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Sous-marins de classe Oberon

Oberon était le nom d’une classe de sous‑marins conventionnels de conception britannique, de grand succès, exploitée par la Royal Navy (RN) et largement exportée vers les marines des pays du Commonwealth et alliés. La Marine royale canadienne (MRC) a acquis trois exemplaires de ce type de sous‑marins, au milieu des années 1960, pour servir de « cibles » d’entraînement pour les forces de surface et aériennes dans le contexte de la lutte anti‑sous‑marine. Dans les années 1980, une mise à jour opérationnelle majeure les a transformés en authentiques sous‑marins chasseurs d’attaque et a jeté les bases d’une véritable force sous‑marine, avec leur remplacement par la classe Victoria, au tournant du 21e siècle.

NCSM Ojibwa

La classe Oberon

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada n’exploite pas directement de sous‑marins, bien que de nombreux Canadiens se distinguent en servant à bord de tels bâtiments dans la Royal Navy. Cette pratique d’échange se poursuit dans la période d’après‑guerre. Bien que la RN ait commandé le premier sous‑marin de la classe Oberon en 1960, ces appareils s’avèrent similaires, dans leur concept, leur apparence et leur disposition générale, aux sous‑marins de guerre. Les sous‑marins de la classe Oberon, les « O‑boats », incorporent une technologie, copiée des sous‑marins allemands capturés pendant la guerre, les « U‑boots » de type XXI, avant d’être améliorée, de manière assez similaire à ce que vont faire les soviétiques pour la grande majorité de leur propre force d’attaque navale, dans les années 1970. Lorsque le gouvernement canadien décide d’acquérir des sous‑marins pour la lutte anti‑sous‑marine à des fins d’entraînement, les Oberon constituent un choix logique, bien que la MRC préfère la classe Barbel de la US Navy, plus performante, mais plus chère. Le gouvernement fédéral opte pour les Oberon pour des raisons économiques.

Le saviez‑vous?
Dans le contexte de la livraison prévue des trois premiers O‑boats, la 1re Escadre de sous‑marins du Canada est créée en 1966. Avec l’arrivée des sous‑marins de la classe Victoria, elle sera finalement connue sous le nom de Force sous‑marine canadienne.


Dans la RN, le nom de tous les navires d’une classe commence par la même lettre. Les O‑boats canadiens sont, quant à eux, nommés d’après des noms de peuples autochtones : les NCSM Ojibwa, Onondaga et Okanagan correspondant aux numéros de coque respectifs 72, 73 et 74. Tous les trois sont construits aux chantiers navals royaux de Chatham, dans le Kent, la fabrication de l’Ojibwa étant tout d’abord lancée pour la Royal Navy, sous le nom d’Onyx, avant qu’il ne soit acquis par le Canada au cours du processus de construction, ce qui lui vaut d’être mis en service bien avant les autres, en 1965, l’Onondaga et l’Okanagan ne l’étant respectivement qu’en 1967 et en 1968, après un délai suffisant pour la mise en place de plusieurs modifications canadiennes. La différence la plus évidente est l’emplacement de la cuisine : sur l’Ojibwa, elle jouxte la salle des machines, tandis que sur l’Onondaga et sur l’Okanagan, elle est placée devant la salle de commande et intégrée aux parties habitées, soit une disposition beaucoup plus hospitalière. Les trois bâtiments disposent d’un équipement de communication canadien similaire, d’unités de climatisation de taille plus importante, d’un dégivreur de schnorkel et son équipés de torpilles Mark‑37 de la marine américaine (USN).

Un quatrième et un cinquième O‑boats, anciennement nommés HMS Olympus et HMS Osiris, sont acquis respectivement en 1989 et en 1992, le premier pour servir de navire‑école à quai, et le deuxième, après son retrait du service de la RN, en tant que source de pièces de rechange, en vue de maintenir les trois sous‑marins originaux en bon état de fonctionnement en attendant leur remplacement.

Le saviez‑vous?
Un schnorkel est un dispositif qui permet aux sous‑marins conventionnels de « respirer » de l’air pour que leurs moteurs diesel rechargent leurs batteries lorsqu’ils sont immergés au‑delà de la hauteur du périscope, ce processus rendant la détection du bâtiment par radar difficile. Le concept a d’abord été exploité sur les sous‑marins allemands à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, d’où le nom de « schnorkel », les équipages des sous‑marins du Commonwealth le surnommant le « snort » (le « renifleur »).


Mise à jour opérationnelle

À la fin des années 1970, la Marine canadienne dispose d’une flotte de surface vieillissante et dépassée. L’une des solutions possibles consiste à transformer les O‑boats de simples plates‑formes d’entraînement en sous‑marins chasseurs d’attaque, cette opération venant en complément de la modernisation des destroyers d’escorte de la classe St Laurent. Le Programme de modernisation opérationnelle des sous‑marins est approuvé en 1979 et achevé en 1986, avec l’intégration de nouveaux systèmes de communication, d’un sonar passif et de systèmes de commande de tir. Des améliorations supplémentaires sont apportées ultérieurement, au cours de cette même décennie, avec l’ajout d’un sonar remorqué et de torpilles américaines lourdes Mk 48. Bien que les faits se déroulent alors que la guerre froide touche à sa fin et qu’ils ne soient pas ouvertement reconnus à l’époque, on sait maintenant que les O‑boats canadiens ont connu un certain succès dans la poursuite des sous‑marins soviétiques dans l’Atlantique‑Nord.

NCSM Onondaga

Emploi et fin de service

La plupart du temps, les O‑boats sont basés au large d’Halifax, en Nouvelle‑Écosse, avec pour mission de contrer d’éventuels adversaires soviétiques. La seule exception est un bref périple de l’Ojibwa sur la côte ouest, en 1977, en compagnie de l’Athabaskan, cette mission constituant également la première incursion d’un destroyer de la classe Iroquois jusqu’à la côte du Pacifique. Avec la fin de la guerre froide, les sous‑marins de la classe Oberon s’aventurent plus loin de leur base : en 1990, l’Okanagan devient le premier sous‑marin canadien à naviguer dans les eaux des Grands Lacs, l’Onondaga et l’Ojibwa effectuant, quant à eux, des déploiements jusqu’à la côte du Pacifique, respectivement en 1994 et en 1997. Avec l’acceptation prévue des sous‑marins de la classe Victoria, l’Onondaga est le dernier de ces bâtiments à être mis hors service, à Halifax, le 28 juillet 2000.

L’Ojibwa et l’Onondaga sont tous deux conservés comme navires‑musées, respectivement à Port Burwell, en Ontario, et à Rimouski, au Québec.