes. Ceci nécessite un poste solidement fortifié afin de protéger les biens et les gens qui sont à l’intérieur.

Histoire des postes de traite de la HBC

En 1670, le roi Charles II signe une charte qui donne à la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) le contrôle total d’un territoire connu sous le nom de Terre de Rupert. La charte ne reconnaît pas la souveraineté des peuples autochtones qui occupent ces terres depuis des siècles. Par conséquent, les postes de traite et les forts sont établis sur le territoire autochtone. Un bon nombre de ces terres sont transférées au gouvernement fédéral après la signature de divers traités avec les Autochtones au cours du 19e siècle et du 20e siècle.

Au cours de ses 100 premières années d’activités, la HBC établit des postes dans la baie James et la baie d’Hudson ainsi que dans les environs. Fort Charles est le premier poste de traite de la HBC et il est construit en 1668 sur les terres de la nation crie de la baie James de Waskaganish (voir Cri et Premières Nations au Québec). En 1774, la HBC étend ses activités vers l’ouest, créant plus de postes dans les régions qui deviendront plus tard les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta, et de la Colombie-Britannique. Le premier poste de traite intérieur de la HBC, Fort Cumberland, est établi en 1774 par Samuel Hearne, en Saskatchewan.

Tout au long de la traite des fourrures, la HBC fait une féroce concurrence aux compagnies de traite rivales, comme la Compagnie du Nord-Ouest (CNO), basée à Montréal. Durant les conflits mondiaux entre l’Angleterre et la France, comme la guerre de la ligue d’Augsbourg (1689-1697), la Guerre de la Succession d’Espagne (1702-1713), la guerre de la Succession d’Autriche (1744 -1748), et la guerre de Sept Ans (1756 -1763), les postes de traite et les forts sont attaqués par les forces ennemies. Le conflit entre la HBC et la CNO atteint son paroxysme pendant la guerre du pemmican (1812-1821). Les marchands de la CNO et les marchands métis s’opposent à ce qu’ils considèrent être un monopole de la HBC sur la traite. La guerre se termine en 1821 lorsque la CNO fusionne avec la HBC.

Après avoir éliminé la concurrence dans l’Ouest, la HBC jette son dévolu sur l’Est du Canada. Bien qu’elle confirme sa revendication sur le Labrador au début de 1752, elle n’y établit de poste de traite qu’en 1836, à Rigolet. Au cours des décennies suivantes, la HBC étend sa portée à travers le Labrador et le Nord du Québec.

En 1870, la HBC cède son territoire, incluant la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest, au gouvernement canadien. Alors que les colonies des Blancs s’étendent vers le nord et l’ouest, la HBC intensifie la poussée de son commerce vers le nord et elle établit éventuellement des contacts commerciaux durables avec les Inuits. Les marchands de fourrures se déplacent et s’installent dans les territoires arctiques des baleiniers qui ont abandonné leurs postes alors que l’économie baleinière déclinait. À partir de 1912, la HBC établit une série de postes de traite dans le Nord du Canada.

Alors que la traite des fourrures commence à diminuer, la HBC se détourne peu à peu de la traite des fourrures et tourne son attention vers les magasins de détail. Dans le nord, les postes de traite se transforment progressivement en magasins généraux. En 1959, la compagnie Fur Trade Department devient Northern Stores Department. À ce moment-là, les postes du nord fonctionnent comme des magasins, et ils vendent des marchandises générales tout en conservant un intérêt pour les fourrures. Dans le nord, le Northern Stores Department exploite plus de 200 magasins entre 1959 et 1987, jusqu’à ce qu’il soit racheté par un groupe d’investisseurs et de cadres supérieurs (la nouvelle compagnie effectue éventuellement ses opérations sous le nom de Compagnie du Nord-Ouest).