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Sarnia

Sarnia (Ontario), constituée en ville en 1914, 71 594 habitants (recensement de 2016), 72 366 habitants (recensement de 2011). La ville de Sarnia est située sur les berges du lac Huron, à l’embouchure de la rivière Sainte-Claire, 100 km à l’ouest de London. Un tunnel ferroviaire sous la rivière Sainte-Claire et un pont routier démarrant de la pointe Edward connectent Sarnia à Port Huron, dans l’État du Michigan. Sarnia est un important centre pour l’industrie pétrochimique et le terminus méridional d’un oléoduc qui part de l’Alberta. C’est aussi là qu’a vécu Alexander Mackenzie, le premier premier ministre libéral du Canada.

Historique

Autochtones

Depuis le début du XIXe siècle, la région de Sarnia est peuplée par les Anishinaabes qui occupent la réserve actuelle de la Première Nation Aamjiwnaang, à la limite sud de la ville.

Avant l’arrivée des Anishinaabes, les Tionontatis (aussi appelés les Pétuns) arrachent la région aux Sauks au début du XVIIe siècle. Les Tionontatis étaient alliés du Conseil des Trois Feux qui comprenait les Potawatomis, les Odawas et les Anishinaabes. Le territoire change une nouvelle fois de main au milieu du XVIIe siècle, passant aux Mohawks et aux Sénécas de la Confédération Haudenosaunee après un différend territorial.

Les traiteurs et les explorateurs français commencent à visiter la région en 1669. À la fin des années 1680, le gouvernement colonial érige un fort sur le site de l’actuelle ville de Port Huron, dans l’État du Michigan, directement de l’autre côté de la rivière, en face de Sarnia. Les Français entretiennent à l’époque des relations beaucoup plus solides avec les Anishinaabes qu’avec les Haudenosaunees et dans les dernières décennies du siècle, les Français et les Anishinaabes attaquent conjointement les Haudenosaunees. Trois escarmouches sont suffisantes pour que les Anishinaabes et leurs alliés du Conseil des Trois Feux prennent le contrôle des terres en 1701, l’année où Antoine Cadillac, commandant français de l’administration coloniale, établit un fort à Detroit, tout à côté.

Au cours des décennies qui suivent, les Anishinaabes prospèrent de manière spectaculaire grâce au commerce avec les Français et leur population s’accroît substantiellement, passant d’environ 3 000 individus en 1700 à plus de 10 000 au début des années 1770.

Les Anishinaabes commencent à perdre le contrôle du territoire dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, alors que leurs partenaires commerciaux français se font déloger par les Britanniques durant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Puis, après être restés relativement neutres durant la guerre de l’Indépendance américaine, les Anishinaabes deviennent de plus en plus vulnérables alors que les colons britanniques et américains empiètent sur leurs terres, perturbant ce faisant les routes de commerce et disséminant la variole (voir aussi Épidémie). C’est avec les Américains qu’ils signent leurs premiers traités territoriaux : les traités de Greenville et de Detroit, signés respectivement en 1795 et en 1807.

En 1827, ils signent avec la Couronne britannique le traité 29 qui prévoit la création de la réserve de la Première Nation Aamjiwnaang.

Peu après, une communauté de colons britanniques forme un village qui sera nommé The Rapids jusqu’en 1836, puis Port Sarnia par la suite. Sir John Colborne aurait baptisé le canton « Sarnia » parce que c’est le nom latin de Guernsey – une île de la Manche – où il a été gouverneur avant d’être nommé au Canada. Le mot « Port » est abandonné lorsque la ville est constituée en 1856.

Développement

En 1858, la Great Western Railway étend sa ligne de London à Sarnia et fait passer des transbordeurs d’une rive à l’autre de la rivière Sainte-Claire. Le Grand Trunk Railway ajoute une ligne jusqu’à Point Edward en 1859. Après l’ouverture du tunnel St. Clair en 1891, le service des traversiers est interrompu pendant quelques années et Point Edward décline en tant que centre ferroviaire.

Des activités de base de raffinage du pétrole débutent à Sarnia après l’entrée en production du premier puits de pétrole commercial sur le continent à Oil Springs, 36 km au sud-est, en 1858. En 1898, Imperial Oil – jusque-là à Petrolia, 26 km au sud-est – s’installe à Sarnia et y construit une raffinerie.

