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Canadiens d’origine suédoise

Trois colons portent un patronyme suédois parmi le groupe de lord Selkirk, dans la vallée de la rivière Rouge, au Manitoba; c’est la première attestation de la présence de colons suédois au Canada. (Voir Colonie de la rivière Rouge.) De 1868 à 1914, plus d’un million de Suédois s’installent aux États-Unis et au Canada.

Immigrante suédoise
Huldda Swedberg, immigrante suédoise de la Saskatchewan, photographiée dans sa cuisine, en 1906.

Vers la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, la possibilité d’acquérir des terres attire les immigrants suédois aux États-Unis, mais comme les terres agricoles deviennent rares et coûteuses dans l’Ouest américain, ils commencent à émigrer au Canada. En 1971, il y a 101 870 Canadiens et Canadiennes d’origine suédoise, mais en 1981, leur nombre avait décliné à 78 360. Le recensement de 2016 mentionne 349 645 personnes d’origine suédoise au Canada (21 775 réponses uniques et 327 870 réponses multiples). (Voir aussi Immigration au Canada.)

Origines

Dans les premières années du 19e siècle, la Suède connaît un accroissement rapide de sa population. Une très grande partie des agriculteurs ne possède plus de terre et les divisions sociales se font plus dures entre les propriétaires terriens et les paysans sans terre. Beaucoup de fermiers suédois tentent leur chance ailleurs. Une série de récoltes désastreuses (1866-1868) apporte la famine et des difficultés économiques dans plusieurs régions de la Suède, ce qui donne un essor supplémentaire à l’émigration.

Émigration et colonisation

La plus grande partie du million et plus d’émigrants suédois sont des travailleurs agricoles sans terre, des fils et des filles de petits propriétaires terriens ou de petits fermiers. L’Église luthérienne de Suède encourage fortement les pauvres et indigents à émigrer. Les militants syndicaux qui sont sur la liste noire de leurs employeurs partent aussi et, comme les femmes s’émancipent économiquement, plusieurs d’entre elles font leur chemin à l’étranger. Les promoteurs de l’émigration qui viennent des États-Unis et du Canada travaillent activement en Suède pour attirer des colons.

Jusqu’en 1914, la plupart des immigrants suédois arrivent au Canada en provenance du Minnesota et du Dakota du Nord principalement. Entre 1921 et 1930, plus de 20 000 Suédois (plusieurs d’entre eux étant des ouvriers) émigrent directement au Canada. En 1930, la Suède avait déjà largement développé ses industries et, à partir de 1945, l’émigration suédoise au Canada se fait surtout de façon individuelle.

Au début des années 1870, quelques Suédois remontent la rivière Rouge par bateau jusqu’à Winnipeg. Le chemin de fer du Canadien Pacifique étant construit, de nombreux Suédois profitent des politiques du gouvernement canadien qui permettent d’acheter des terres agricoles à bon marché dans les Prairies. (Voir aussi Politique d’immigration canadienne.) Winnipeg attire beaucoup d’immigrants suédois et, pendant des années, c’est le centre principal pour la majorité des organismes suédois, et ce à l’échelle nationale. Au Manitoba, les Suédois s’établissent également à Scandinavia, à Erickson, à Teulon, à Mulvihill et à Eriksdale. La Saskatchewan attire aussi les colons suédois. Selon le recensement de 1931, un Suédois sur quatre vit dans cette province, surtout dans deux communautés de la vallée de la Qu’Appelle, Stockholm et Dubuc. (Voir aussi Fort Qu’Appelle ; rivière Qu’Appelle.) Les Suédois s’établissent en Alberta avant même qu’elle ne soit une province et, encore aujourd’hui, Edmonton et Calgary ont leurs communautés suédoises. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un grand nombre de Suédois déménagent vers l’ouest sur la côte du Pacifique, en raison de son climat plus doux et des possibilités d’emploi. Aujourd’hui, la Colombie-Britannique compte le plus grand nombre de Canadiens d’origine suédoise.

Beaucoup de premiers immigrants suédois s’établissent dans le nord-ouest de l’Ontario comme fermiers ou comme travailleurs dans les chantiers forestiers, particulièrement aux environs de Kenora. Après la Deuxième Guerre mondiale, un grand nombre d’immigrants suédois s’établissent à Toronto.

Vie économique

La grande majorité des premiers immigrants suédois du Canada sont attirés par l’occasion de posséder une terre agricole. Au tournant du siècle, des travailleurs, spécialisés ou non, émigrent vers les zones urbaines et industrielles du Canada. Après 1945, les immigrants suédois sont aussi des ingénieurs, des hommes d’affaires et des représentants des industries d’exportation suédoises. Avec les années, un nombre important de Canadiens d’origine suédoise délaissent l’agriculture pour l’industrie, les affaires ou les professions.

Vie sociale et communauté

Les colons suédois, particulièrement ceux présents dans l’Ouest du Canada, fondent un bon nombre de clubs et d’organismes sociaux. Les ligues de tempérance fondées dans quelques communautés sont parmi les premiers clubs de langue suédoise. En 1901, la Norden Society est fondée à titre de société de secours.

Le Vasa Order of America, maintenant un organisme socioculturel, est fondé en 1896 aux États-Unis et en 1913 au Canada, à titre de société de secours mutuels. Cette société conserve des centres partout aux États-Unis et au Canada.

Religion et vie culturelle

Une grande part de la vie religieuse et culturelle des premières communautés suédoises du Canada gravite autour des églises, qui deviennent les bastions de la langue suédoise et assurent un lien culturel entre les immigrants suédois et leurs enfants nés au Canada. Pour beaucoup d’immigrants, les dissensions religieuses dans la mère patrie étaient un facteur décisif pour quitter la Suède et cela a une incidence sur le choix de leur confession religieuse en Amérique du Nord.

L’Église luthérienne est le principal organisme ecclésial chez les Suédois d’Amérique du Nord. En 1860, les congrégations luthériennes suédoises des États-Unis fondent le Synode Augustana, qui dirigera les activités des luthériens suédois partout au Canada et aux États-Unis pendant plus d’un siècle avant de devenir la Lutheran Church in America. La Conférence canadienne de l’Augustana Evangelical Lutheran Church a lieu à Winnipeg.

Le Canada-Tidningen (fondé à Winnipeg en 1892) est le journal de langue suédoise qui a connu l’existence la plus longue et l’influence la plus grande au Canada. En 1970, il fusionne avec le journal Swedish American Tribune de Chicago. D’autres périodiques de langue suédoise ont été publiés à Winnipeg, à Vancouver et à Toronto.

Éducation et langue

Les enfants des premiers colons suédois s’adaptent rapidement au système d’éducation canadien et à la langue anglaise. Selon le recensement de 2016, 7525 Canadiens ont le suédois comme langue maternelle.

Politique

Beaucoup de Canadiens d’origine suédoise s’engagent activement dans les activités communautaires, comme les coopératives, les caisses d’épargne et de crédit et les syndicats du blé des Prairies, ainsi que dans la création du mouvement syndical de la Colombie-Britannique. De nombreux Suédois apportent leur soutien à des mouvements populaires tels que la Co-operatif Commonwealth Federation en Saskatchewan et le Crédit social en Alberta. Harry Strom, chef du Crédit social et premier ministre de l’Alberta de 1968 à 1971, est d’origine suédoise.