Origines
La planche à neige doit son origine au concept de la planche de surf. En Amérique du Nord, la première planche à neige commercialisée, le Snurfer, fait son apparition au plus fort de la vague de surf des années 1960. Grâce à des modifications subséquentes qui permettent d’obtenir des planches plus légères et plus faciles à manier, la planche à neige devient très populaire dans les années 1980. À l’instar de la culture dont il est issu, le surf des neiges est perçu comme un loisir pour les rebelles, les adolescents casse-cou qui exécutent des cascades dangereuses en apparence et imprudentes avec un équipement rudimentaire. Sur les pentes, les surfeurs des neiges sont plutôt accueillis avec hostilité par les skieurs, qui affirment qu’ils détruisent les pistes, leur coupent le chemin en travers des pentes, gâchant ainsi leur descente. Au début, peu de centres de ski accueillent les surfeurs, mais au fur et à mesure que le sport se fait connaître et que l’habileté de ses adeptes s’améliore, ces sportifs finissent par être bien accueillis dans de plus en plus de centres.
Compétition
Au fur et à mesure que les athlètes deviennent plus habiles, de nombreuses compétitions locales et internationales s’adaptent pour leur permettre de montrer et d’affiner leur talent face à leurs pairs. Les épreuves de ces compétitions sont le big air (grand saut), le snowboard cross (ou « boardercross »), le slopestyle, la demi-lune (ou halfpipe) et le slalom. Pour le grand saut, les compétiteurs effectuent des acrobaties aériennes. Dans l’épreuve de cross, plusieurs planchistes disputent une course difficile jusqu’à la ligne d’arrivée. Dans l’épreuve de demi-lune, ils font des figures et des sauts dans une structure aux parois hautes et arrondies. Dans le slopestyle, les athlètes sont jugés sur la hauteur de leurs sauts, ainsi que sur la fluidité, la difficulté, l’exécution et la rapidité de leur progression dans un parcours qui comprend des rampes, des bosses et un tremplin final que l’on appelle le « money booter ». Dans les épreuves de slalom, les surfeurs s’affrontent dans une course de descente.
Les Championnats du monde de surf des neiges, les Winter X Games et, depuis 1998, les Jeux olympiques d’hiver, sont les événements sportifs les plus largement télédiffusés qui présentent des épreuves masculines et féminines de ce sport. Les Winter X Games s’adressent aux professionnels et prévoient des prix en argent. Tous les types d’épreuves sont disputés aux Championnats mondiaux et aux Winter X Games. Les autres événements majeurs où des Canadiens ont excellé incluent le Burton Us Open Snowboarding Championship et le Winter Dew Tour.
Au début, par contre, la compétition olympique de surf des neiges ne comprend que les épreuves de slalom géant parallèle et de demi-lune; le snowboard cross est ajouté en 2006. Le slalom parallèle et le slopestyle sont intégrés aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi. Aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang, le big air est ajouté et le slalom parallèle, retiré.
Le surf des neiges au Canada
La Fédération de surf des neiges du Canada (FSNC), fondée en 1991, a pour mission de réglementer ce sport de compétition au Canada. La FSNC ratifie, surveille et encourage tous les programmes canadiens de compétition concernant ce sport. Elle est reconnue comme la représentante officielle du surf des neiges au Canada par des organismes nationaux et internationaux comme l’Association canadienne de ski et de surf des neiges (CSSA), la Fédération internationale de ski (FIS), la Fédération internationale de surf des neiges (ISF) et l’Association olympique canadienne (AOC). L’Association canadienne des sports d’hiver (ACSH) représente le Canada auprès de la Fédération internationale de ski (FIS), l’organisme mondial de réglementation du ski et du surf des neiges.
Ross Rebagliati gagne l’or olympique
C’est dans la controverse qu’en 1998 le surf des neiges fait son entrée aux Jeux olympiques. Le Canadien Ross Rebagliatiremporte la première médaille d’or dans cette nouvelle discipline officielle. Grâce à son intrépidité et à son expérience, il ne se laisse pas démonter par le mauvais temps qui sévit lors des première et deuxième manches, et il remporte la médaille d’or.
