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Michel Sarrazin

Michel Sarrazin, chirurgien, médecin, naturaliste (né en septembre 1659 à Nuits-sous-Beaune, en France; décédé le 8 septembre 1734 à Québec). Il est arrivé en Nouvelle‑France à titre de médecin de marine en 1685 ou en 1686, puis est devenu médecin en chef de la Nouvelle-France en 1699. Michel Sarrazin a réalisé ce qui était probablement la première mastectomie en Amérique du Nord. Il s’est également intéressé à la botanique et a été parmi les premiers à répertorier les plantes et les animaux de l’Amérique du Nord, y compris de nombreuses plantes jusqu’alors inconnues en Europe.

Ce tableau de Pierre Mignard serait un portrait du chirurgien, médecin et naturaliste Michel Sarrazin (1659-1734).

Jeunesse

Michel Sarrazin naît à Nuits-sous-Beaune (aujourd’hui Nuits-Saint-Georges) en Bourgogne, en France, où il est baptisé le 3 septembre 1659. Il est le fils de Magdelaine (Madeleine) de Bonnefoy et de Claude Sarrazin, lieutenant en la justice des terres de l’abbaye de Cîteaux. Michel Sarrazin fait partie d’une fratrie de six enfants, mais seuls deux de ses frères ont survécu jusqu’à l’âge adulte. Les détails de sa jeunesse restent obscurs; il a peut-être étudié la chirurgie à Paris.

Chirurgien-major en Nouvelle-France

En 1685 ou en 1686, Michel Sarrazin arrive en Nouvelle-France à titre de chirurgien de la marine. En 1686, le gouverneur général de la colonie, Jacques-René de Brisay de Denonville, et l’intendant, Jean Bochart de Champigny, le nomment chirurgien-major des troupes coloniales. Il est le premier à occuper cette fonction en Nouvelle-France.

À titre de chirurgien-major, Michel Sarrazin accompagne les expéditions militaires, mais il est également autorisé à servir la population générale et le clergé. Il traite des patients à l’Hôtel-Dieu, à Montréal, ainsi qu’à Québec, dès 1693. Le Conseil souverain, le parlement de la colonie, lui demande aussi parfois des conseils médicaux.

Médecin en chef de la Nouvelle-France

En 1694, Michel Sarrazin retourne en France pour obtenir un diplôme de médecine de l’Université de Reims. Il revient à Québec en 1697 avec le titre de « médecin du roi » puis, en 1699, devient médecin en chef de la Nouvelle-France. Il continue parallèlement à pratiquer la chirurgie. En 1700, il réalise la première mastectomie enregistrée en Amérique du Nord, l’une des procédures les plus difficiles de l’époque. C’est une réussite, la personne opérée vit jusqu’en 1739.

La situation de Michel Sarrazin est inhabituelle, car les médecins et les chirurgiens n’ont pas la même formation et appartiennent à des couches sociales différentes au début de l’époque moderne. Les médecins ont une formation universitaire, mais peu ou pas de formation pratique. À l’inverse, la chirurgie est considérée comme un métier qui exige un apprentissage, mais aucune formation officielle. À la fin du XXVIIe siècle, toutefois, la chirurgie gagne en prestige, particulièrement en France, et la médecine s’attache davantage à l’observation clinique et à la recherche anatomique.

Michel Sarrazin illustre cette transformation. Il s’intéresse à l’anatomie et possède des ouvrages sur la recherche et les innovations médicales. Cela témoigne de son ouverture à de nouvelles approches, comme le prouve également son utilisation du savoir autochtone en matière de plantes médicinales.

