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sergent major John Robert Osborn

Le sergent major John Robert Osborn fut le premier soldat canadien durant la Deuxième Guerre mondiale à commettre un acte de courage tel, qu'il reçut la Croix de Victoria.

Le sergent major John Robert Osborn fut le premier soldat canadien durant la Deuxième Guerre mondiale à commettre un acte de courage tel, qu'il reçut la Croix de Victoria. Mais son héroïsme au cours de la Bataille de Hong Kong, plus spécifiquement du 19 décembre 1941, ne fut pas connu avant la fin de la guerre; il aura fallu la libération de vétérans de Hong Kong après la reddition des Japonais, pour que les faits soient finalement dévoilés.

Osborn combattait avec le 1er Bataillon, les Winnipeg Grenadiers, lorsqu'il fut tué au cours d'un combat féroce près du mont Butler sur l'île de Hong Kong. Le mont Butler était l'un de plusieurs pics escarpés surplombant la partie centrale-nord de l'île, partie qui avait été envahie par les Japonais le 18 décembre. Le matin du 19 décembre, un détachement du bataillon d'Osborn reçut le mandat de reprendre la colline. Ils réussirent leur mission, mais leur victoire fut de courte durée. Au bout de trois heures, les tirs incessants de la part des Japonais qui étaient en position pour prendre les Canadiens de flanc, chassèrent ceux-ci du pic. Osborn, seul, couvrit ses camarades qui battaient en retraite. Sa citation militaire, émise le 2 avril 1946, relate sa tragique histoire : " Sans aucun égard pour sa sécurité personnelle, il aida ceux derrière, et les dirigea vers la nouvelle position de sa compagnie, s'exposant lui-même au tir féroce de l'ennemi pour couvrir leur retraite. "

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Le sergent-major de compagnie, John Osborn, des Winnipeg Grenadiers, a été le seul à se mériter la Croix de Victoria de Hong Kong à titre posthume.

Seuls et isolés, Osborn et ses hommes combattirent jusqu'en après-midi. Les Japonais s'approchèrent suffisamment des Canadiens dans leurs tranchées pour leur lancer des grenades. Osborn les leur renvoya. Puis, l'une d'elles atterrit trop proche : Osborn comprit qu'il ne pourrait la retourner à temps. Il cria, avertissant ses camarades, puis se jeta sur la grenade. Il fut tué instantanément.

Osborn est né en Grande-Bretagne le 2 janvier 1899. Il sert avec la Marine royale au cours de la Première Guerre mondiale, puis s'installe au Canada, près de Wapella, en Saskatchewan, pour s'adonner à l'agriculture. Comme plusieurs autres citoyens canadiens, il s'enrôle dans la milice (armée de réservistes) en 1933, au cœur de la Grande Dépression. Son unité est déclarée active le 3 septembre 1939. Selon la loi, Osborn n'était pas tenu, par ce changement de statut, de demeurer avec son unité - comme pour tous les autres miliciens, il avait le choix entre se porter volontaire pour le service actif ou bien rester au pays lorsque les Grenadiers allaient être envoyés outremer. Il choisit de se porter volontaire et amorça ainsi la route qui le mènerait éventuellement au mont Butler.

Hong Kong était une colonie britannique depuis la fin du 19e siècle. Lorsque la guerre éclata entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne en septembre 1939, les Britanniques s'inquiétèrent au sujet du Japon - une partie de l'Axe de l'Allemagne - qui pourrait harceler les possessions britanniques dans le sud-est de l'Asie ou même se joindre à la guerre contre la Grande-Bretagne. Toutefois, on considérait l'île de Hong Kong comme étant trop isolée et trop vulnérable pour la défendre. Au tout début du conflit, les Britanniques ne comptaient pas envoyer des troupes à Hong Kong comme renfort pour le petit nombre de troupes régulières en poste sur l'île, en plus des volontaires de la milice de Hong Kong.

À la mi-1941 cependant, les Britanniques changèrent leur politique. Les tensions montaient dans le Sud-Est asiatique et les Japonais (qui avaient envahi la Chine en 1931 d'abord, puis avaient renouvelé leur offensive en 1937) avancèrent sur l'Indochine avec la bénédiction des maîtres coloniaux de l'Indochine, les Français de Vichy. Quelques stratèges britanniques vinrent à croire que Hong Kong pourrait servir de première base, dans le sud de la Chine, contre les Japonais. D'autres, y compris le major-général A. E. Grasett, un Canadien servant dans l'Armée britannique, étaient plutôt d'avis que le renforcement de Hong Kong pourrait intimider suffisamment les Japonais pour leur faire renoncer à la guerre. L'idée était que l'envoi d'environ 5 000 troupes britanniques, canadiennes et indiennes coloniales à Hong Kong pourrait décourager les Japonais. Cette idée était basée, du moins en partie, sur l'hypothèse raciste que de bons et forts militaires britanniques, ou encore des troupes coloniales sous la direction d'officiers britanniques, pourraient facilement intimider la race japonaise, supposément inférieure. Certes, d'autres partageaient ce point de vue; les États-Unis, avec la même intention, envoyèrent une poignée de bombardiers et un petit nombre de troupes aux Philippines.