Toutefois, trois jours plus tard, le Comité international olympique (CIO) annonce que l’athlète a subi un test qui s’est révélé positif à la marijuana et lui retire sa médaille. Ross Rebagliati est catégorique : il n’a pas consommé de marijuana depuis 1997; il aurait plutôt été exposé à la fumée secondaire de cette substance lors d’une fête donnée par ses amis en son honneur, avant son départ pour Nagano. L’Association olympique canadienne en appelle de la décision et, cinq jours après avoir gagné sa médaille d’or, le Tribunal arbitral du sport valide sa victoire. La marijuana figure sur la liste des substances interdites de la FIS, mais pas sur celle du CIO, l’organisme régissant les Jeux olympiques; la médaille est donc restituée (Ross Rebagliati ne l’avait en fait jamais remise).
Les critiques du surf des neiges estiment que l’on devait s’attendre à ce genre de cirque dans un sport si étroitement lié à la jeunesse et à une culture non conformiste, et que ces événements ne font que confirmer ce que pensaient bien des gens depuis l’apparition de ce sport dans les années 1960. D’autres, toutefois, louent l’attitude de Ross Rebagliati dans les circonstances, ainsi que sa loyauté indéfectible envers ses amis, et affirment qu’il s’agit là des caractéristiques inhérentes à la culture du surf des neiges.
Les Canadiens dans les compétitions internationales de 1998 à 2010
Malgré les critiques, ce sport est de plus en plus apprécié et pratiqué tant pour le plaisir qu’en compétitions internationales. Outre Ross Rebagliati, de nombreux Canadiens se distinguent aux classements de la Coupe du monde au moment de sa victoire, dont Jasey-Jay Anderson(champion de la Coupe du monde FIS en 2001), Darren Chalmers (médaille d’or en Coupe du monde FIS en 1998 et 1999) et Mark Fawcett (médaille d’or en Coupe du monde en 1999 et 2000). Parmi les principales athlètes féminines, citons Natasza Zurek (médaille d’or en Coupe du monde FIS en 2001) et Alexa Loo (médaille d’or en Coupe d’Europe FIS en 2001).
Aux Jeux de Salt Lake City en 2002, les surfeurs des neiges canadiens ne parviennent pas à réitérer l’exploit accompli par Ross Rebagliati à Nagano, en 1998; Jérôme Sylvestre se classe 12e au slalom géant parallèle masculin et Trevor Andrew, 9e à l’épreuve de demi-lune. Jasey-Jay Anderson, donné favori pour une médaille avant les Jeux, termine 29e au slalom géant parallèle masculin.
Cependant, aux Championnats du monde de 2005 à Whistler, en Colombie-Britannique, le Canada remporte le classement des médailles avec 5 victoires au total. Jasey-Jay Anderson remporte l’or à l’épreuve masculine du slalom parallèle et au slalom géant, François Boivin s’empare de l’argent au snowboard cross, Justin Lamoureux gagne l’argent à la demi-lune et Maëlle Ricker, le bronze à l’épreuve féminine de snowboard cross.
Aux Jeux olympiques d’hiver de 2006 à Turin, en Italie, la planchiste québécoise Dominique Maltais remporte la médaille de bronze à l’épreuve de cross. Elle est la deuxième athlète canadienne à gagner une médaille en surf des neiges aux Jeux olympiques. Maëlle Ricker, de la Colombie-Britannique, se rend en finale à l’épreuve féminine, mais rate sa chance de remporter une médaille et se classe 4e après une grave chute. Le Canada ne remporte aucune médaille dans les épreuves masculines de surf des neiges en 2006. Dominique Maltais et Maëlle Ricker sont respectivement première et deuxième au classement de la Coupe du monde en surf des neiges féminin.
Au cours de la saison 2007-2008, Maëlle Ricker remporte son premier Globe de cristal au snowboard cross féminin grâce à trois médailles d’or aux épreuves de la Coupe du monde au Chili, en Corée du Sud et au Japon. Cette saison-là, Brad Martin gagne l’or à la demi-lune à la Coupe du monde à Calgary, et Matthew Morison et Jasey-Jay Anderson remportent des médailles d’or au slalom géant parallèle dans des épreuves de la Coupe du monde.
