Enfance, éducation et débuts
Né en Moldavie (nord-ouest de la Roumanie actuelle), Sorel Etrog, qui est d'origine juive, parvient à survivre à la Deuxième Guerre mondiale et immigre avec sa famille en Israël en 1950. Il y étudie le dessin, la peinture, la sculpture, le design graphique et la conception de décors de scène au Tel-Aviv Art Institute. Sa première exposition en 1958 à Tel-Aviv lui permet de décrocher une bourse pour étudier au musée Brooklyn, à New York. En 1959, le Guggenheim achète l'une de ses premières sculptures. C'est à cette époque que Sorel Etrog rencontre son plus grand collectionneur et mécène, Samuel Zacks, qui organise sa première exposition solo au Canada, à la galerie Moos de Toronto. En 1963, Sorel Etrog s'installe à Toronto et devient citoyen canadien. Il est l'un des trois artistes à représenter le Canada à la Biennale de Venise de 1966, aux côtés d'Alex Colville et d'Yves Gaucher.
Maturité
Son style est profondément influencé par le surréalisme et l'œuvre de Pablo Picasso dans les années 1930, et par le travail de sculpteurs majeurs du XXe siècle, comme le moderniste d'origine roumaine Constantin Bracusi et l'expressionniste abstrait américain David Smith. Bien que la plupart des œuvres de Sorel Etrog soient avant tout abstraites, elles font presque toujours écho à la figure, en particulier à la forme humaine. Son thème le plus récurrent est l'intégrité du corps humain dans un monde industrialisé et ses sculptures typiques consistent en un assemblage élaboré de parties qui rappellent les éléments d'une machine. Dans Ariana (Big Queen) (1961-1963), par exemple, un pôle s'élargit à partir d'un piédestal et se transforme en courbes qui ressemblent à une tête et à des épaules. Dans une autre sculpture de bronze, Don Giovanni (1967), des nœuds s'élèvent pour former des ailes rectangulaires frustes, puis se courbent pour modeler une tête en forme de triangle.
La spécialité de Sorel Etrog soit la sculpture et le bronze, car il travaille directement avec des empreintes de plâtre, ce qui lui permet de donner même aux plus grandes sculptures un aspect intime de détail et de texture. Pourtant, c'est également un grand peintre et dessinateur. Il prend d'ailleurs l'habitude de peindre et de dessiner afin d'expérimenter de nouvelles idées qu'il développe ensuite en sculpture. Dans Vladimir and Estragon (Waiting for Godot) (1967), qui fait référence aux deux personnages principaux de la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett, des mains géantes se soudent à des têtes sans visage ornées de bagues et de boulons. Two Haitian Women (Homage to Gaugin) (1968-1969) est un tableau à l'huile sur masonite en hommage au peintre français du XIXe siècle Paul Gaugin qui présente deux figures schématiques bleu-gris froid et rouge braise se faisant face, chacune formée de clés à molette unies.
Commandes publiques
Sorel Etrog reçoit de nombreuses commandes publiques au fil des ans : pour l'Expo 67 de Montréal, pour le SunLife Centre à Toronto, pour le Windsor Sculpture Garden à Windsor, en Ontario, pour le Los Angeles County Museum et pour le parc olympique de Séoul, en Corée. Pour le pavillon du Canada à l'Expo 67, il crée Flight (1967), une sculpture qui représente une paire d'ailes émergeant d'un nœud dense et de têtes jumelles planant au-dessus. La sculpture Dreamchamber (1976), que l'on peut voir sur la rue Bloor au centre-ville de Toronto, consiste en un grand assemblage de lanières de bronze qui ressemble à l'intérieur d'un cerveau. De son côté, Sun Life (1984), qui se trouve en avant du Sun Life Financial Centre à Toronto, est purement abstraite, présentant des barres rectangulaires qui jaillissent d'une base circulaire tels des rayons de soleil.
Autres occupations
En plus de travailler en tant que sculpteur et peintre, Sorel Etrog publie de la poésie, des pièces de théâtre et des essais, dont les livres Dream Chamber: Joyce and the Dada Circus - a collage (1982) et The Kite (1984). Il produit également des illustrations pour des livres d'Eugène Ionesco et de Samuel Beckett. De plus, il collabore avec Marshall McLuhan pour la publication de Spiral (1976), un livre qui marie captures d'écran du film du même nom et citations d'une pléthore d'auteurs.