Queues de castor | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Queues de castor

C’est en 1978 à la foire de Killaloe (à l’ouest d’Ottawa) que Pam et Grant Hooker commencent à vendre des pâtisseries appelées queues de castor. La recette vient de la famille Hooker. Aujourd’hui, Queues de Castors (BeaverTails en anglais) est le nom d’une chaîne de restaurants vendant cette pâtisserie; ils sont établis dans plusieurs villes du Canada et dans plusieurs pays. Les restaurants sont gérés par BeaverTails Canada Inc. dont le siège social est à Montréal.

Origine des queues de castor

Les personnes autochtones utilisent habituellement toutes les parties des animaux qu'ils chassent. Elles apprécient particulièrement le castor dont la fourrure sert à fabriquer des vêtements et de la literie. Sous les régimes français et anglais, le commerce des fourrures pratiqué avec les peuples européens leur permet de se procurer des outils et des produits manufacturés. Les Autochtones consomment également la viande de castor, y compris la chair provenant de la queue. Ils font cuire les queues de castor au-dessus d'un feu pour en desserrer les écailles et ainsi bien cuire la chair à l'intérieur.

Castor

Au 17e siècle, l'évêque de Québec décrète que le castor est un poisson, puisqu’il vit surtout dans l’eau et que sa queue est faite d’écailles. Ainsi, les habitants de la Nouvelle-France peuvent consommer de la chair de castor le vendredi et pendant le carême, alors que la consommation de viande est interdite aux catholiques.

La pâtisserie que nous appelons aujourd'hui queue de castor provient d'une recette de la grand-mère d’origine allemande de Grant Hooker. Elle faisait frire de la pâte et la garnissait de beurre, de confiture, de miel ou de sucre à la cannelle pour le petit-déjeuner. La famille Hooker crée une recette rapide de queues de castor. En 1978, l’entreprise familiale vend ses pâtisseries pour la première fois lors d'une foire communautaire dans une petite ville près d'Ottawa. La fille de Pam et de Grant trouve que la pâtisserie ressemble à une queue de castor ― et c'est ainsi qu’on appellera désormais cette confection.

Histoire de l'entreprise

À la fin des années 1970, la famille Hooker vend ses queues de castor dans deux boutiques à Ottawa : une le long du canal Rideau et l’autre au marché By. À l'époque, l'entreprise se nomme « Hooker's Great Canadian Beaver Tail Pastry/ Pâtisseries Queues de Castors ».

En 1987, Pino Di Ioia, alors étudiant, obtient un emploi d'été comme gérant du kiosque Queues de Castors au parc d'amusement La Ronde à Montréal. C’est la première succursale de la chaîne à l’extérieur d'Ottawa. Pino Di Ioia deviendra plus tard le PDG de l'entreprise et déménagera son siège social à Montréal, sa ville natale.

Au cours des années 1990, le Québec devient le plus important marché de la société Queues de Castor au Canada. Au cours de la même décennie, l'entreprise se développe rapidement à travers le pays et à l'étranger.

En 2002, Pino Di Ioia, sa femme Tina Serrao et son frère jumeau Anthony assurent la direction de l'entreprise. Ils en limitent l'expansion, ferment des succursales moins performantes et mettent l’accent sur le bon fonctionnement de l’entreprise. En 2008, ils ouvrent de nouvelles succursales et élargissent les menus (on offre de la poutine et de la crème glacée à certains endroits).

Initialement, les franchises étaient libres de choisir les garnitures qu'elles proposent à la clientèle. Il existait donc une grande variété de saveurs possibles pour Queues de Castor. Toutefois, cette diversité entraîne des problèmes de surveillance de la qualité. Pour les résoudre, on limite et normalise les choix de garnitures dans toutes les boutiques. Grant Hooker voulait ainsi s'assurer que ce que les gens mangeaient correspondait bien à la marque.

En 2015 et 2016, la société s’étend aux États-Unis. En 2018, l’entreprise, qui a 40 ans, compte 140 établissements répartis au Canada, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, notamment au Japon, en France, aux Émirats arabes unis et en Corée du Sud.

L'entreprise est aujourd'hui dirigée par d'anciens membres du personnel de première ligne. La famille Hooker se dit fière d'avoir encadré de 9 000 à 11 000 jeunes, leur offrant souvent un premier emploi d'été chez BeaverTails. Les Hooker ont maintenant une participation minoritaire dans la société. La famille possède et exploite toutes les franchises de la région d'Ottawa-Gatineau (voir Région de la capitale nationale).

Conflit de marque

BeaverTails Canada Inc. détient les droits d’auteur de la marque « Queues de Castor » ainsi que de la création de la pâtisserie. Cependant, plusieurs ignorent que le nom « Beaver Tails » (Queues de Castor) est une marque de commerce.

En 2016, une chroniqueuse gastronomique de Calgary, Julie Van Rosendaal, publie une recette de queues de castor sur son site Web. L'entreprise lui ordonne de changer le nom de la recette, car l’appellation « Queues de Castor » est une marque déposée. Elle nomme donc sa recette « Beaver Doughnuts » (beignes de castor). Cependant, la société Queues de castor estime que la ressemblance est encore trop forte et que la pâtisserie de Julie Van Rosendaal doit s’appeler autrement. Cette dernière la nomme alors « Canadian Semiaquatic Rodent Posterior Doughnut » (Postérieur d'un rongeur semi-aquatique du Canada). L'histoire fait les nouvelles à l’échelle du pays. L'entreprise cède et présente ses excuses à Julie Van Rosendaal en plus de faire un don de 3 000 $ à une banque alimentaire de la région de Calgary. La société avoue également qu'elle ne croit pas détenir de droits sur le mot « beaver ».