Les Noirs vivent au Canada depuis le début du 17e siècle (voir Communautés noires au Canada). Tout au long de leur histoire de 400 ans au Canada, les Noirs ont fait face à du racisme, de la discrimination, et de l’hostilité en raison de la couleur de leur peau. Le racisme anti-Noirs fait référence aux attitudes, aux croyances, aux stéréotypes, à la discrimination et aux préjugés à l’encontre des personnes d’ascendance africaine. Les racines du racisme anti-Noirs se trouvent dans l’asservissement et son legs. Profondément ancré dans les institutions, dans les politiques et dans les pratiques canadiennes, le racisme anti-Noirs est soit normalisé, soit rendu invisible pour la société blanche plus vaste. Le racisme anti-Noirs se manifeste dans la manière dont les Noirs canadiens sont désavantagés ou marginalisés dans la société, l’économie et la politique. Par conséquent, les Noirs canadiens ont souvent des opportunités qui sont inégales, un taux de chômage plus élevé, et des taux de pauvreté importants. Ils sont également surreprésentés dans le système de justice pénale (voir aussi Code criminel du Canada).
Le racisme anti-Noirs s’est manifesté à travers divers exemples historiques, incluant l’esclavage (la traite transatlantique des esclaves) et la ségrégation. Des enjeux continus de racisme anti-Noirs, comme la brutalité policière et les microagressions, persistent toujours au Canada.
Asservissement des Noirs au Canada
Les racines historiques du racisme anti-Noirs commencent avec la traite transatlantique des esclaves. La traite des esclaves dépend de l’achat et de la vente des Africains qui sont utilisés comme ouvriers asservis. Les marchands de personnes asservies exploitent et profitent du labeur des Africains. Du 16e au 19e siècle, la traite des esclaves déplace entre 10 et 12 millions de personnes entre l’Afrique, les Antilles, les Amériques et l’Europe.
Dans le Canada colonial, l’asservissement des Africains est un outil légal qui est au service des intérêts économiques. En Nouvelle-France, les colonisateurs français commencent la pratique de la conception de l’esclave-chose, qui fait en sorte que les Africains et les peuples autochtones asservis sont traités comme des choses ou des biens personnels qui peuvent être achetés, vendus, laissés en héritage et échangés. La pratique de l’esclavage continue après la Conquête de la Nouvelle-France. Le nombre d’Africains asservis augmente considérablement en Amérique du Nord britannique après la Révolution américaine (1775 à 1783). (Voir La Révolution américaine et l’invasion du Canada.) On encourage les loyalistes américains blancs à déménager dans le nord, au Canada, après la Révolution américaine. De nombreux loyalistes de l’Empire-Uni amènent avec eux leurs « biens personnels », incluant leurs Noirs asservis. Les colons français et britanniques comptent sur le travail des Noirs asservis pour bâtir leur richesse personnelle ainsi que les économies coloniales. Donc, l’asservissement des Noirs et des Autochtones se fait avec l’intention de les exploiter pour leur travail. (Voir Esclavage des Noirs au Canada; Esclavage des Autochtones au Canada.)
Ségrégation
La ségrégation raciale des Noirs est une évidence tout au long de l’histoire canadienne. La ségrégation raciale cherche à séparer les personnes et les communautés en fonction de leur race. De nombreux Noirs ont été ségrégés au Canada, ils ont été exclus des diverses opportunités et de divers services, ou ils en ont été privés d’un accès égal. Ceci est le cas pour l’éducation (voir Ségrégation scolaire des élèves noirs au Canada), l’emploi, le logement, l’immigration, les transports, le service militaire (voir Forces armées canadiennes), et les soins de santé. Historiquement, une variété de lois, de décisions judiciaires, et de normes sociétales ont maintenu la ségrégation raciale des Noirs. Pour plusieurs, les croyances largement répandues quant à l’infériorité raciale des Noirs (voir Racisme) durant la période de l’esclavagisme ont justifié la ségrégation raciale. Cette ségrégation raciale contre les Noirs au Canada a été différente dans chaque province et territoire, ainsi que dans les diverses communautés.
Le saviez-vous?
À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le gouvernement canadien a mis en place plusieurs politiques d’immigration pour exclure les Noirs. Le décret C.P. 1911‑1324 faisait partie de ces politiques. Il proposait de restreindre et de bannir l’immigration des Noirs au Canada. Les décideurs croyaient que les Noirs ne pouvaient pas s’adapter au climat froid du Canada. Bien que ce décret ne soit jamais entré en vigueur et qu’il a été abrogé, il démontrait que les immigrants noirs n’étaient ni voulus ni bienvenus au Canada.
Exemples contemporains de racisme anti-Noirs
Le racisme anti-Noirs continue de se faire sentir au Canada aujourd’hui par le biais d’une variété de dynamiques manifestes et subtiles. Certains de ces facteurs incluent l’éducation, la pauvreté, le marché du travail, le système judiciaire, l’immigration, et le logement. Les opportunités inégales en éducation ont un sérieux impact sur les Noirs canadiens et ont des répercussions négatives et discriminatoires. Comparativement aux autres jeunes, les jeunes Noirs sont moins susceptibles de fréquenter des institutions d’enseignement postsecondaire et d’obtenir des qualifications postsecondaires. (Voir aussi Universités au Canada.) Bien que les conditions socio-économiques des Canadiens noirs peuvent varier selon leur sexe, leur région d’origine, leur ascendance ou leur statut générationnel, la discrimination et le racisme sont toujours présents, et ils ont un impact négatif sur les Noirs au Canada.
Les microagressions raciales sont une manière plus subtile de perpétrer le racisme et la discrimination. Les microagressions sont des insultes quotidiennes, des outrages et des messages dénigrants qui sont adressés aux Noirs, aux Autochtones, et aux personnes racialisées par les blancs. Ces derniers peuvent ignorer ou ne pas être conscients des effets dommageables et négatifs qu’ont ces agressions verbales. Des exemples de microagressions raciales seraient une personne disant « tu n’agis pas comme une personne noire normale » et « tu es très belle pour une personne à la peau foncée ». Les microagressions raciales peuvent provenir de préjugés inconscients. Elles démontrent également la manière dont les personnes racialisées sont perçues par les autres. Les microagressions raciales peuvent être néfastes pour les Noirs, les Autochtones, et les personnes racialisées. Elles peuvent blesser les personnes ciblées, et les laisser avec un sentiment de tristesse ou d’exclusion, et ces personnes peuvent se sentir considérées comme des citoyens de seconde zone.
Le racisme anti-Noirs au Canada se manifeste également d’une autre façon, soit par le biais des cas de brutalité policière. Au Canada, les Noirs et les Autochtones sont surreprésentés dans les décès impliquant la police. En 2018, la Commission ontarienne des droits de la personne constate qu’entre 2013 et 2017, une personne noire était près de 20 fois plus susceptible d’être tirée et abattue par la police de Toronto comparativement à une personne blanche. Les défenseurs soutiennent que la brutalité policière n’est qu’un des nombreux symptômes d’un racisme systémique qui existe au Canada. Le démantèlement de la brutalité policière et des injustices envers les Noirs, les Autochtones et les personnes racialisées doivent être traités au niveau du fondement. Pour les activistes, ceci signifie qu’on doit s’attaquer au racisme à un niveau structurel et dans toute la société.