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Sociétés de Saint André au Canada

Dans l’ensemble de la diaspora, les Écossais se révèlent être des organisateurs prolifiques et forment divers types de sociétés nationales ou ethniques là où ils s’établissent. Ces associations jouent un rôle crucial dans le maintien de leur identité, de leur culture et de leur statut social. Les diverses sociétés de Saint-André, de même que les clubs Highland, les clubs calédoniens et les clubs Burns, suivent des étapes de création spécifiques et répondent aux mêmes besoins culturels et sociaux. À l’exception des premières sociétés Highland, qui étaient alliées à la Highland Society of London, ces associations s’organisent indépendamment les unes des autres. Elles conservent généralement cette indépendance tout au long de leur existence, même si plusieurs d’entre elles forgent et maintiennent des liens non officiels qui sont réaffirmés lors de célébrations clés. Depuis la fondation de la première société à Saint John en 1798, les sociétés de Saint-André comptent pour une partie importante de la vie associative écossaise au Canada.

Billets pour le bal de la Saint André (St. Andrew
St. Andrew
Voeux adressés en 1984 à la St Andrew's Society of Montreal par les autres sociétés à l'occasion du St Andrew's Day
Fredericton Society of Saint Andrew
Voeux de la Fredericton Society of S. Andrew à l'occasion de son 60e anniversaire, adressés à la St. Andrew's Society of Montreal, 1960.
Jour de la Saint André (St. Andrew
Voeux de la St. Andrew's Society of Cornwall adressés à la St. Andrew 's Society of Montreal
Voeux de la St. Andrew
Hon. Peter McGill
McGill a été le premier président de la St. Andrew's Society of Montreal et maire de la Ville de Montréal de 1840 \u00e0 1842.

Lors du siècle suivant, d’autres sociétés de Saint André sont fondées, particulièrement vers le milieu des années 1830 et le début des années 1840. La Société de Saint André de Montréal est fondée en mars 1835, lors d’une période tumultueuse sur les plans sociaux et politiques, marquée par l’adoption des 92 résolutions par la Chambre d’assemblée du Bas-Canada et le début de l’agitation qui allait culminer par les Rébellions de 1837-1838. Les membres les plus conservateurs parmi l’élite des communautés irlandaises et anglaises de la ville avaient déjà formé respectivement la Société Saint Patrick et la Société Saint George, alors les Écossais sont encouragés d’en faire autant. Même si ces sociétés ne se mêlent généralement pas à la politique, leurs membres sont actifs sur le plan social et, pour la plupart, associés avec les éléments plus conservateurs de la société. Certains occupent un poste politique, par exemple Peter McGill, le premier président de l’association montréalaise (et maire de Montréal de 1840 à 1842). Comme toutes les sociétés de Saint André avant et après elle, la Société de Saint André de Montréal est créée pour des buts caritatifs, et recueille des fonds pour les pauvres, plus précisément les pauvres d’origine écossaise, et plus généralement pour les nouveaux arrivants. La société profite de ses banquets dédiés à saint André pour ramasser des fonds destinés à ses activités charitables, et les officiers élus par la société sont responsables d’administrer à la fois la société elle-même, la charité et la célébration de leur saint patron. En composant leur constitution, la Société de Saint André de Montréal se base sur celle de la Société de Saint André de New York.

Saint-André

En tant que saint patron de l’Écosse, Saint-André est l’un des principaux symboles utilisés par les immigrants écossais pour s’organiser et s’identifier. C’est pourquoi la fête de la Saint-André, le 30 novembre, est le jour choisi par plusieurs pour se rassembler et célébrer l’identité écossaise. La North British Society d’Halifax, en  Nouvelle-Écosse (qui existe encore et s’appelle maintenant la Scots Society), est la première société fondée dans ce qui deviendrait le Canada à utiliser ce saint patron comme figure centrale lors de ses célébrations en 1768. C’est en effet cette année-là que la société est officiellement fondée et qu’elle déclare que sa célébration annuelle se tiendra le jour de la Saint-André. Cependant, il ne s’agit pas de la première société coloniale à incorporer le saint patron dans ses célébrations : la Société de Saint-André de Charleston en 1729, la Société de Saint-André de Philadelphie, qui est fondée en 1747, et la Société de Saint-André de New York, fondée en 1756, sont toutes nommées en l’honneur de ce saint et utilisent aussi sa fête comme jour de célébration. Les presbytériens recourent également au nom du saint pour baptiser les premières églises construites après l’arrivée d’une communauté écossaise dans une nouvelle région.