Au Championnat mondial de surf des neiges de 2009, qui se tient à Gangwon en Corée du Sud, le Canada termine 3e pour le nombre de médailles gagnées, Jasey-Jay Anderson remportant l’or et Matthew Morison, le bronze, dans l’épreuve de slalom géant parallèle, et l’Ontarien Jeff Batchelor, l’argent dans l’épreuve de demi-lune. L’Autriche termine première avec six médailles; la Suisse, quant à elle, en a quatre. Les Canadiens se classent 4e dans les épreuves de cross tant féminines que masculines, représentés par Tom Velisek et Maëlle Ricker.
Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver
Les résultats obtenus à la Coupe du monde et au Championnat mondial placent le Canada dans une bonne position pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver. Dans l’épreuve de snowboard cross chez les hommes, le Canadien Mike Robertson remporte la médaille d’argent après que l’Américain Seth Wescott, qui l’a légèrement devancé dans la dernière portion du tracé, décroche la médaille d’or. Quelques jours plus tard, Maëlle Ricker décroche l’or au snowboard cross, une première chez les femmes canadiennes dans ce sport. Sur la plus grande partie du tracé, Maëlle Ricker est en tête, puis elle hésite légèrement avant le saut final, mais finit par l’emporter devant Deborah Anthonioz de France qui remporte l’argent et Olivia Nobs de Suisse qui remporte le bronze. Le plus âgé des planchistes canadiens, Jasey-Jay Anderson, remporte l’or au slalom géant parallèle en comblant le retard de 0,75 seconde qui le sépare du planchiste le mieux classé au monde, l’Autrichien Benjamin Karl.
Compétitions internationales depuis 2010
En 2010-2011, Dominique Maltais remporte le deuxième Globe de cristal de sa carrière après avoir gagné trois épreuves de snowboard cross sur le circuit de la Coupe du monde. Elle ajoute à cet exploit une médaille de bronze au Championnat du monde de 2011 à La Molina, en Espagne, et trois autres globes de cristal en snowboard cross de 2012 à 2014. Aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, Dominique Maltais remonte sur le podium et obtient l’argent avant de se retirer du sport en 2015.
Au Championnat du monde de 2012 à Oslo, en Norvège, la Canadienne Spencer O’Brien remporte l’or à l’épreuve féminine de slopestyle et Sébastien Toutant s’empare de l’argent au slopestyle masculin. Le Championnat du monde de 2013, quant à lui, se tient au Canada pour la première fois depuis 2005, à Stoneham, au Québec. Le Canada y gagne deux médailles d’or et deux d’argent. Maëlle Ricker et Dominique Maltais gagnent respectivement l’or et l’argent au snowboard cross féminin, Spencer O’Brien obtient l’or au slopestyle féminin et Mark McMorris, de Regina en Saskatchewan, s’empare de l’argent au slopestyle masculin.
Mark McMorris, qui domine les Winter X Games, devient le visage du surf des neiges canadien dans la foulée des Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi. Après une côte brisée aux Winter X Games de 2014 à Aspen, au Colorado, on craint qu’il ne soit pas capable de participer à Sotchi, mais il se rétablit rapidement et remporte le bronze à la toute première épreuve olympique de slopestyle.
Depuis 2015, les planchistes et les skieurs acrobatiques participent aux mêmes championnats du monde. En 2015 à Kreischberg, en Autriche, les Canadiens se classent deux fois deuxièmes grâce aux médailles d’argent de Darcy Sharpe au big air masculin et de Kevin Hill au snowboard cross masculin. En 2017 à Sierra Nevada, en Espagne, Laurie Blouin remporte l’or au slopestyle féminin, tandis que Kevin Hill et Christopher Robanske gagnent le bronze pour le Canada à l’épreuve masculine de snowboard cross en équipe.
Les planchistes canadiens se démarquent également aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud. Max Parrot remporte l’argent au slopestyle masculin, tandis que Mark McMorris (malgré de sérieuses blessures en 2017) s’empare de sa deuxième médaille de bronze olympique. À l’épreuve de slopestyle féminin, Laurie Blouin gagne l’argent.
Les planchistes canadiens se démarquent également aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud. Sébastien Toutant marque l’histoire du surf des neiges en devenant le premier médaillé d’or olympique à l’épreuve masculine du big air. Max Parrot remporte l’argent au slopestyle masculin, tandis que Mark McMorris (malgré de sérieuses blessures en 2017) s’empare de sa deuxième médaille de bronze olympique. À l’épreuve de slopestyle féminin, Laurie Blouin gagne l’argent.