Les prix Juno sont les prix de l’industrie de l’enregistrement de la musique canadienne. Ils sont administrés par l’Académie canadienne des arts et des sciences de l’enregistrement (CARAS) depuis 1975, lorsque la cérémonie des prix a été diffusée pour la première fois. La popularité du gala a considérablement augmenté en 1995, lorsqu’il est passé d’un événement destiné à l’industrie à un événement ayant lieu dans une salle de concert. Au début des années 2000, la cérémonie de la « semaine des prix Juno » a été élargie pour inclure des événements de divertissements publics : comme le Cercle des auteurs-compositeurs, le JunoFest, le Juno Fan Fare et la Coupe Juno, une partie de hockey caritative. Les prix Juno comprennent aussi le Panthéon de la musique canadienne. Il a été fondé par CARAS en 1978.
Origine
L’origine des prix Juno vient d’une série annuelle de sondages menés pour la première fois auprès des lecteurs en 1964, par le magazine spécialisé dans l’industrie du disque et de la musique canadienne RPM. L’éditeur et rédacteur en chef de RPM, Walt Grealis, et le producteur Stan Klees lancent ces sondages. Leur objectif est de contribuer à promouvoir et à rehausser le profil des artistes musicaux au Canada. De 1964 à 1969, les noms des gagnants sont publiés dans RPM à la fin de chaque année. Les prix sont présentés pour la première fois en 1970 lors d’une cérémonie au St. Lawrence Hall de Toronto. Initialement appelés les « Gold Leafs Awards », ils sont renommés « prix Juno » en 1971. Ils portent le nom de la déesse romaine et sont nommés en hommage à Pierre Juneau, le premier président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Ce dernier est responsable de l’introduction du quota du contenu canadien (CanCon) à la radio canadienne cette année-là.
Fondation de CARAS
Les lecteurs de RPM continuent de sélectionner les lauréats des prix Juno jusqu’en 1975. L’Académie canadienne des arts et des sciences de l’enregistrement (CARAS) est créée expressément dans le but de superviser la cérémonie annuelle. Les votes sont principalement réservés aux membres de CARAS (appelés délégués). L’adhésion est ouverte aux personnes travaillant dans l’industrie du disque. C’est aussi en 1975 que le gala de remise des prix est diffusé pour la première fois sur les ondes de la CBC. Ceci permet à l’événement d’atteindre une visibilité beaucoup plus grande. En 1982, l’émission attire plus de 2 millions de téléspectateurs. En 2009, il en attire plus de 4 millions. La chaîne CTV diffuse maintenant la cérémonie de remise de prix depuis 2002.
En 1978, CARAS fonde le Panthéon de la musique canadienne. Oscar Peterson et Guy Lombardo sont les premiers intronisés. En reconnaissance des efforts de Walt Grealis pour la promotion de l’industrie, CARAS crée le Walt Grealis Special Achievement Award en 1984. Il est attribué aux membres de la communauté musicale canadienne qui ont joué un rôle important dans l’édification d’une industrie prospère. Le radiodiffuseur J. Lyman Potts est le premier récipiendaire.
Processus de sélection
Les catégories de prix spécifiques et leurs critères ont changé d’année en d’année pour refléter les changements et les développements de l’industrie de la musique. En 1964, on compte 16 catégories; en 2014, on en compte 42. Le processus de sélection varie également au fil des ans, selon les catégories. La musique diffusée durant la période d’admissibilité d’un an est soumise à CARAS par les artistes ou leurs agents. Elle est désignée pour des catégories précises à considérer pour les nominations. En règle générale, un panel de juges détermine les artistes en nomination dans chaque catégorie lors d’un vote qui a lieu en octobre. Un deuxième tour de vote a lieu à la fin de janvier pour déterminer les lauréats. Ces votes sont exprimés par tous les délégués de CARAS, sauf dans le cas de certaines catégories spécifiques au genre; celles-ci sont déterminées par un panel. Les nominations de chaque catégorie sont annoncées aux médias en février. Les lauréats sont annoncés lors de la cérémonie de remise de prix, en mars.
Les panels des juges pour chaque catégorie changent chaque année. Ils sont constitués de personnes venant de différentes facettes de l’industrie de la musique et de différentes régions du pays. Chaque catégorie est supervisée par un comité consultatif. Ce dernier s’assure que toutes les soumissions répondent aux critères d’admissibilité.
Depuis 1993, les nominations de huit catégories sont déterminées au moins en partie par les ventes intérieures. Les nominations pour l’album de l’année et l’album international de l’année sont basées uniquement sur les ventes. Les nominations pour l’artiste de l’année, le groupe de l’année et la découverte de l’année sont déterminées par une combinaison égale des données des ventes, de votes des juges, et des données en ligne compilées par l’entreprise d’analyse Next Big Sound. Les nominations pour l’album populaire de l’année et l’album rock de l’année sont déterminées par une combinaison égale des données de ventes et de votes des juges. Les votes des délégués de CARAS déterminent les gagnants de ces huit catégories.
