Oscar Douglas Skelton, auteur, professeur, fonctionnaire, chef du ministère des Affaires extérieures de 1925 à 1941 (né le 13 juillet 1878 à Orangeville en Ontario; décédé le 28 janvier 1941 à Ottawa en Ontario). Oscar Douglas Skelton a conseillé les premiers ministres William Lyon Mackenzie King, Arthur Meighen et R.B. Bennett pour développer une politique étrangère indépendante qui favorisait les intérêts canadiens plutôt que les relations de longue date du Canada avec le Royaume-Uni. Il a également mis sur pied le ministère moderne des Affaires extérieures (aujourd’hui Affaires mondiales Canada) à la suite du Statut de Westminster de 1931, et il a établi des précédents clés qui façonnent la politique étrangère canadienne encore aujourd’hui.

Famille
Oscar Douglas Skelton est le deuxième enfant et le seul fils de Jeremiah Skelton et d’Elizabeth Jane Hall, des enseignants du primaire à Caledon en Ontario qui sont issus de familles protestantes d’Irlande du Nord. La famille déménage souvent à l’intérieur de l’Ontario et Jeremiah s’implique dans de nombreuses organisations civiques, occupant les fonctions de conseiller municipal et de secrétaire de la chambre de commerce de Shelburne et de président de la Stormont Teachers’ Association à Cornwall en Ontario.
Éducation
Après avoir terminé ses études secondaires à Orangeville, Oscar Douglas Skelton reçoit des bourses d’études de l’Université de Toronto et de l’Université Queen’s à Kingston en Ontario. Il obtient une maitrise en lettres classiques et en littérature anglaise à l’Université Queen’s en 1899, et il retourne à l’université pour une année supplémentaire d’études en grec en 1900. Il déménage ensuite aux États-Unis pour faire un doctorat en économie et en politique à l’Université de Chicago, qu’il termine en 1908 en rédigeant sa thèse sur « The Case Against Socialism ». Pendant ses études doctorales, il est rédacteur adjoint du Booklovers Magazine à Philadelphie, où sa sœur Emma travaille comme sténographe.
Mariage et enfants
Le 16 août 1904, Oscar Douglas Skelton épouse Isabel Murphy à la ferme familiale d’Antrim en Ontario. Le couple passe cinq mois à voyager au Royaume-Uni et en Europe pour leur lune de miel. Oscar Douglas Skelton déclare plus tard au journal Standard de Cornwall qu’il n’a vu « aucun pays qu’il aime autant que le Canada et personne d’aussi intelligent, travailleur et prospère que les Canadiens ». Oscar Douglas Skelton décrit sa femme comme « mon roc », mais ils sont souvent séparés l’un de l’autre durant de longues périodes en raison de ses recherches universitaires et de son travail au gouvernement.
Les Skelton ont trois enfants : Douglas Alexander (1907-1950), un professeur de sciences politiques et sous-ministre adjoint du commerce au Canada; Herbert Hall (1909-1987); et Sheila Isabel Halliday (1918-1998), qui épouse Arthur Redpath Menzies, haut-commissaire du Canada en Australie et récipiendaire de l’Ordre du Canada pour ses efforts visant à améliorer les relations entre le Canada et la Chine.
Carrière académique
En 1909, Oscar Douglas Skelton devient professeur à la chaire John A. Macdonald de sciences politiques et d’économie de l’Université Queen’s, un poste qu’il occupe jusqu’en 1925. Il est également doyen de la faculté des arts de l’Université Queen’s de 1919 à 1925. Il est un professeur très apprécié, et surnommé « Skelly » par ses élèves.
Oscar Douglas Skelton est un auteur prolifique et un intellectuel public. Son premier livre, Socialism : A Critical History, publié en 1911, est salué par le révolutionnaire russe Vladimir Lénine comme étant la plus solide critique du socialisme écrite dans une perspective « bourgeoise ». Oscar Douglas Skelton développe une relation étroite avec l’ancien premier ministre Wilfrid Laurier et il est invité à devenir son biographe officiel en 1914. Les deux volumes Life and Letters of Sir Wilfrid Laurier sont publiés en 1921. Les autres livres d’Oscar Douglas Skelton comprennent The Life and Times of Sir Alexander Tilloch Galt (1920) et The Railway Builders : A Chronicle of Overland Highways (1916).