Botaniste et zoologiste

Alors qu’il est en France (1694-1697), Michel Sarrazin rencontre Joseph Pitton de Tournefort, membre de l’Académie des sciences et professeur de botanique au Jardin du roi, à Paris. Leur relation suscite l’intérêt de Michel Sarrazin pour l’étude des plantes. En 1699, ce dernier devient le premier correspondant officiel de l’Académie en Nouvelle-France. Il passe les 30 années suivantes à mener de nombreuses expéditions naturalistes, malgré de courtes saisons de croissance, le climat défavorable, les longues distances et les conflits avec les groupes autochtones. Il envoie régulièrement des rapports à Joseph Pitton de Tournefort et à d’autres scientifiques de l’Académie, ainsi que des graines et des spécimens de plantes, dont certains sont plantés dans les jardins royaux.

Michel Sarrazin s’intéresse particulièrement aux plantes médicinales. Parmi les premières espèces qu’il identifie et classe se trouve la sarracénie canadienne, un remède autochtone contre la variole (nommé Sarracenia purpurea en son honneur) ainsi que deux variétés de ginseng. Il documente également la production de sirop d’érable telle que la pratiquent les peuples autochtones. De plus, il fournit des rapports de dissection minutieuse de mammifères canadiens : castor, rat musqué, carcajou, otarie et porc-épic. Ses découvertes ont été publiées par l’Académie, mais pas toujours sous son nom, et dans le cadre de catalogues compilés par d’autres scientifiques.

Vie personnelle et sociale

En tant que médecin en chef, Michel Sarrazin jouit d’un statut social et de nombreuses relations. En 1706, le gouverneur de la Nouvelle-France, le marquis Philippe de Rigaud de Vaudreuil, le nomme au Conseil souverain (qui devient par la suite le Conseil supérieur). Michel Sarrazin devient membre à vie du Conseil supérieur le 30 juin 1707 et, à ce titre, participe à l’administration de la colonie.

En 1709, Michel Sarrazin repasse en France et y séjourne plus d’un an, apparemment pour des raisons de santé. De retour en Nouvelle‑France, à l’âge de 52 ans, il épouse Marie-Anne Hazeur, âgée de 20 ans, le 20 juin 1712. Elle est la fille d’un important commerçant, seigneur (propriétaire foncier) et politicien. Grâce à ce mariage, Michel Sarrazin acquiert quelques terres en Gaspésie et le statut de grand seigneur. Le couple a sept enfants, dont trois sont morts en bas âge. Seule leur fille Charlotte Louise Angélique a des enfants.

Situation financière

Michel Sarrazin s’assure un revenu supérieur à la moyenne grâce à des pétitions et des plaintes régulières, appuyées par des connaissances influentes. Son salaire annuel versé par la Couronne quintuple entre 1698 et 1716. Il acquiert également des biens et fait des investissements commerciaux, bien que sans succès. Alors que les premiers biographes font état des difficultés financières de Michel Sarrazin, des récits récents indiquent que sa situation matérielle était confortable, voire prospère.

Décès et héritage

Michel Sarrazin meurt à Québec le 8 septembre 1734, à l’âge de 75 ans, d’une fièvre contractée d’un patient. Il laisse en héritage à titre d’autorité médicale pendant 50 ans, une approche empirique alliant les méthodes pratiques de chirurgie aux connaissances anatomiques et à l’inférence. Sur le plan scientifique, ses observations, ses dissections et ses descriptions minutieuses contribuent au système moderne de classification des plantes et à la compréhension de la faune et de la flore du Québec en particulier. Elles ont également eu un impact économique, facilitant les industries telles que la traite des fourrures et la production de sirop d’érable.

Aujourd’hui, trois organismes commémorent Michel Sarrazin : la Maison Michel-Sarrazin, un centre hospitalier privé en soins palliatifs, situé à Québec, le Club de recherches cliniques du Québec, qui souligne les contributions des chercheurs québécois en décernant son prix Michel‑Sarrazin et l’Association canadienne-française de l’Ontario, Conseil régional des Mille-Îles, qui décerne le Prix Michel‑Sarrazin au meilleur projet scientifique en langue française dans la région des Mille-Îles, en Ontario.