Mékaisto,
aussi connu sous le nom de Red Crow, guerrier, artisan de la paix, chef des Kainai (Gens-du-Sang) (né vers 1830 à proximité du
point de confluence entre les rivières St. Mary’s et Oldman en Alberta; décédé
le 28 août 1900 près de la rivière Belly, sur la réserve Blood, en Alberta). Mékaisto,
chef principal
de la tribu des Kainai (Gens‑du‑Sang), est un habile négociateur et un ardent
défenseur de son peuple. Il œuvre à obtenir de meilleures conditions pour les
Kainai dans un contexte où des changements sans précédent s’abattent sur la
tribu : dans les années 1860 et 1870, le buffle se raréfie sur les territoires
traditionnels, les colons européens empiètent de plus en plus sur les
terres de la tribu et la variole fait des
ravages.
Jeunesse
Mékaisto (Red
Crow) nait vers 1830 près du point de confluence entre la rivière Oldman et la
rivière St. Mary’s, au cœur des terrains de chasse des Kainai. Les Kainais sont
membres de la Siksikaitsitapi
(Confédération des Pieds‑Noirs) qui, à
l’origine, occupait les territoires de chasse compris entre les rivières Red
Deer et Belly. Toutefois, au milieu du 19e siècle, ils se
déplacent plus au sud, dans l’actuelle Alberta.
Mékaisto
s’inscrit dans la lignée de plusieurs générations de chefs de la
tribu des Kainai, dont son grand‑père, Stoó‑kya‑tosi (Two Suns), qui était un
guerrier et le chef des Mamyowis (bande des
Mangeurs‑de‑Poisson). Il est initialement élevé par sa mère, Handsome Woman,
l’une des épouses de Black Bear, tandis que son éducation est laissée pour
l’essentiel aux soins de son grand‑père, de son oncle Big Plume et d’un proche
de la famille nommé White Wolf.
Mékaisto le
guerrier
Il gagne
son nom d’adulte, Mékaisto, quand il part pour la première fois à la guerre.
Dans les années 1840 et 1850, raids et pillages sont fréquents chez les peuples
autochtones des plaines. En tant que jeune guerrier, il se bâtit rapidement
une réputation, tuant au moins cinq guerriers et participant à plus de 30 raids
contre les Corbeaux, les Cris
, les Assiniboine
, les Shoshones et les Nez‑Percés.
Il participe probablement à l’attaque de 1865 contre un camp de bûcherons dans
le Montana.
En 1869 et 1870, la variole met fin à la vie de nombreux chefs. Mékaisto, qui s’est bâti, durant sa jeunesse, une réputation de guerrier fort et courageux, devient chef de sa branche des Siksikaitsitapi en 1870 sous la direction des membres du peuple des Kainai. Il affirme n’avoir jamais été touché par un ennemi lors d’une bataille. Cependant, c’est de sa propre main qu’il subit un violent traumatisme. En effet, au cours d’une beuverie, il se dispute avec son frère Kit Fox et le tue. Par la suite, il devient un adepte fervent de la non‑violence. Il passe la dernière moitié de sa vie à chercher paix et stabilité pour son peuple frappé par des changements brutaux provoqués par les tendances expansionnistes de l’État canadien.
Le saviez-vous?
Mékaisto est connu sous divers noms, notamment Red Crow, Captured the Gun Inside, Lately Gone, Sitting White Bull et John Mikahestow.