Oscar Douglas Skelton exprime régulièrement ses opinions sur l’économie, l’histoire et la politique canadienne dans une chronique publiée dans le journal Queen’s Quarterly. Bien qu’il soutienne la participation du Canada à la Première Guerre mondiale pour défendre « l’honneur, la liberté et la démocratie », il s’oppose à la conscription. Cette position incite d’éminents anciens étudiants de l’Université Queen’s, dont James Armstrong Richardson, homme d’affaires de Winnipeg et pionnier de l’aviation, à exiger sa démission. Oscar Douglas Skelton a le soutien du directeur de l’Université Queen’s, R. Bruce Taylor, et la controverse entourant ses opinions sur la conscription s’intègre à un débat plus large sur la liberté académique.

Ministère des Affaires étrangères
Oscar Douglas Skelton impressionne le premier ministre William Lyon Mackenzie King lorsqu’il donne une conférence intitulée « Canada and Foreign Policy » (Le Canada et la politique étrangère) aux membres du Canadian Club d’Ottawa en 1922. Oscar Douglas Skelton soutient que le Canada devrait s’opposer à un programme de politique étrangère unifié pour l’ensemble de l’Empire britannique et des dominions développé au Royaume-Uni, et que le pays devrait plutôt être autonome en matière d’affaires étrangères, affirmant que « la position que le Canada doit adopter doit être décidée au Canada par des représentants élus du Canada, des hommes responsables devant le peuple canadien ». William Lyon Mackenzie King embauche Oscar Douglas Skelton comme consultant à temps partiel en politique étrangère et il l’invite à être le conseiller expert du gouvernement canadien à la Conférence impériale de 1923 à Londres. En 1924, Oscar Douglas Skelton prend un congé de ses responsabilités universitaires pour assister aux réunions de la Société des Nations à Genève en tant que consultant pour le gouvernement canadien.
En mars 1925, William Lyon Mackenzie King nomme Oscar Douglas Skelton sous-secrétaire d’État aux Affaires extérieures. La carrière universitaire d’Oscar Douglas Skelton à l’Université Queen’s prend fin, ce qu’il décrit à R. Bruce Taylor comme « la décision la plus difficile que j’ai jamais eu à prendre ». Il déménage avec sa famille dans le quartier de Rockcliffe à Ottawa.
Oscar Douglas Skelton joue un rôle important lors de la Conférence impériale de 1926, qui mène à la rédaction de la déclaration Balfour, selon laquelle le Royaume-Uni, le Canada et les autres dominions sont « égaux en statut et ne se subordonnent en aucune façon les uns les autres, dans aucun aspect de leurs affaires intérieures ou extérieures ». Oscar Douglas Skelton décrit la déclaration Balfour comme « un document de changement historique ». En 1929, il se rend à Londres pour assister à la Conférence sur le fonctionnement de la législation des dominions, qui recommande l’autonomie législative des dominions. Il est donc un personnage clé dans les négociations avec le gouvernement britannique qui mènent au Statut de Westminster de 1931, qui accorde au Canada et aux autres dominions auto-gouvernants l’autonomie sur leurs décisions respectives en matière de politique étrangère.

Oscar Douglas Skelton entretient une étroite relation de travail avec William Lyon Mackenzie King, qui partage ses opinions sur l’importance de l’autonomie canadienne en matière d’affaires étrangères et il l’encourage à demeurer premier ministre pendant l’affaire King-Byng. William Lyon Mackenzie King et Oscar Douglas Skelton deviennent également des amis proches, passant des vacances ensemble, dont trois semaines dans les Caraïbes en 1938. Néanmoins, Oscar Douglas Skelton continue d’assumer son rôle aux affaires extérieures durant la brève période où Arthur Meighen est premier ministre en 1926 et pendant le mandat de R.B. Bennett, de 1930 à 1935, déclinant l’occasion de retourner à l’Université Queen’s en tant que directeur en 1930. R.B. Bennett se rappelle plus tard qu’il avait l’intention de faire remplacer Oscar Douglas Skelton, mais « j’ai alors commencé à comprendre que je ne pouvais pas m’en sortir sans lui. Il savait tout ». En 1927, Oscar Douglas Skelton introduit des examens complets pour les futurs agents ministériels et il élargit le ministère, embauchant des personnes qui poursuivent éventuellement de longues et brillantes carrières, comme Hugh Llewellyn Keenleyside, cofondateur de l’Université Carleton, et Lester B. Pearson, le futur premier ministre.