La plupart des communautés en Amérique du Nord britannique comptant des résidents écossais organisent déjà des célébrations en l’honneur du saint patron plusieurs années avant la création officielle de sociétés spécifiquement écossaises. Ainsi, les banquets tenus en l’honneur du saint en 1795 à Saint John, au Nouveau-Brunswick, ou encore à  Montréal en 1816 suivent un modèle semblable. Les hommes (car aux 18e et 19e siècles, ces événements étaient strictement pour les hommes) qui appartiennent à l’élite politique et commerciale de la ville se rassemblent dans une auberge, un hôtel ou un club local et consomment des plats traditionnels, notamment du haggis, et boivent des quantités non négligeables de vin et de whisky. Après le repas, les participants portent une série de toasts saluant le jour de fête, leurs chefs, la famille royale, l’Écosse et diverses autres personnalités et institutions importantes aux yeux des invités et du climat politique de l’époque. Une série d’airs étaient aussi chantés entre les toasts, et un groupe ou une cornemuse jouait de la musique. Les banquets étaient donc à la fois une occasion sociale et une manière de renforcer l’identité écossaise.

Sociétés

La première société de Saint-André du Canada est fondée en 1798 à Saint John, au Nouveau-Brunswick, et est organisée comme un « box » ou société d’aide mutuelle. La société offre divers avantages à ses membres en temps de maladie et participe aussi activement à la planification de leurs funérailles. Plusieurs des premières règles (à part celles concernant le paiement de frais d’adhésion) ont trait à l’obligation pour les membres d’être présents aux funérailles des autres membres et de marcher en procession lors de ces occasions. La société a aussi une fonction caritative et offre son aide aux nouveaux arrivants qui débarquent au port.

Lors du siècle suivant, d’autres sociétés de Saint-André sont fondées, particulièrement au milieu des années 1830 et au début des années 1840. La Société de Saint-André de Montréal est fondée en mars 1835 lors d’une période tumultueuse sur les plans sociaux et politiques, marquée par l’adoption des 92 résolutions par la Chambre d’assemblée du Bas-Canada et le début de l’agitation dont les rébellions de 1837-1838 seront le point culminant. Les membres les plus conservateurs de l’élite des communautés irlandaises et anglaises de la ville avaient déjà formé respectivement la Société Saint-Patrick et la Société Saint-George, alors les Écossais sont obligés d’en faire autant. Même si ces sociétés ne se mêlent généralement pas de politique, leurs membres sont politiquement actifs et, pour la plupart, associés aux éléments plus conservateurs de la société. Certains occupent un poste politique, par exemple Peter McGill, premier président de la société montréalaise et maire de Montréal de 1840 à 1842. Comme toutes les sociétés de Saint-André avant et après elle, la Société de Saint-André de Montréal est créée pour des buts caritatifs et recueille des fonds pour les pauvres, plus précisément les pauvres d’origine écossaise, et plus généralement pour les nouveaux arrivants. La société profite de ses banquets dédiés à Saint-André pour ramasser des fonds destinés à ses activités caritatives, et les officiers élus par la société sont responsables d’administrer à la fois la société elle-même, la charité et la célébration de leur saint patron. La constitution de la Société de Saint-André de Montréal se base sur celle de la Société de Saint-André de New York.

Au cours de la décennie suivante, plusieurs sociétés de Saint-André sont fondées au Haut-Canada et au Bas-Canada (plus tard appelés Canada-Ouest et Canada-Est) : à Hamilton et  St. Catharines en 1835, à Toronto en 1836, à Québec en 1837, à  Kingston en 1840 et à Ottawa en 1846. La création d’associations de ce genre n’est pas limitée aux Écossais, et cette période est en effet marquée par la fondation de plusieurs groupes « nationaux », c’est-à-dire dont les membres partagent la même origine ethnique, dans les colonies. On compte notamment la Société Saint-George, la Société Saint-Patrick et la Société Saint-David, fondées respectivement par (et pour) les Anglais, les Irlandais et les Gallois.

En dépit des influences politiques qui mènent à la formation de plusieurs sociétés de Saint-André lors de la période trouble des rébellions de 1837-1838, la plupart de ces sociétés continuent d’exister par la suite et deviennent des organisations communautaires de premier plan pour l’élite écossaise. En effet, les sociétés de Saint-André lui permettent de tisser d’importants réseaux d’affaires et des liens sociaux avec des individus partageant les mêmes valeurs, en plus d’offrir un endroit où les gens peuvent exprimer confortablement leur identité écossaise. De nouvelles sociétés de Saint-André continuent d’être fondées au courant du 19e siècle jusqu’aux premières années du 20e siècle à mesure que les Écossais arrivent dans de nouvelles régions.