Chefferie et Traité no 7
Lorsque
la Police à cheval du Nord‑Ouest
(P.C.N.-O.) est créée en 1874,
Mékaisto (Red Crow) cherche à engager avec elle un dialogue fondé sur le
respect et parvient à établir une relation pacifique avec cette branche du
gouvernement canadien grandissant. Réalisant que les troupeaux de buffles
(bisons
) sont en train de disparaître et
que les maladies menacent l’existence même de son peuple, il décide avec
d’autres membres de la Confédération Pieds‑Noirs de signer, sur les rives de
la rivière Bow
, le Traité no 7
géré en vertu de la Loi sur les Indiens
adoptée en 1867 (voir aussi Traités
numérotés). En contrepartie de la cession de leur territoire et de leur
installation dans des réserves
, le Traité no 7
offre aux peuples signataires membres de la Confédération des Pieds‑Noirs ainsi
qu’aux plusieurs autres chefs, notamment le célèbre chef et homme de paix Isapo-muxika (Crowfoot)
et aux responsables de
plusieurs autres nations membres de la Siksikaitsitapi comme les Piikani
et les Siksikas
, une assistance financière et la
formation nécessaire pour se sédentariser et s’adonner à l’agriculture.
Mékaisto n’attache
guère d’importance à la signature du Traité no 7. Le concept de
« réserve » est étranger aux Kainai. En effet, ce peuple se déplace depuis des
millénaires en poursuivant le bison en direction des montagnes Rocheuses
qui constituent, selon lui, la
colonne vertébrale du monde. Dans la vision du monde de la tribu, la terre et
les animaux n’appartiennent pas aux gens : ils ont été créés par Napi,
également appelé « le vieil homme » ou « le Créateur », au commencement du
monde et ne sauraient être livrés à quiconque. Toutefois, les signataires
autochtones du traité commencent à avoir des doutes aussitôt après sa
signature. La P.C.N.-O. ne réussit pas à mettre fin aux tueries pratiquées par
les chasseurs américains sur les bisons qui subsistent sur les plaines. Mékaisto
regarde vers l’avenir, acceptant la disparition des troupeaux. Tandis que
d’autres chefs se cramponnent aux anciens modes de vie, il persuade le
commissaire aux affaires indiennes
de laisser son peuple se déplacer vers le sud sur les rives de la rivière Belly
pour s’adonner à l’agriculture.
Après la signature
du Traité no 7, Mékaisto continue à batailler avec les
bureaucrates canadiens. Il critique le gouvernement sur différents sujets,
notamment les rations allouées, les frontières, les empiétements sur les
territoires octroyés et, plus généralement, sur ses promesses non tenues. Il
use de patience et de diplomatie pour négocier le rétablissement du rite de
la danse du Soleil
après son interdiction en
vertu de la loi canadienne. Cette cérémonie fondamentale de la culture
siksikaitsitapi n’a été rétablie qu’en 1951. Toutefois, les efforts menés par Mékaisto
pour la préserver constituent le symbole d’une vie entièrement vouée à son
peuple et incarnent sa contribution à la culture et à la liberté politique des
Autochtones.
Décès
Mékaisto (Red
Crow) traverse la rivière Belly pour la dernière fois le 28 août 1900. Comme il
ne revient pas, sa femme, Sitting Before (également connue sous le nom de
Longtime Singer), part à sa recherche et le trouve effondré à proximité du bord
de la rivière.
Héritage et importance
L’identité
de Mékaisto est influencée par les remous marquant la période de ses premières
années, une ère de grande incertitude et de changements importants pour les peuples
autochtones dans ce qui deviendra les Prairies
canadiennes. Avec le déclin de
la traite des fourrures
au 19e siècle
et la disparition de la chasse au bison
, la tribu des Kainai et les Siksikaitsitapi
font face à des pressions croissantes pour s’adapter à de nouveaux modes de vie
et à de nouveaux moyens de subsistance. Quand il s’installe avec son peuple sur
leur réserve dans les conditions du Traité no 7, Mékaisto s’efforce
de rendre sa communauté autosuffisante, introduisant à cet effet l’élevage des
bovins dans des ranchs
, tout en soulignant l’importance de
l’éducation.
Toute sa vie, il demeure un fervent partisan de la culture et des croyances
autochtones. Devant faire face aux effets désastreux des maladies et à de
nombreuses autres pressions et exigences externes, il conserve toujours, dans
son rôle de chef, une attitude calme et sage qui contribue largement à la
stabilité de la région durant une période témoin d’immenses évolutions
politiques et économiques.