Sites archéologiques Mandeville et de Lanoraie
Les sites archéologiques Mandeville et de Lanoraie se situent en aval de Montréal. Le premier se trouve le long de la rivière Richelieu, dans la ville de Tracy, tandis que le second se déploie sur une terrasse en retrait du fleuve Saint-Laurent, dans la municipalité de Lanoraie. Les deux sites se trouvent dans un environnement sablonneux qui se prête bien à l'horticulture telle que pratiquée anciennement par les groupes autochtones sédentaires qui habitaient la région.
Les sites Mandeville et de Lanoraie sont reliés aux IROQUOIENS DU SAINT-LAURENT, un groupe d'agriculteurs qui occupent, entre les années 1200 et 1600 de notre ère, un territoire de résidence qui s'étend de l'embouchure du lac Ontario jusqu'aux environs de la ville de Québec.
Le site Mandeville
Le site Mandeville a été découvert en 1961 sur la propriété d'un résidant de la ville de Tracy qui a donné son nom au gisement. Le site correspond à un petit village composé d'un minimum de quatre MAISONS LONGUES qui abritaient environ 250 personnes. Le village occupe un espace d'une centaine de mètres de longueur par 60 mètres de largeur. Un nombre imposant de traces d'établissement, formées de restes rubéfiés de foyers, de fosses garde-manger ou à déchets et de vestiges des piquets qui définissent la structure des habitations, jalonnent l'espace villageois. Les DATATIONS radiocarbones indiquent que le site aurait été occupé vers la fin du SYLVICOLE supérieur, soit entre 1500 et 1525 de notre ère. Cette datation est validée par la signature stylistique des vases qui démontre clairement le caractère récent du gisement archéologique.
Le site Mandeville se distingue par sa position géographique sur les berges immédiates d'un cours d'eau majeur, tandis que la majorité des autres gisements reliés aux Iroquoiens du Saint-Laurent se situent plutôt sur le faîte des coteaux, en retrait de quelques kilomètres des principales voies d'eau navigables. Une autre particularité réside dans le fait que le site Mandeville héberge une des plus imposantes collections de pipes retrouvées dans un contexte villageois iroquoien de cette période. Entre autres, on peut signaler la présence notable de pipes dites à effigie (fourneaux de pipes incorporant un motif ou une forme évoquant une figure humaine ou une représentation animale telle qu'un chien, un oiseau ou encore un reptile) qui présentent une variabilité surprenante. Le site est classé comme bien culturel depuis 1975.
Le site de Lanoraie
Le site de Lanoraie a été découvert en 1927 par l'archéologue ontarien William WINTEMBERG. Bien que peu documentée, sa superficie, comparable au site Mandeville, évoque l'existence d'un village de faible dimension constitué de quelques maisons longues, dont une seule a fait l'objet d'une fouille intensive d'une durée de trois années à partir de 1970.
Les traces d'établissements excavées lors de la fouille indiquent la présence d'une maisonnée mesurant 29 mètres de longueur par environ six mètres de largeur. Quelque 233 traces de piquets témoignent de l'envergure de la structure d'habitation dont l'enceinte intérieure regroupe sept foyers disposés à intervalle régulier le long de la lisière centrale de l'habitation. Plus de 140 fosses dont la fonction varie sensiblement entourent les zones de feux. On retrouve des fosses contenant des concentrations de cendres et de charbons servant à la vidange des foyers, des fosses recelant uniquement des résidus culinaires, maïs ou restes osseux, des fosses renfermant des fragments de céramiques et certaines complètement vides, probablement utilisées comme garde-mangers provisoires ou contenant à l'origine des matières rapidement dissoutes.
Malgré un premier placement chronologique proposant une occupation du site archéologique vers 1350 de notre ère, la signature stylistique des vases céramiques du site de Lanoraie indique plutôt une présence des groupes iroquoiens sur le site au cours du XVe siècle. En effet, la fouille récente du plus ancien village relié aux Iroquoiens du Saint-Laurent, le SITE MCDONALD, datant de 1320, a fourni des éléments de comparaison permettant de raffiner les datations radiocarbones peu fiables du site de Lanoraie. À regret, le site de Lanoraie a fait l'objet de multiples « chasses aux souvenirs » dans les années 1930, qui ont malheureusement altéré l'enregistrement archéologique et participé à faire disparaître des informations importantes concernant le schème d'établissement.
Les sites Mandeville et de Lanoraie, avec les sites Beaumier et Bourassa, situés près de l'embouchure de la rivière Saint-Maurice, forment une province culturelle distincte gravitant autour du lac Saint-Pierre et que l'on appelle Maisouna, nom donné à cette entité géoculturelle par l'archéologue Claude Chapdelaine de l'Université de Montréal.