Shary Boyle, artiste visuelle (née le 26 mai 1972 à Toronto, en Ontario). Née à Scarborough en banlieue de Toronto, Shary Boyle compte parmi les artistes contemporains les plus éminents au Canada. Elle est lauréate du prix Gershon Iskowitz en 2009, et représente le Canada à la Biennale de Venise en 2013.
Enfance et éducation
Shary Boyle est la cadette d’une famille de cinq enfants, et ses parents s’occupent d’une entreprise de réparation de portes-moustiquaires et de portes vitrées. Enfant, elle est très créative et adore le dessin. Dès l’école secondaire, elle choisit les beaux-arts comme carrière et s’inscrit au Wexford Collegiate School for the Arts, à Scarborough. Certains de ses premiers dessins qui datent de cette période figurent dans le livre Witness My Shame, qu’elle publie en 2004.
Shary Boyle poursuit des études en beaux-arts à l’Ontario College of Art (maintenant la Ontario College of Art and Design University) au centre-ville de Toronto. Elle obtient son baccalauréat en 1994.
Débuts de carrière
À l’Ontario College of Art, Shary Boyle s’implique dans la communauté culturelle indépendante qui bouillonne à Toronto. En plus du dessin, elle ouvre de plus en plus ses horizons créatifs en ajoutant à ses œuvres des technologies obsolètes, comme des rétroprojecteurs servant à créer des mises en scène fantastiques lors de présentations en direct. En plus de ses propres présentations, l’artiste crée des décors pour les concerts des vedettes Feist et Peaches.
En 2000, la galerie torontoise Katharine Mulherin, une galerie émergente très actuelle et intimement liée à la jeune et dynamique scène artistique de la ville, prend Shary Boyle sous ses ailes. En 2001, la première exposition solo de Shary Boyle à cette galerie, intitulée The Omitted Tales, montre l’éventail de ses peintures et de ses dessins. Les thèmes et styles de ces pièces — des paysages obscurs et fantasmagoriques sortis tout droit d’un conte de fées macabre, des figures curieusement tordues, une tension sexuelle viscérale et imminente — deviendront vite sa marque de commerce.
Shary Boyle monte une deuxième exposition à la galerie Katharine Mulherin, en 2003. Puis, on lui offre une pléthore d’expositions dans des centres d’artistes autogérés et des musées tels que le Power Plant à Toronto, où elle expose en 2006 Lace Figures, une série de figurines féminines miniatures en porcelaine qui rappellent les éléments décoratifs que les femmes de l’époque victorienne exposaient dans les salons. Les figurines de Shary Boyle, cependant, semblent tout droit sorties d’un cauchemar : l’une d’elles est décapitée et tient paisiblement sa propre tête, tandis qu’une autre représente une paire de frères siamois en colère dans des parures victoriennes.
L’exposition montre en quelque sorte l’ensemble des priorités de l’artiste : un dévouement profond à l’artisanat doublé d’une puissante représentation politique de la femme, qu’elle souhaite libérer de l’objectivisme et des traditions décoratives souvent reniées. L’exposition lui donne également sa place comme l’une des jeunes artistes les plus en vue au pays.
Mi-carrière
Shary Boyle reçoit une résidence internationale de la part du Conseil des arts du Canada au Royaume-Uni en 2007. Là-bas, elle crée The Clearances, l’une de ses œuvres les plus connues, une pièce de projection de collages grand format appartenant maintenant au Musée des beaux-arts du Canada. Elle rejoint la galerie Jessica Bradley Arts + Projects, qui devient vite l’une des plaques tournantes de la vente d’œuvres d’art au Canada. Sa première exposition à la galerie, Wonderlust, y a lieu en 2007.
Après avoir rejoint les rangs de Jessica Bradley, les distinctions pleuvent pour Shary Boyle. Celle-ci est sélectionnée deux fois comme finaliste pour le prix artistique Sobey (le prix le plus prestigieux au pays, décerné aux artistes canadiens de moins de 40 ans) en 2007 et en 2009, sans toutefois le gagner.
Dans les mois qui précèdent son entrée chez Jessica Bradley, l’artiste ouvre ses horizons et inclut dans ses œuvres des travaux de sculpture, en particulier la porcelaine. En 2009, Shary Boyle remporte le prix Gershon Iskowitz de 25 000 $, décerné par le Musée des beaux-arts de l’Ontario, qui lui accorde aussi une exposition solo au musée. En 2010, cette même exposition devient Flesh and Blood, une exposition itinérante organisée par la directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry.
Flesh and Blood est considérablement sculptural et affiche une nouvelle série de complexes figurines en porcelaine ainsi qu’une collection de figures miniatures confinées dans des vitrines encastrées dans un mur. L’exposition montre également une paire d’installations grand format, type d’œuvre que Shary Boyle tente pour la première fois. Cette année-là, elle remporte un prix de 25 000 $ pour artistes à mi-carrière, décerné par la Hnatyshyn Foundation.
Projets récents
En février 2012, Shary Boyle participe au Festival de théâtre World Stage à Toronto avec la musicienne Christine Fellows, avec qui elle collabore souvent. Ensemble, elles produisent une œuvre qui les occupe toute l’année 2011 et qu’elles appellent Everything Under the Moon. En mélangeant le visuel de Shary Boyle et la musique de Christine Fellows, les deux complices écrivent un conte pour enfants contenant un avertissement à propos de l’environnementalisme et de l’extinction, raconté du point de vue d’une chauve-souris et d’un bourdon.
En mai 2012, lorsque Shary Boyle est au Massachusetts Museum of Contemporary Art dans le cadre d’une exposition collective d’art canadien intitulée Oh, Canada, elle apprend qu’elle est choisie pour représenter le pays à la Biennale de Venise de 2013. Après mûre réflexion, elle accepte. Elle passe ainsi le reste de 2012 et la première moitié de 2013 à concevoir Music for Silence, installation complexe et immersive qui est lancée au pavillon canadien le 30 mai 2013. Le tout comprend trois petites figurines en porcelaine et un film muet, en plus de culminer avec une immense sirène en plâtre de plus de trois mètres de long dans une position de repos classique, sur laquelle est projeté un dense collage d’images contemporaines.