St. Andrew
Presidents de la St. Andrew's Society of Ottawa, 1909
Bal de la Saint-André (St. Andrew Ball)
Liste des anciens invités d'honneur au bal de la Saint-André de la St. Andrew's Society of Montréal, 1969

 

Sociétés calédoniennes de Saint-André

Les sociétés de Saint-André sont destinées principalement aux membres de l’élite sociale et commerciale d’une ville donnée. Leurs manières de célébrer favorisent clairement les classes supérieures, et les frais qu’elles exigent de leurs membres empêchent l’adhésion des ressortissants les moins affluents de la communauté écossaise. Les société calédoniennes qui commencent se former vers les années 1840 attirent un genre d’Écossais moins nantis, avec des activités que certains considèrent moins raffinées, notamment les Jeux des Highlands, des concerts de musique pour l’Halloween et des soupers Burns (soupers annuels en l’honneur du poète écossais Robert Burns). La première société calédonienne est celle de Toronto, fondée en 1839. Dans les régions où les Écossais sont peu nombreux, on voit aussi la création de sociétés amalgames, les sociétés calédoniennes de Saint-André, qui organisent non seulement des banquets pour la Saint-André, mais aussi des Jeux des Highlands (ou Jeux calédoniens). La première de ces sociétés est la Société calédonienne de Saint-André de Victoria, en 1870, suivie par celle de Vancouver en 1886.

Femmes

La culture associative du 19e siècle est fondamentalement masculine. Les groupes comme les sociétés de Saint-André, les francs-maçons, etc. n’acceptent que des hommes dans leurs rangs. Même s’il existe quelques sociétés féminines à l’époque, la plupart ne comptent que des femmes parmi leurs membres et sont dédiées à des causes plus féminines, telles que la charité ou la tempérance. Ce n’est que vers la fin du 19e siècle que les femmes deviennent visibles lors des célébrations des sociétés de Saint-André, notamment lorsque les banquets des premières années sont remplacés par les bals de la Saint-André. La Société de Saint-André de Montréal organise son premier bal de la Saint-André à la place d’un banquet en 1872, et cette tradition du bal annuel continue aujourd’hui. Les femmes deviennent ensuite plus actives dans les sociétés et commencent à célébrer leur identité écossaise par les sociétés de Saint-André.

Pendant la même période, les sociétés commencent à accepter des femmes : la Société de Saint-André de Montréal leur permet de devenir membres à partir de 1866. Cependant, la plupart des sociétés séparent leurs membres en fonction de leur sexe jusqu’aux années 1940. Elles mettent notamment en place des comités de femmes responsables principalement de la distribution et de l’organisation de leurs activités caritatives. Certaines sociétés créent le statut de « membre associé » afin de classer leurs membres en fonction de leurs responsabilités et de leurs privilèges. La Société de Saint-André de Winnipeg se fait remarquer en raison de son entêtement : il faut attendre 2015 pour que la société accepte des membres de sexe féminin, et ce, seulement après un conflit juridique.

Au cours de la décennie suivante, plusieurs sociétés de Saint-André sont fondées au Haut-Canada et au Bas-Canada (plus tard appelés Canada-Ouest et Canada-Est) : à Hamilton et  St. Catharines en 1835, à Toronto en 1836, à Québec en 1837, à  Kingston en 1840 et à Ottawa en 1846. La création d’associations de ce genre n’est pas limitée aux Écossais, et cette période est en effet marquée par la fondation de plusieurs groupes « nationaux », c’est-à-dire dont les membres partagent la même origine ethnique, dans les colonies. On compte notamment la Société Saint-George, la Société Saint-Patrick et la Société Saint-David, fondées respectivement par (et pour) les Anglais, les Irlandais et les Gallois.

En dépit des influences politiques qui mènent à la formation de plusieurs sociétés de Saint-André lors de la période trouble des rébellions de 1837-1838, la plupart de ces sociétés continuent d’exister par la suite et deviennent des organisations communautaires de premier plan pour l’élite écossaise. En effet, les sociétés de Saint-André lui permettent de tisser d’importants réseaux d’affaires et des liens sociaux avec des individus partageant les mêmes valeurs, en plus d’offrir un endroit où les gens peuvent exprimer confortablement leur identité écossaise. De nouvelles sociétés de Saint-André continuent d’être fondées au courant du 19e siècle jusqu’aux premières années du 20e siècle à mesure que les Écossais arrivent dans de nouvelles régions.