Après avoir terminé son affectation à Hong Kong, Grasett fit escale au Canada lors de son voyage de retour en Grande-Bretagne et partagea ses idées avec H. D. G. " Harry " Crerar, un ancien compagnon de classe au Collège militaire royal du Canada. Crerar était alors chef de l'état-major général canadien. Jusqu'à présent, personne n'a jamais su ce que comporta l'échange entre les deux hommes, mais lorsque Grasett revint au Royaume-Uni, il informa le ministère de la Guerre du fait que le Canada, si on le lui demandait, enverrait des troupes pour aider la garnison de Hong Kong.

La requête officielle fut soumise au Canada à la mi-septembre 1941. Le Canada consentit à envoyer deux bataillons - les Winnipeg Grenadiers et les Royal Rifles du Canada - ainsi que des Quartiers généraux (QG) de la brigade, sous le commandement du brigadier canadien J. K. Lawson, totalisant 1975 troupes. Les Canadiens s'attendaient à ce que les troupes se réunissent en garnison autour de Hong Kong et non pas qu'elles combattent les Japonais. Les deux bataillons n'étaient certainement pas prêts à faire la guerre. Les Winnipeg Grenadiers étaient récemment rentrés de la Jamaïque, où ils faisaient office de garnison, tandis que les Royal Rifles avaient exécuté les mêmes tâches à Terre-Neuve. Toutefois, on s'attendait à ce que les troupes aient beaucoup de temps pour s'entraîner une fois arrivées à Hong Kong, si jamais les hostilités devaient se déclarer. Au mois de septembre 1941, personne, ni les Britanniques, ni les Canadiens, ni même les Américains ne s'attendaient à une guerre imminente dans le Pacifique. En effet, les Japonais eux-mêmes ne prirent la décision finale d'avoir recours à la guerre que le 5 novembre 1941, alors que les Canadiens étaient encore en route; de plus, la décision était, bien sûr, un secret bien gardé.

Les Canadiens arrivèrent à Hong Kong le 16 novembre et débarquèrent le lendemain; la plupart de leurs véhicules avaient été envoyés par un autre transporteur, toujours en mer d'ailleurs lorsque la guerre fut déclarée. Leurs véhicules furent plutôt acheminés à Manille, où le cargo était destiné à l'usage des troupes américaines.

À 8 h 00 le 8 décembre (le 7 décembre au Canada), environ six heures après l'attaque sur Pearl Harbor, les avions japonais attaquèrent Hong Kong, éradiquant le petit contingentement d'avions désuets de l'aviation britannique qui y étaient en poste. Trois régiments de la 38e division japonaise se mirent à infiltrer la frontière entre Hong Kong et la Chine. Les Japonais pénétrèrent rapidement la première position de défense alliée, connue sous le nom de Gin Drinkers Line (la ligne des buveurs de gin). Bien que leurs nombres ne soient pas beaucoup plus élevés que ceux des défenseurs, les Japonais jouissaient de l'avantage dans les airs et possédaient une artillerie supérieure. Leurs troupes étaient coriaces, bien entraînées, hautement motivées et aguerries suite à des années de combat en Chine.

Les défenseurs canadiens, britanniques et indiens se retirèrent rapidement de la partie continentale de Hong Kong et établirent des positions sur le périmètre de l'île de Hong Kong. Le 18 décembre, les Japonais traversèrent le bras d'eau étroit entre le continent et l'île et rentrèrent droit dans le cœur des positions alliées. Les Japonais, dominant complètement les airs et disposant d'une supériorité écrasante d'artillerie, réglèrent rapidement le compte des défenseurs. Les Canadiens combattirent vaillamment mais c'était perdu d'avance, car aucun renfort ne vint à leur secours : la fin n'était donc qu'une question de temps.

La reddition inévitable se fit le jour de Noël 1941. Les pertes canadiennes faisaient 40 % des effectifs : 290 hommes morts et 483 blessés. Mais la tuerie se poursuivit aux mains des Japonais victorieux qui commirent des atrocités et des crimes de guerre contre les soldats qui s'étaient rendus et également contre les civils. Environ 1685 Canadiens furent emmenés brutalement en captivité, à Hong Kong ainsi qu'au Japon, où 287 autres Canadiens moururent.

Hong Kong était la première importante tragédie canadienne de la Deuxième Guerre mondiale; ce fut aussi l'une des rares batailles au cours de laquelle les Canadiens durent affronter les Japonais. La guerre, pour les Canadiens, fut surtout combattue en Europe et dans l'Atlantique Nord. Toutefois, le récit extrêmement triste des 1975 hommes qui quittèrent le Canada par mer le 27 octobre 1941 - plusieurs ne devant pas revenir, et ceux qui revinrent, à jamais marqués par leur traitement brutal - mérite d'être redit à maintes reprises. Pas à cause de la défaite, mais parce que, dans la défaite et face au désespérant et inévitable dénouement, les Canadiens combattirent vaillamment jusqu'à ce que l'ordre de se rendre fusse donné.