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Musique à Sorel

Sorel. Située à 60 km à l'est de Montréal, au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu, cette ville de 20 000 habitants s'élève sur l'emplacement du fort Richelieu (1642) et de la seigneurie (1672) de Pierre de Saurel, capitaine du régiment de Carignan-Salières.

Sorel

Sorel. Située à 60 km à l'est de Montréal, au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu, cette ville de 20 000 habitants s'élève sur l'emplacement du fort Richelieu (1642) et de la seigneurie (1672) de Pierre de Saurel, capitaine du régiment de Carignan-Salières. Les Loyalistes s'y établirent vers 1781 et l'agglomération prit le nom de William-Henry, puis de Sorel, et fut incorporée en cité en 1889. Vu sa position sur une importante voie maritime, la ville connut, à partir du XIXe siècle, un rapide essor industriel grâce à ses chantiers navals, ses aciéries et ses fonderies.

La musique connut ses premiers développements sous le régime anglais, principalement après l'établissement d'écoles. Durant l'hiver 1783, Frédéric Glackemeyer enseigna aux filles du baron von Riedesel, ce dernier se trouvant à Sorel comme officier commandant d'un régiment de mercenaires de Brunswick, mais il est possible que cet enseignement ait pris place à Québec. L'arrivée des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame (1858) marqua le début d'un remarquable enseignement musical (surtout pour le piano) dont allaient profiter notamment Charlotte Cadoret, Victoria Cartier, Anna Charbonneau, Estelle Giroux, Juliette Paradis, Cordile Paul et Éva Plouffe. Un concert-causerie consacré aux oeuvres de Cécile Chaminade eut lieu en 1913, ce qui valut une lettre de la compositrice à Juliette Paradis qui avait organisé cette manifestation. Les Frères des Écoles chrétiennes, puis les Pères du Sacré-Coeur et les Frères de la Charité mirent sur pied chorales et fanfares. Plusieurs musiciens belges se fixèrent à Sorel au début du XXe siècle, tels Bosman, Clement, De Kestellier et surtout Auguste Liessens, un des principaux animateurs de la vie musicale soreloise de 1913 à 1954. Henry Emery fut dir. de l'orchestre du Cercle Sainte-Cécile vers la fin du XIXe siècle. Georges Codling, élève de Camille Couture, d'Eugène Lapierre et de Liessens, fut professeur à l'Académie du Sacré-Coeur, dir. de l'Harmonie Calixa-Lavallée (1940-88, succédé par son petit-fils Stéphane Laforest) et de l'Harmonie scolaire Carignan, et il écrivit deux messes. La station radiophonique CJSO présente plusieurs émissions avec des artistes locaux.

Maîtres de chapelle et organistes contribuèrent de façon marquante à l'évolution musicale. À la première paroisse anglicane du Canada, Christ Church (1789), Charles Coxhead fut maître chantre vers la fin du XVIIIe siècle, suivi plus tard des organistes ou maîtres de chapelle Alexander Wright (v. 1860-80), Lily Theodosia Wright (1880-v. 1920) et Theodosia Wright-Riopel (1936-61). Aux églises catholiques, il convient de mentionner Eugénie Smith-Champagne (1887-1945) et Éliane Champagne-Carpentier, organistes à Saint-Joseph; Albéric Latraverse, m. c. à Sainte-Anne (1904-66); le m. c. Henri DeGrandpré et l'organiste Richard Bernard à Saint-Pierre, la paroisse mère, dont le choeur présenta du chant grégorien à partir de 1932 sous la direction d'Émile Mineau puis de son frère Adrien.

Au fil des années, Sorel a accueilli Emma Albani, Rose Bampton, Marcel Grandjany, Marcel et Yvonne Hubert, Raoul Jobin, Arthur LeBlanc, Léopold Simoneau et Pierrette Alarie, Henryk Szeryng, en plus des grands noms de la chanson française et québécoise. Les Disciples de Massenet s'y sont produits ainsi que l'OSM. La ville a aussi fait partie du réseau des Community Concerts (1941, v. 1954) et elle a été l'hôte du festival de la Fédération des harmonies du Québec (1973). Les manifestations musicales se déroulent dans des églises de la ville et des salles telles que le théâtre du Marché (autrefois auditorium Georges-Codling) et celui de l'école secondaire Fernand-Lefebvre. Frans Liessens, fils d'Auguste, a été longtemps un des animateurs du centre JMC et a fondé en 1982 le Choeur en Liesse qu'il dirige. Son fils Frédérick a été membre de l'Ensemble de percussion McGill et est devenu percussionniste à l'Orchestre symphonique de Winnipeg en 1981. C'est à Sorel que fut constitué (1983) le Trio François Bourassa qui fut lauréat du Prix Alcan au FIJM en 1985; en plus de Bourassa, pianiste, il comprend les frères Yves et Guy Boisvert, respectivement percussion et contrebasse.

La proximité de Montréal et de Trois-Rivières a toujours incité des étudiants de Sorel à fréquenter leurs écoles de musique, conservatoires et universités. Ce fut notamment le cas d'Henri Pontbriand, Walter Boudreau, Pierre-M. Plante, Yves Lussier et Alain Descôteaux. Pour les plus jeunes, l'École Huguette-Aussant dispense un enseignement au niveau local. À partir de 1977, la société Bourses Sorel/Tracy pour les jeunes musiciens a décerné des bourses annuelles à des étudiants de la région.

Le chef d'orchestre Jacques Beaudry, la pianiste Anna-Marie Globenski et l'organiste Claude Lagacé sont au nombre des musiciens nés à Sorel ou dans les environs.