L’événement le plus important pour l’émergence des activités pétrochimiques à Sarnia se produit durant la Deuxième Guerre mondiale. L’armée japonaise vient de prendre le contrôle des principales sources de caoutchouc naturel au monde en Asie du Sud-Est et les forces alliées ont désespérément besoin d’une source de caoutchouc synthétique. Pour faire face à cette situation, le ministre canadien des Munitions et des Approvisionnements, C.D. Howe, ordonne la construction d’une usine de caoutchouc synthétique à Sarnia qui sera gérée par une nouvelle société d’État, Polymer Corp. Doté d’un budget de 50 millions de dollars, il s’agit du plus gros projet financé par le gouvernement fédéral en temps de guerre. Plusieurs autres usines pétrochimiques suivront dans la foulée.

En 1951, la ville annexe une partie du canton de Sarnia. En 1991, Sarnia fusionne avec la ville de Clearwater.

Paysage urbain

Les berges de la baie Sarnia, un espace sur la rivière Sainte-Claire utilisée jusqu’alors pour le stockage du bois de bûcheronnage et l’extraction de sel dans le sous-sol, sont modifiées par des opérations de dragage et de remblais en 1927 afin d’aménager un terrain pour les élévateurs à grain. Les quais sont accessibles aux plus gros navires utilisés sur les lacs. La plupart des édifices publics sont récents.

Environnement

La zone sur laquelle s’étendent la plupart des complexes pétrochimiques de Sarnia est connue sous le nom de « vallée de la chimie ». Au cours des dernières années, plusieurs experts médicaux ont fait part de leurs préoccupations concernant les impacts sanitaires de l’industrie sur les travailleurs et les résidents. Selon un rapport publié en 2011 par l’Organisation mondiale de la santé, les émissions émanant du parc industriel sont telles que la qualité de l’air à Sarnia est pire que dans n’importe quelle autre communauté au Canada. L’ONG environnementale Ecojustice a signalé que la « vallée de la chimie » émettait plus de polluants dangereux que les provinces du Manitoba, du Nouveau-Brunswick ou de la Saskatchewan.

La communauté Aamjiwnaang, qui jouxte sur trois côtés des installations industrielles, est tout particulièrement sensible aux impacts sanitaires des émissions. On a signalé parmi ses membres un taux plus élevé que la normale d’incidence des cas d’asthme, de pression artérielle élevée, de maux de tête chroniques, de cancer, de difficultés d’apprentissage, d’éruptions cutanées et de fausses couches.

Population

Les origines ethniques les plus fréquemment citées pour Sarnia dans l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 étaient anglaise, canadienne et écossaise, et ces trois groupes représentaient juste un peu plus de 90 % de la population de Sarnia. Juste un peu plus de 4 % de la population appartient à une minorité visible, les Sud Asiatiques, les Chinois et les Noirs représentant les trois plus grands groupes.

Économie et main-d’œuvre

L’économie d’après-guerre fut florissante à Sarnia. Tout au long des années 1970, la ville offre le plus haut niveau de vie au Canada, le revenu disponible y étant 35 % plus élevé que la moyenne canadienne. En 1971, les installations industrielles de Polymer Corporation sont choisies pour figurer au dos du billet de 10 dollars.

À Sarnia, l’industrie pétrochimique moderne s’appuie sur les mines de sel locales, l’abondance de l’eau douce, le réseau d’expédition par les Grands Lacs et un oléoduc d’Enbridge qui achemine le pétrole extrait des sables bitumineux d’Alberta. La municipalité accueille sur son territoire des installations que possèdent et exploitent Bayer Inc., Shell Canada, Imperial Oil et NOVA Chemicals. Ces sociétés produisent notamment de l’essence, différents combustibles, des ingrédients pour la fabrication de plastiques et de textiles, du caoutchouc, des produits chimiques et des matières isolantes.

Gouvernement et politique

Le conseil municipal de Sarnia est composé du maire et de huit conseillers qui sont élus une fois tous les quatre ans.

Vie culturelle

Le mouvement syndical a joué un rôle particulièrement important dans l’histoire culturelle de Sarnia après la guerre. Il continue à être très présent aujourd’hui, bien que l’adhésion aux syndicats ait décliné. La ville accueille aussi dans ses murs l’Orchestre symphonique International, un ensemble local qui partage son temps entre Sarnia et Port Huron. Le principal journal de la ville est le Sarnia Observer. Le plus grand établissement d’enseignement secondaire de la ville est le Collège Lambton, qui se spécialise dans les arts appliqués et la technologie.