Récit allusif et elliptique explorant la « dualité de l’intime et de l’indifférence », The Adjuster, sorti en 1991, est le quatrième long métrage d’Atom Egoyan et le premier à remporter une large adhésion internationale. Le film a reçu plusieurs prix parmi les plus prestigieux, notamment celui du meilleur long métrage canadien octroyé par le Festival international du film de Toronto (TIFF), et a définitivement consacré Atom Egoyan comme une nouvelle voix originale du cinéma international. Il a été inscrit, en 1993, dans la liste des dix meilleurs films canadiens de tous les temps à l’occasion d’une enquête menée par le Festival international du film de Toronto.
Synopsis
Premier film d’Atom Egoyan à bénéficier d’un budget substantiel de 1,5 million de dollars apporté par Alliance Films et par le producteur et distributeur Robert Lantos, The Adjuster, tourné dans un format cinémascope étonnant par Paul Sarossy, est à la fois une comédie absurde et une tragédie. Il met en vedette Elias Koteas dans le rôle de Noah, un expert en sinistres qui, s’attachant aux sinistrés victimes d’incendies avec un inquiétant dévouement, leur offre non seulement du réconfort, mais également du sexe. Il est détaché de sa femme Nera, interprétée par Arsinée Khanjian, une censeure de films qui a, elle aussi, ses propres obsessions inquiétantes : elle enregistre secrètement les scènes obscènes qu’elle visionne pour que sa sœur puisse les regarder chez elle. Le couple vit dans une maison modèle située dans une banlieue surréaliste encore en construction. Parmi les autres principaux personnages du film, on trouve un riche couple blasé, interprété par Maury Chaykin et Gabrielle Rose, qui s’adonne à d’étranges jeux à caractère sexuel en public. Tous verront leur destin se croiser lorsque le personnage interprété par Maury Chaykin voudra tourner un film porno dans la maison de Noah.
Analyse
Dans une analyse pénétrante du film, Tom McSorley soutient que The Adjuster représente un approfondissement des problématiques et des thèmes favoris d’Atom Egoyan déjà clairement énoncés dans ses trois films précédents, à savoir « la dualité de l’intimité et de l’indifférence ». Tom McSorley ajoute que le cinéaste « poursuit également ses recherches sur ce qu’est une famille, sur le rôle ambigu de la technologie et sur la nature et les fonctions de la photographie et du cinéma dans l’expérience contemporaine ». Il affirme également que le film « interroge les processus présidant à la structure du récit et aux révélations que ce dernier offre au spectateur ainsi que la façon dont lesdits processus se répercutent sur la création de sens au sein de l’univers fictionnel du film et sur l’acquisition par le spectateur d’un certain nombre d’informations lorsqu’il regarde cet univers se déployer devant lui ».
Réception critique
The Adjuster est en général bien reçu par la critique et par le public des festivals. Roger Ebert dit du film qu’il est « distrayant du début à la fin » et loue « la façon dont Atom Egoyan arrive à créer cet univers extrêmement personnel tout en réalisant un film drôle et stimulant ». Time Out parle du film comme étant « le plus riche et plus cher réalisé par Atom Egoyan à ce jour, une tragi-comédie fascinante et pince-sans-rire », ajoutant : « Les personnages d’Atom Egoyan sont toujours en retrait du monde, émotionnellement hébétés et psychiquement disloqués. Le cinéaste est fasciné par la parallaxe et la discordance, par ce qui sépare l’image et la réalité ».
Rick Groen, du Globe and Mail, écrit : « The Adjuster est indubitablement le meilleur film d’Atom Egoyan à ce jour, une œuvre dans laquelle il explore plus avant les thèmes déjà introduits lors de ces films précédents et affiche de façon encore plus spectaculaire son savoir-faire impressionnant en matière d’images. Ce film est techniquement époustouflant, intellectuellement marquant et émotionnellement perturbant. » Variety conteste toutefois cette opinion en affirmant que le film offre ce que le magazine appelle une « analyse superficielle du voyeurisme ».
Distinctions et héritage
The Adjuster fait partie de la sélection de la prestigieuse Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes à l’issue duquel le film poursuit sa tournée des festivals internationaux remportant plusieurs prix parmi les plus renommés, consacrant définitivement Atom Egoyan comme une nouvelle voix originale du cinéma international. Atom Egoyan est sélectionné pour les prix Génie 1991 dans la catégorie Meilleur réalisateur et The Adjuster est inscrit, en 1993, dans la liste des dix meilleurs films canadiens de tous les temps à l’occasion d’une enquête menée par le Festival international du film de Toronto. La somme reçue par Atom Egoyan dans le cadre du Prix spécial du jury obtenu au Festival international du film de Moscou lui permet de tourner l’année suivante, en Arménie, un autre long métrage intitulé Calendar.
Voir aussi Cinéma et Histoire du cinéma canadien.
Récompenses
Meilleur long métrage canadien, Festival international du film de Toronto (1991)
Meilleur long métrage canadien, Festival international de films Cinéfest Sudbury (1991)
Meilleur long métrage ontarien, Festival international de films Cinéfest Sudbury (1991)
Prix spécial du jury, Festival international du film de Moscou (1991)
Golden Spike, Festival international du film de Valladolid (1991)