Les artistes en nomination pour le Juno du choix du public, créé en 2003, sont choisis en combinant les ventes intérieures et les données en ligne compilées par Next Big Sound. De 2003 à 2011, les nominations pour le Juno du choix du public étaient les cinq meilleurs artistes classés selon ces critères; en 2012, la catégorie est élargie pour inclure 10 candidats. Le gagnant est désigné par un vote en ligne ouvert au public.
Cérémonie de remise de prix et événements
Les prix Juno ont lieu pour la première à l’extérieur de Toronto en 1991, au Queen Elizabeth Theatre, à Vancouver. La cérémonie de remise de prix se développe considérablement en 1995. Cette année-là, elle passe d’un événement auquel seuls l’industrie et les médias participent à un événement ouvert au public ayant lieu dans une salle de concert. Ce changement coïncide avec et capitalise sur la hausse de la popularité des artistes musicaux canadiens tant à l’échelle nationale (The Tragically Hip, Blue Rodeo, 54.40, etc.) qu’à l’échelle internationale (Alanis Morissette, Shania Twain, Sarah McLachlan, etc.). (Voir aussi Canadian Music on a Roll.) La première cérémonie dans ce nouveau format a lieu au Copps Coliseum, à Hamilton, et attire près de 10 000 admirateurs.
Le 25e anniversaire des prix Juno est célébré en 1996 avec le lancement d’un livre et d’un coffret de 4 disques intitulé Oh What a Feeling. Il s’agit du premier coffret à obtenir une certification diamant pour des ventes de plus d’un million d’exemplaires au Canada. Des coffrets semblables sont ensuite lancés en 2001 et en 2006 pour marquer les 30e et 35e anniversaires des Juno; ce dernier est certifié platine. Un CD de compilation annuel des prix Juno est lancé à partir de 2003.
Vancouver est l’hôte de la cérémonie de remise de prix pour une seconde fois en 1998, mais cette fois elle a lieu dans la GM Place, une salle qui est beaucoup plus vaste. La popularité sans cesse croissante des prix Juno rend permanente l’utilisation de vastes arénas. Les galas alternent entre Hamilton et Toronto de 1999 à 2001. À partir de 2002, CARAS commence à déplacer l’événement à travers le pays, et cette année-là, St. John’s est l’hôte de la cérémonie de remise de prix. Cette année marque également la première fois que les prix sont décernés sur deux soirées. La plupart des prix sont remis le samedi soir devant un public composé des gens de l’industrie. Une sélection de prix plus prestigieux est ensuite décernée lors de l’émission télévisée le dimanche soir, qui présente également de nombreuses prestations musicales entre les remises de prix.
Depuis 2001, des événements spéciaux de divertissement ont lieu durant la fin de semaine des Juno. Le Cercle des auteurs-compositeurs, inspiré d’un événement annuel du même nom ayant lieu aux Prix de la musique de la Côte est, et commandité par la CMPA, la SAC et la SOCAN, est créé en 2001. Cet événement rassemble des artistes pour un concert informel et intime de chansons et d’histoires. Les profits servent généralement à soutenir Band Aid, un programme qui vise à améliorer l’enseignement musical au Canada en offrant des bourses individuelles à des écoles sélectionnées à travers le pays.
En 2002, CARAS lance le JunoFest et le Juno Fan Fare pour aider les musiciens canadiens à créer des liens avec leurs admirateurs. Le JunoFest est un événement public payant s’étalant sur deux jours qui présente des concerts dans les salles de la ville-hôte. Le Juno Fan Fare est un événement public gratuit qui permet aux admirateurs de rencontrer leurs artistes et groupes préférés. En 2004, Jim Cuddy, du groupe Blue Rodeo, fonde la Coupe Juno, un tournoi de hockey caritatif mettant en vedette des musiciens canadiens qui jouent contre d’anciennes étoiles de la LNH. Le tournoi permet de recueillir des fonds au profit de MusiCounts, un organisme qui administre le programme Band Aid.
Autres prix de la musique canadienne
Les prix Juno se consacrent principalement, mais pas exclusivement, au secteur anglophone de l’industrie de la musique canadienne. Ils sont en parallèle avec les prix Félix au Québec, qui ont commencé en 1979. (Voir aussi ADISQ.) D’autres associations régionales de musique ont lancé leurs propres prix pour aider à rehausser le profil de leurs industries locales respectives et leurs artistes. Depuis 1989, les provinces de l’Est animent leurs Prix de la musique de la côte est annuels (connus jusqu’en 1991 comme « Prix de la musique des Maritimes »). En 2002, la Prairie Music Alliance (qui représente le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta) s’élargit pour incorporer les associations de l’industrie de la musique de la Colombie-Britannique et du Yukon, créant ainsi la Western Canadian Music Alliance (WCMA). La WCMA anime chaque année les Western Canadian Music Awards depuis 2003.
Voir aussi Panthéon de la musique canadienne; CIMA; Association de la musique country canadienne; Industrie de la musique; La musique autochtone.