Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Sam Rose)
"Donc il y avait une jeune fille et nous l’avons adoptée. On l’a ramenée au camp et on lui a donné un uniforme de l’armée et des chaussures ; et j’ai dit au médecin militaire, cette jeune fille, elle est orpheline."
Transcription
Pendant l’invasion de Juno, j’étais dans le
groupe de reconnaissance. Alors avec le Sergent Cook, j’étais en éclaireur avec
mes hommes ; et les camions étaient tous chargés de munitions, d’obus de
25 livres pour les chars et de diesel. Et puis le Sergent Cook sort son filtre
portatif pour l’eau potable, vous savez ce que c’est un filtre à eau
potable ? Il allait faire du thé parce qu’on était le groupe de reconnaissance,
en attendant l’arrivée du détachement arrière. Oh comme j’étais furieux après
lui. Je dis, la nuit, vous sortez une machine à filtrer l’eau, et l’ennemi va faire
des photos ; et immédiatement après on va se faire dégommer. On s’est fait
mitrailler de nombreuses fois pendant qu’on avançait. Et puis les gars me
disent, pourquoi est-ce qu’on doit quitter nos véhicules et s’éloigner de 300
mètres des véhicules ? Creusez-vous des tranchées et ne bougez plus jusqu’à
mon signal. Pourquoi est-ce qu’on doit faire ça ? Parce que les allemands
sont toujours après les gens qui apportent les fournitures sur la ligne de
front. Et c’était nous. C’est pour ça qu’on doit le faire. Et si vous ne
m’écoutez pas, ils risquent bien de vous renvoyer chez vous entre quatre
planches. Quand j’ai dit quatre planches, il est là, comme un tombeau ?
Dans la ville de Caen, ce qu’on avait l’habitude de faire c’était, disons que si une maison était vide, d’aller dans la maison, les gars voulaient prendre des souvenirs. Je dis, non, prenez un ananas, c’est une grenade à main, tirez la goupille et lancez-là à l’intérieur, au cas où la maison était piégée. Une maison a été bombardée, il y avait une fille que nous avons trouvée parce que j’étais avec la moto. Alors j’étais l’éclaireur. Donc il y avait une jeune fille et nous l’avons adoptée. On l’a ramenée au camp et on lui a donné un uniforme de l’armée et des chaussures ; et j’ai dit au médecin militaire, cette jeune fille, elle est orpheline, on s’est occupés d’elle et il lui a fait une injection d’un demi cm3, pour les maladies et tout ça. Elle est restée avec nous jusqu’à la fin de la guerre, à travers la France, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne. Elle faisait toute la lessive pour les gars, vous savez, dix hommes. Pas de bêtises. J’ai dit aux garçons, sans mâcher mes mots : elle est orpheline ; faites pas les idiots. Si vous commencez quoi que ce soit, je vous casse le bras.
Et puis vers la fin de la guerre, j’ai fait une collecte dans toute la compagnie et je l’ai donnée à la jeune fille, de l’argent canadien. Vous savez, on était payés et j’ai donné tout ça à la jeune fille. C’était au moment où on devait rentrer à Londres. Et plein de gars ont dit comme ça, oh mon Dieu, on a perdu un chouette petit soldat. On est rentrés chez nous le 3 janvier ; je n’oublierai jamais ça. Et toues les filles, mes amies filles, toutes les filles m’écrivaient des lettres. Une fille a écrit la lettre avec une photo. Et après la guerre, toutes les filles à qui ma sœur avait dit de m’écrire pendant qua j’étais à l’armée, et une des filles je l’ai reconnue parce qu’elle m’avait envoyé une photo, alors je l’ai reconnue.
Dans le quartier où j’habitais il y avait beaucoup de pochards. Alors je ne voulais pas qu’elle se retrouve dans la rue là-bas. Il faisait bien sombre le soir. Alors j’ai dit à mon frère ; il avait une voiture. Il dit, voici les clefs, tu peux l’emmener. C’est la fille que j’ai épousée. J’ai été rendu à la vie civile le 16 janvier et le 3 décembre je me suis marié.
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