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Ted Moses

Ted Moses, O.Q., dirigeant cri, négociateur, chef d’entreprise (né en 1950 à Eastmain, au Québec). Ted Moses a été le négociateur en chef cri dans les pourparlers qui ont mené à la Convention de la baie James et du Nord québécois et de l’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec, plus communément appelée la paix des braves. Il a été le fondateur ainsi que le premier directeur général de la Commission scolaire crie. Tout au long de sa carrière, il a servi de leader auprès des gouvernements cris, des sociétés et organismes internationaux.

Ted Moses

Jeunesse

Ted Moses naît en 1950 à Eastmain, au Québec. Eastmain est une communauté crie située sur la rive est de la baie James. Il fréquente l’Université Ryerson (maintenant l’Université métropolitaine de Toronto) et l’Université McGill, et il obtient un diplôme en administration scolaire. Il commence sa carrière en tant qu’administrateur de la bande d’Eastmain.

Convention de la baie James et du Nord québécois

En 1971, le gouvernement du Québec annonce le Projet de la baie James. Huit nouvelles centrales hydroélectriques inonderaient des portions de terres cries et inuites. Ces inondations auraient un impact négatif sur l’environnement et sur les modes de vie traditionnels des Autochtones. Ni les Cris ni les Inuits ne sont consultés sur le sujet. Une injonction arrête temporairement le projet.

Le juge Albert Malouf convoque 71 jours d’audience pour enquêter sur la situation. Ted Moses sert de traducteur durant ces audiences. Le rapport de 1973 du juge Malouf indique que les Cris et les Inuits ont des droits légaux sur les terres. De plus, Albert Malouf fait valoir que le Québec a besoin de leur permission pour les utiliser.

En 1974, la Nation crie établit le Grand conseil des Cris (Eeyou Istchee). À l’époque, le Grand conseil des Cris représente neuf communautés cries au Québec. Les Cris appellent leur territoire Eeyou Istchee, ce qui signifie « Terre des peuples » dans leur langue. Le conseil nomme Ted Moses négociateur cri en chef.

Ted Moses aide à négocier la Convention de la baie James et du Nord québécois de 1975 (CBJNQ). Celle-ci reconnait les droits prioritaires des Cris et des Inuits sur le territoire, leur juridiction pour le gouverner et le développer et elle établit une compensation financière pour les terres perdues en raison des inondations. Elle établit également du soutien pour le développement économique, la protection de la forêt, l’éducation, la santé, les services sociaux et l’autonomie gouvernementale locale.

La CBJNQ est le premier accord sur une revendication territoriale du Canada, et elle crée un précédent pour les accords à venir. En 2004, Ted Moses écrit : « La Convention de la baie James et du Nord québécois est meilleure que toutes les ententes signées par d’autres nations autochtones depuis 1975. »

Leadership politique

En 1978, Ted Moses est l’un des fondateurs et le premier directeur général de la Commission scolaire crie. Il supervise la construction des écoles ainsi qu’un curriculum qui respecte les visions du monde et les connaissances des Cris.

Ted Moses est l’un des membres de l’équipe de négociation qui crée la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec de 1984. Celle-ci reconnait le droit des Cris et des Naskapis à l’autonomie gouvernementale basé sur leur statut en tant que nations dotées d’une souveraineté et d’une autorité établies.

Ted Moses occupe la fonction de grand chef du Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) de 1984 à 1987, et de 1999 à 2005. Il est chef d’Eastmain de 1987 à 1999.

En 2001, Ted Moses est à nouveau négociateur cri en chef dans les pourparlers avec les gouvernements du Québec et du Canada. Ces négociations visent à résoudre les désaccords reliés à la CBJNQ et au projet hydroélectrique de la Grande rivière de la Baleine. Le 7 février 2002, les parties signent l’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec, plus communément appelée la paix des braves.

L’entente réaffirme la nécessité du consentement des Cris pour les futurs projets d’infrastructures qui affectent leurs terres. De plus, elle fournit un nouveau plan de gestion forestière qui reconnait le savoir des Cris, un mécanisme de règlement de désaccords et du soutien financier. L’entente sert de modèle pour les futures négociations de nation à nation entre les peuples autochtones et les gouvernements provincial et fédéral.

Défense internationale

Pendant plusieurs années, Ted Moses est ambassadeur cri auprès des Nations Unies. À ce poste, il obtient le statut consultatif pour le Grand conseil des Cris (Eeyou Istchee). Par conséquent, le Conseil économique et social des Nations Unies doit consulter le Grand conseil des Cris (Eeyou Istchee) au sujet des questions le concernant. Ted Moses représente le Grand conseil des Cris (Eeyou Istchee) à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil, et à la Conférence mondiale sur les droits à Vienne, en Autriche.

Ted Moses est un membre fondateur de l’Initiative autochtone pour la paix. Cet organisme offre des idées de résolution de conflit aux peuples autochtones du monde entier. Il accompagne ses missions au Chiapas et en Colombie.

Alors qu’il représente le Canada lors d’un séminaire des Nations Unies en Suisse, Ted Moses aide à produire le rapport de 1989 intitulé The Effects of Racism and Racial Discrimination on the Social and Economic Relations between Indigenous Peoples and States.

Ted Moses prononce de nombreux discours dans plusieurs pays portant sur la défense des droits des Autochtones. Par exemple, il participe à la conférence Future of Australia’s Dreaming.

Chef d’entreprise

Ted Moses est le fondateur et le directeur du Cree Nation Trust, de Youdin Rouillier Drilling, de Pétronor, de Apitsiu Construction Ltd. et de Kaweshekami Environment Inc.

En décembre 2009, Ted Moses est nommé président du Secrétariat aux alliances économiques nation Crie Abitibi-Témiscamingue. Ce secrétariat promeut la coopération et le développement économique.

Prix