Shawn Graham
Shawn Michael Graham, enseignant, politicien et premier ministre du Nouveau-Brunswick (Rexton, N.-B., 22 février 1968). Shawn Graham est titulaire d'un baccalauréat en éducation physique de l'UNIVERSITÉ DU NOUVEAU-BRUNSWICK et d'un baccalauréat en éducation de l'UNIVERSITÉ SAINT THOMAS.
Le père de Graham, Alan, est longtemps membre de l'Assemblée législative (Kent). Au moment de sa démission, en 1998, il est ministre sous la bannière du Parti libéral du Nouveau-Brunswick. Shawn, qui n'a alors que 30 ans, reprend son siège à la suite de l'élection partielle qui s'ensuit, remportant la victoire avec une majorité de plus de 2500 voix. Cependant, la domination de la scène politique du Nouveau-Brunswick par les libéraux tire à sa fin. Un jeune politicien du nom de Bernard LORD, nouvellement élu chef des progressistes-conservateurs, entre à l'Assemblée législative comme chef de l'opposition. Au cours de l'élection provinciale, l'année suivante, Lord l'emporte largement sur les libéraux, alors dirigés par Camille THÉRIAULT, ne leur laissant que dix sièges. Cependant, un de ces sièges est occupé par Graham, qui devient rapidement le visage du renouveau du Parti libéral. Et le 12 mai 2002, il est choisi comme chef du parti. Il n'a que 34 ans.
Bien que Graham ne remporte pas l'élection provinciale de 2003, le nombre de sièges attribués aux libéraux passe de 7 à 26. Les conservateurs, qui sont passés de 47 à seulement 28 sièges, finissent par n'avoir qu'une majorité d'un siège (le NPD avec Elizabeth Weir occupe aussi un siège). Enhardis par leur succès, Graham et ses libéraux montrent qu'ils sont de formidables opposants, réussissant à déstabiliser le gouvernement de Lord à maintes reprises pendant les trois années suivantes.
À l'occasion de l'élection provinciale de 2006, les libéraux remportent suffisamment de sièges pour obtenir une majorité confortable (29 des 55 sièges) et, à l'âge de 38 ans, Graham devient le 31e premier ministre du Nouveau-Brunswick.
Graham promet que son gouvernement apportera à la province des changements d'une ampleur qu'elle n'a pas connue depuis la mise en œuvre du programme de Chances égales pour tous dans les années 1960. Ces changements seront « transformationnels » et toucheront les secteurs clés de la province, tels que l'éducation, l'énergie, la santé, l'administration municipale et l'économie.
Une de ses propositions consiste à réorganiser le système universitaire et collégial communautaire de la province, incluant la fusion du campus Saint John de l'Université du New-Brunswick et du collège communautaire local afin de former une école polytechnique. Ces changements affecteraient les campus satellites de plusieurs collèges et de l'UNIVERSITÉ DE MONCTON situés dans le nord du Nouveau-Brunswick. Après des mois de protestation, Graham annonce que la majorité des propositions au système postsecondaire sont mises en veilleuse.
Une autre de ses initiatives consiste à éliminer les programmes d'immersion française précoce et de français de base et de les remplacer par un programme intégré qui enseignerait le français aux élèves à partir de la cinquième année ou de la sixième année. Un groupe de parents conteste la décision devant les tribunaux. La juge H. H. McLellan de la Cour du Banc de la reine leur donne raison en jugeant le gouvernement coupable de négligence pour n'avoir pas tenu les consultations promises avant d'implanter les changements.
La politique la plus controversée du gouvernement Graham est l'intention de vendre le service public d'électricité de la province, Énergie NB, à Hydro Québec. Depuis Richard HATFIELD dans les années 1970, les premiers ministres du Nouveau-Brunswick réfléchissent à un moyen pour la province de rembourser la dette de la société de la Couronne. L'offre du Québec d'acheter et d'absorber la dette d'Énergie NB (près de 5 milliards en 2009) est donc alléchante. L'entente, qui promet que le Québec fournira une énergie propre et fiable, fermera plusieurs des générateurs thermiques de la province, réduira les tarifs d'électricité des clients industriels et gèlera les tarifs résidentiels est irrésistible. Cependant, la majorité des gens voient la vente comme la prise d'un bien public par une autre province dont on ne peut pas s'attendre à ce qu'elle mette les intérêts du Nouveau-Brunswick devant ses propres intérêts. Ceux qui sont contre l'entente se mobilisent rapidement et organisent une série de manifestations efficaces. Les manifestations se déroulent à partir de l'annonce de l'entente (29 octobre 2009) jusqu'au 24 mars 2010. Ce jour-là, le premier ministre Graham annonce à l'Assemblée législative que l'entente est maintenant « morte ». Le débat se poursuit dans la province pour savoir si c'est le Québec ou le Nouveau-Brunswick qui a rompu l'entente.
Graham mène sa première campagne électorale en tant que premier ministre en septembre 2010, et même si les sondages d'opinion indiquent que son parti a une légère avance au début de la campagne, peu de gens s'attendent à ce que les libéraux remportent l'élection. Cependant, peu de gens s'attendent à une aussi grande défaite. Lors de l'élection du 27 septembre 2010, les libéraux obtiennent 13 des 55 sièges du Nouveau-Brunswick, tandis que les progressistes-conservateurs, menés par David ALWARD, en obtiennent 42. Les libéraux ont déjà obtenu moins de sièges (10 sièges en 1999) mais jamais un pourcentage du vote populaire aussi bas, 34,4 %. Ainsi, Graham devient le premier premier ministre du Nouveau-Brunswick à perdre une élection après un seul mandat.
Graham démissionne de son poste de chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick le 9 novembre 2010.