Roméo Sabourin

Jeunesse et enrôlement

Roméo Sabourin naît à Montréal en décembre 1922, et est le fils d’Eugène et de Flore Sabourin. Il est fonctionnellement bilingue en français et en anglais. Il abandonne l’école à l’âge de 13 ans et finit par trouver un emploi comme opérateur de machine dans une usine de chaussures à Montréal. Au printemps 1940, Roméo Sabourin s’enrôle dans les Fusiliers Mont-Royal comme soldat d’infanterie. À l’époque, il a 17 ans, mais il déclare qu’il a 19 ans. Sa mère écrit au ministère de la Défense nationale un an plus tard pour les informer du problème. Toutefois, à ce moment-là, il a 18 ans et il est déjà outre-mer. L’armée n’est donc pas obligée de le renvoyer chez lui (les soldats ne sont renvoyés chez eux que lorsqu’il est prouvé qu’ils ont moins de 17 ans).

Service outre-mer

Roméo Sabourin est d’abord envoyé en Islande avec son unité, où l’unité se joint à la garnison canadienne. Il est ensuite envoyé au Royaume-Uni. Durant son séjour au Royaume-Uni, il est blessé dans un grave accident de voiture et il s’absente sans permission à plusieurs reprises. À une occasion, il s’absente pendant 35 jours et est inscrit sur la liste des déserteurs. Roméo Sabourin est arrêté et condamné à la caserne de détention par une cour martiale pour une durée de quatre à six mois, mais il bénéficie d’une remise de peine de 49 jours pour bonne conduite. À sa sortie de détention en avril 1942, il reçoit une formation de radiotélégraphiste et il est employé comme signaleur. Un rapport daté du 17 avril 1942 note que sa « détention a fait de lui un soldat intelligent. Il affirme vouloir se calmer et faire du travail utile. Personnalité sympathique. » À l’été 1943, il est employé au quartier général de la 6^e brigade d’infanterie.

Recrutement par le Special Operations Executive

En août 1943, Roméo Sabourin est transféré au Special Operations Executive. Le SOE est une organisation secrète britannique qui aide les mouvements de résistance et mène des opérations de sabotage et d’espionnage dans les territoires occupés par l’Allemagne. En tant que signaleur qualifié parlant couramment le français et l’anglais, Roméo Sabourin est un atout pour le SOE. Le SOE a besoin de radiotélégraphistes pour transmettre des messages en provenance du continent européen, et les compétences linguistiques de Roméo Sabourin peuvent lui permettre de s’intégrer facilement en France. Il passe l’automne 1943 et le début de 1944 à suivre une formation avec le SOE en Angleterre. En novembre 1943, il reçoit sa mise en service et il est promu lieutenant en tant que membre du Service canadien du renseignement. On lui donne le nom de couverture Guy Robert Desjardins et les noms de code Leonard et Sorcerer. Son indicatif radio est Pullover.

Déploiement en France et capture

Au début de l’année 1944, Roméo Sabourin termine sa formation et il est prêt à être déployé en France comme radiotélégraphiste pour une équipe d’agents postés autour de Verdun. Le 2 mars 1944, Roméo Sabourin et un autre agent du SOE sont parachutés dans la France occupée. À son insu et à l’insu du quartier général du SOE, le réseau d’agents a déjà été capturé par la Gestapo allemande. Des livres de codes ont été saisis avec les agents, ce qui permet à la Gestapo d’envoyer de faux messages en Angleterre et d’encourager le déploiement des autres membres du SOE.

Roméo Sabourin et son collègue sont capturés peu après leur atterrissage en France. Aux yeux des autorités allemandes, ils sont des espions et non des prisonniers de guerre. Roméo Sabourin et d’autres agents du SOE capturés sont détenus dans une prison de la Gestapo à Paris où ils sont interrogés. Un autre agent allié rapporte avoir vu Roméo Sabourin et d’autres agents dans la prison en juin 1944, confirmant au personnel du SOE qu’ils ont effectivement été capturés.

Vers la fin de l’été de 1944, la prison est évacuée alors que les armées alliées s’approchent de Paris. À la fin du mois d’août, les prisonniers arrivent au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne. Le 14 septembre, Roméo Sabourin est exécuté par pendaison avec 38 autres agents du SOE au camp de Buchenwald. La nouvelle officielle de leur mort n’est reçue qu’au printemps de 1945, lorsque les prisonniers survivants sont libérés du camp par les armées alliées qui s’avancent. Roméo Sabourin et plusieurs autres agents du SOE sont commémorés sur le Grosbeek Memorial aux Pays-Bas.

Pour son service, Roméo Sabourin reçoit l’Étoile de 1939-1945, l’Étoile de France et d’Allemagne, la Médaille de la défense, la Médaille canadienne du service volontaire avec agrafe et la Médaille de guerre 1939-1945, dont certaines à titre posthume.