Famille et influences
Le père de Roy Henry Vickers est un pêcheur d’ascendance tsimshian, haïda et heiltsuk et sa mère, une enseignante dont les parents anglais ont immigré au Canada. Dans les années 1940, elle est adoptée par le clan de l’Aigle dans le village insulaire de Kitkatla, près de Prince Rupert, en Colombie-Britannique.
Autant les peintures et les reproductions que les sculptures de Roy Henry Vickers prouvent sa maîtrise de l’iconographie de la côte nord-ouest, apprise principalement par son grand-père, qui était tailleur de pirogue. Cependant, au début des années 1980, Roy Henry Vickers décide de ne plus se cantonner dans l’art de la côte nord-ouest, une décision attribuable en partie à ses origines mixtes. Il se targue d’être un « Canadien représentatif » à ce point de vue. Même s’il est d’ascendance tsimshian, haïda et heiltsuk, il se voit également comme à moitié anglais par sa mère, elle-même ayant du sang irlandais et écossais.
Éducation
Après avoir échoué à l’examen médical de la Gendarmerie royale du Canada en raison de son daltonisme, Roy Henry Vickers demande conseil à son mentor, Bill West. Celui-ci lui déconseille d’étudier l’art à l’université, étant donné qu’il développe déjà son propre style. Suivant ce conseil, Roy Henry Vickers s’inscrit au programme d’anthropologie à l’Université de Victoria, mais il ne termine pas le premier semestre, après s’être rendu compte des erreurs enseignées sur les peuples autochtones.
Roy Henry Vickers reste à Victoria, où il travaille pour le service d’incendie pendant sept ans. En 1972, encouragé par ses collègues, il prend congé de son travail et s’inscrit au programme d’art et de design des Premières nations sur deux ans à l’école Gitanmaax School of Northwest Coast Indian Art d’Hazelton, en Colombie-Britannique. La première à offrir un enseignement dans l’art autochtone de la côte nord-ouest, cette école joue un rôle primordial dans la promotion de l’art autochtone au Canada. C’est lors de sa dernière année à l’école d’art que Roy Henry Vickers décide de quitter le service d’incendie et de se consacrer à l’art en tant que professionnel.
Débuts professionnels
Dans ses premiers travaux, Roy Henry Vickers contourne son problème de daltonisme en utilisant principalement du noir, du blanc et du rouge, couleurs qu’il peut discerner. Dans ses travaux ultérieurs, y compris ses tirages représentant des animaux et ses peintures montrant de saisissants couchers de soleil, les couleurs sont vives, souvent primaires. Roy Henry Vickers constate un intérêt particulier pour la couleur dans sa production d’œuvres plus représentatives de la diversité des expériences vécues par les peuples des Premières nations dans le nord de la Colombie-Britannique.
Pour pouvoir réellement utiliser la couleur dans ses œuvres, il met au point un système qui lui permet de séparer les couleurs par des bandes de gris. Grâce à cette technique, il peint son premier coucher de soleil, Westcoast Sunset, qu’il termine au début des années 1980. Cette œuvre, qui fait l’objet d’une reproduction en tirage limité (1982), est inspirée d’un voyage qu’il accomplit un été en pirogue de Prince Rupert à Kitkatla, en suivant le trajet autrefois emprunté par ses ancêtres.
En 1986, Roy Henry Vickers ouvre la galerie Eagle Aerie à Tofino, C.-B., dans une maison longue traditionnelle de la côte nord-ouest qu’il construit avec sa famille et le sculpteur local Henry Nolla. La galerie compte parmi les principaux attraits du secteur. Outre ses peintures, ses reproductions et ses sculptures, Roy Henry Vickers y vend les œuvres d’autres artistes autochtones.
Principales œuvres et commandes
En 1987, le tableau A Meeting of Chiefs est choisi comme cadeau officiel de la province de la Colombie-Britannique à la Reine Élizabeth II lors de la Réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth qui se tient à Vancouver cette année-là. Des tirages limités de l’œuvre sont également remis aux 48 chefs d’État du Commonwealth. En 1993, des épreuves d’artiste du tirage de l’œuvre de Roy Henry Vickers The Homecoming sont choisies comme cadeau officiel de la province de la Colombie-Britannique au président de la Fédération de Russie Boris Yeltsin et au président des États-Unis Bill Clinton.
Outre ses tableaux et ses tirages limités, Roy Henry Vickers crée plus de 26 mâts totémiques, dont le Salmon Totem de 10 m conçu pour le centre aquatique des Jeux du Commonwealth de 1994, près de Victoria. Il sert également de conseiller artistique des architectes et designers de l’endroit.
De 1987 à 1995, Roy Henry Vickers est le conseiller artistique du nouveau terminal de l’aéroport international de Vancouver. Il est également chargé de concevoir les comptoirs de service au détail des terminaux nationaux et internationaux.
Collections
Les œuvres de Roy Henry Vickers font partie de collections privées et publiques au pays et à l’échelle internationale. On les trouve notamment au Musée canadien de l’histoire (Gatineau, Québec), au Musée d’anthropologie de l’Université de Colombie-Britannique (Vancouver) et au Musée national d’ethnologie du Japon (Osaka).
Publications
En 1977, l’Université de Colombie-Britannique publie Beginnings: An Exhibition of the Silkscreen Prints and Carvings of Roy Henry Vickers. Roy Henry Vickers publie plusieurs ouvrages, dont Solstice: The Art of Roy Henry Vickers (1988), Spirit Transformed: A Journey from Tree to Totem (1996) et Copperman: The Art of Roy Henry Vickers (2003). En 2014, l’artiste publie son troisième livre de souvenirs, Storyteller: The Art of Roy Henry Vickers, qui couvre son travail de 2003 à 2013. Il collabore également avec Robert Budd à une série à succès de livres pour enfants fondée sur la mythologie des Premières nations. La série comprend les titres The Elders Are Watching (1990), Raven Brings the Light (2013), Cloudwalker (2014) et Orca Chief (2015).
Honneurs et récompenses
En 1994, Roy Henry Vickers est le premier artiste à figurer au tableau d’honneur du magazine Maclean’s consacré aux Canadiens ayant le mieux réussi. Quatre ans plus tard, il est récompensé par l’Ordre de la Colombie-Britannique. En 2002, il est décoré de la Médaille du Jubilé d’or de la Reine pour ses contributions au monde artistique canadien et à la communauté autochtone. La même année, Roy Henry Vickers apparaît dans une des vidéos qui permettent à Vancouver de remporter l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2010. En 2006, il est fait membre de l’Ordre du Canada pour son incarnation du rapprochement entre les cultures. L’année suivante, lorsque l’Université York lui décerne un doctorat honorifique, il prend la parole à titre de conférencier principal pour les diplômés de l’année.
Reconnu comme « Canadien émérite » en 2011, il reçoit la Médaille du Jubilé de diamant de la Reine Élizabeth II l’année suivante. Il célèbre son 70e anniversaire en 2016 à Vancouver avec le lancement de son livre, Peace Dancer. Roy Henry Vickers se voit également attribuer une chefferie héréditaire et plusieurs noms héréditaires de Premières nations de la côte nord-ouest.