Indépendance

Malgré le fait que ces sociétés ont toutes été créées pour des fins semblables et ont adopté des règles et des méthodes d’organisation semblables, elles sont néanmoins indépendantes les unes des autres. Il n’existe aucune organisation mère pour conseiller ou structurer ces groupes. En fait, ils se basent sur des contacts moins officieux. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas conscients les uns des autres. En fait, ils communiquent régulièrement. Les célébrations annuelles de la Saint-André sont utilisées pour célébrer leurs intérêts communs, en tant qu’Écossais et en tant que membres de la haute société, principalement par l’envoi de salutations aux autres sociétés. Lors des banquets (et, plus tard, des bals), des messages et des télégrammes provenant d’autres sociétés de Saint André du Canada, d’ailleurs dans l’Empire britannique ou des États-Unis, sont lus à haute voix aux invités. Plusieurs personnes peuvent aussi joindre plus d’une société, ce qui en résulte de l’« interadhésion ». Le cas le plus marquant est sans doute Donald Alexander Smith, premier baron Strathcona et Mount Royal, fondateur de la Société de Saint André de Winnipeg, et son premier président. Il devient plus tard le président de la Société de Saint André de Montréal de 1888 à 1890.

Donald Alexander Smith, financier des chemins de fer
Smith était un fervent défenseur du Canadian Pacific et son soutien financier a été essentiel \u00e0 son développement (avec la permission des Biblioth\u00e8que et Archives Canada/C-3841).
 St. Andrew
Le Bal de St. Andrew's, Montréal: La danse des débutantes et leurs accompagnateurs, 1956
St. Andrew
Le bal de la St. Andrew's Society, Montreal: Les débutantes dansent avec leurs accompagnateurs, 1956
St. Andrew
Bal de 1958

Pendant la même période, les sociétés commencent à accepter des femmes, la Société de Saint André de Montréal permettant aux femmes de s’y joindre en 1866. Cependant, la plupart des sociétés séparent leurs membres selon leur sexe jusqu’aux années 1940, instaurant notamment des comités de dames responsables principalement de la distribution et de l’organisation de leurs activités charitables. Certaines sociétés créent le statut de « membre associé » afin de classifier leurs membres selon leurs responsabilités et leurs privilèges. La Société de Saint André de Winnipeg se fait remarquer par son entêtement remarquable : il faut attendre 2015 pour que la société accepte des membres de sexe féminin, et ce, seulement après un conflit juridique.

Activités

Au 19e siècle et au début du 20e siècle, les activités des sociétés de Saint-André sont le plus souvent orientées autour des célébrations de la Saint-André. Généralement, le jour de fête est marqué par un banquet puis, à partir de la fin du 19e siècle, par un bal. La Société de Saint-André de Montréal organise aussi une parade associée à un service religieux dans une église presbytérienne avant d’abandonner cette pratique dans les années 1860. La vie associative est en déclin dans les dernières décennies du 20e siècle et du début du 21e siècle, et les sociétés de Saint-André restantes diversifient pour la plupart leurs activités et en augmentent le nombre au cours des dernières années. La Société de Saint-André de Montréal, par exemple, prend en charge l’organisation des soupers Burns après la dissolution de la Société calédonienne de Montréal dans les années 1970, ainsi que, plus récemment, des Jeux des Highlands de Montréal. La Société de Saint-André de Toronto prépare aussi des soupers Burns, le bal de la Saint-André et d’autres activités sociales au cours de l’année. La plupart des sociétés organisent aussi des dégustations de whisky et des activités célébrant le Jour du tartan (le 6 avril), un jour de fête créé depuis peu. Les sociétés de Saint-André continuent de profiter de ces événements afin de récolter des fonds pour leurs activités caritatives. Dans le cadre de celles-ci, les sociétés de Montréal et de Toronto accordent toutes deux une grande importance à l’éducation. En effet, elles parrainent des bourses d’études et des événements culturels, en plus de financer le Centre for Scottish Studies de l’Université Guelph, ainsi que la Chaire d’études canado-écossaises, à l’Université McGill. La société de Toronto et celle de Montréal en sont respectivement des donateurs importants.