Oscar Douglas Skelton est en faveur du resserrement des liens entre le Canada et les États-Unis, notamment en réduisant les tarifs douaniers sur le commerce et en négociant un nouvel accord commercial avec les États-Unis en 1935, mais il reconnait que ces initiatives se heurteront à l’opposition de l’Association des manufacturiers canadiens pendant la crise des années 1930. La même année, la presse fait état de rumeurs selon lesquelles il est le choix de William Lyon Mackenzie King pour le poste de ministre (ambassadeur) du Canada à Washington, mais il demeure au ministère des Affaires extérieures. Lors de la Conférence économique impériale de 1932, organisée par le gouverneur général lord Bessborough à Ottawa, Oscar Douglas Skelton s’oppose à une intégration économique plus étroite du Royaume-Uni et des royaumes du Commonwealth, s’objectant à un secrétariat économique impérial centralisé.
Couronnement du roi George VI
Oscar Douglas Skelton, sa femme Isabel et leur fille Sheila assistent au couronnement du roi George VI en 1937 en tant que membres de la délégation canadienne, avec William Lyon Mackenzie King et Lester B. Pearson. Oscar Douglas Skelton refuse de porter la tenue de cour pour l’occasion, ce qui incite Vincent Massey, le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni et futur gouverneur général, à faire remarquer : « Certains membres de notre parti canadien ont des opinions qui ressemblent davantage à la démocratie jacksonienne qu’à la tradition dont nous sommes censés avoir hérité. »
Deuxième Guerre mondiale
Oscar Douglas Skelton considère le parti nazi en Allemagne comme une bande de « gangsters irresponsables » qui se livrent à des violences « dégoûtantes et déplorables » contre les Juifs. En 1933, il envoie un télégramme à R.B. Bennett depuis la Société des Nations : « Les forces nazies sont ivres de succès et cherchent des victimes pour leurs émotions réprimées. » Mais il s’oppose à ce que le Canada entre dans la Deuxième Guerre mondiale une semaine seulement après la déclaration de guerre britannique en 1939, une décision prise avec un minimum de débats. Les craintes d’Oscar Douglas Skelton de voir le Canada s’engager immédiatement dans une guerre européenne mettent à rude épreuve son amitié avec William Lyon Mackenzie King. Cependant, une fois la guerre déclarée, Oscar Douglas Skelton s’efforce de garantir le succès de l’effort de guerre du Canada en siégeant au Comité de guerre du Cabinet. Comme l’observe William Lyon Mackenzie King en 1940 : « [Skelton] voit maintenant que le véritable endroit où défendre notre pays est de l’autre côté de la mer. »
Décès
Oscar Douglas Skelton subit sa première crise cardiaque en 1937 et il meurt d’une crise cardiaque subséquente alors qu’il conduit dans le centre-ville d’Ottawa en 1941. Sa voiture entre en collision avec un tramway près des édifices du Parlement. Sa mort est un choc pour ses collègues. Lester B. Pearson écrit qu’au ministère des Affaires extérieures, « rarement, je suppose, dans une organisation, la perte d’un seul homme a eu autant d’importance ».
Legs
En 1953, des amis d’Oscar Douglas Skelton et du sous-ministre des Finances W.C. Clark créent une fondation commémorative à l’Université Queen’s pour promouvoir la recherche en politique publique. Le département d’études politiques continue de financer les boursiers Skelton-Clark. Parmi les anciens boursiers Skelton-Clark figurent Ed Broadbent, l’ancien chef du NPD, et George Thomson, l’ancien sous-ministre provincial.
La série de conférences O. D. Skelton Memorial Lecture, qui débute en décembre 1991, propose un examen approfondi des relations internationales du Canada par d’éminents conférenciers canadiens. Parmi les anciens conférenciers, on compte Margaret MacMillan, Chrystia Freeland, Michael Ignatieff et Norman Hillmer, le biographe d’Oscar Douglas Skelton. Une plaque commémorative d’Oscar Douglas Skelton est exposée dans le hall d’entrée de l’édifice Lester B. Pearson, au 125 Promenade Sussex à Ottawa, le siège social d’Affaires mondiales Canada.
L’influence d’Oscar Douglas Skelton sur l’histoire et la politique canadiennes fait l’objet d’une analyse approfondie de la part d’historiens et de politologues. Norman Hillmer, dans sa biographie nuancée sur Oscar Douglas Skelton, remet en question la perception de ce dernier comme étant réflexivement anti-Britannique et isolationniste, écrivant que « [Skelton] voyait la relation canado-américaine, la Société des Nations et le Commonwealth britannique qui se développait à partir de l’Empire britannique comme les prémices de l’établissement d’un nouvel ordre international marqué par une collaboration pacifique, avec le Canada occupant une place modeste mais engagée dans une société de nations ».