Thériault, Yves
Yves Thériault, écrivain (Québec, 28 nov. 1915 -- Joliette, 20 oct. 1983). L'originalité, la diversité et l'importance de son oeuvre font de lui l'un des écrivains québécois les plus populaires, tant au Canada qu'à l'étranger. Fils de menuisier, il quitte l'école à 15 ans et pratique divers métiers : chauffeur de camions, boxeur, vendeur, pilote d'avion, trappeur, chanteur western, annonceur à la radio de Montréal (CKAC), de New Carlisle (CHNC), de Québec (CHRC), de Sherbrooke, de Trois-Rivières (CHLN), de Hull (CKCH) et de Rimouski (CJBR). Vers 1945, il décide de gagner sa vie en écrivant. Il a déjà publié quelques contes et nouvelles, dont son premier livre, Contes pour un homme seul, attire d'emblée l'attention. Au fil des ans, il pratique toutes les formes d'écriture : sketches radiophoniques, téléthéâtres, chroniques, « romans à dix sous », romans divers (policiers, de science-fiction, de moeurs, etc.), contes et récits pour enfants, adolescents ou adultes, monographies, biographies, documentaires, essais, reportages et éditoriaux. Il est l'un des premiers Québécois à vivre de sa plume. Son roman Agaguk, publié en 1958 et traduit en une dizaine de langues, le rend célèbre. De nombreux prix et distinctions viennent couronner sa carrière : prix de la province de Québec (1954 et 1958), Prix du Gouverneur général du Canada (1961), prix France-Canada (1961), prix Molson (1971) et prix David pour l'ensemble de son oeuvre (1979). Il est élu membre de la Société royale du Canada, en 1959, et président de la Société des écrivains canadiens, en 1964. Il se forge un style s'inspirant de l'oral et de l'écrit, intégrant archaïsmes et régionalismes, souvent direct et fruste, mais chargé en même temps de poésie. Une sexualité impérieuse, une nature farouche et indomptable, des personnages assoiffés d'absolu, écartelés entre leur désir de puissance et leur soif de tendresse, illustrent la force évocatrice de son univers imaginaire. Les figures de l'Indien (Ashini, Le Ru d'Ikoué, Mahigan, N'Tsuk, La Quête de l'ourse), de l'Esquimau (Agaguk, Tayaout fils d'Agaguk, Agoak; l'héritage d'Agaguk), du Blanc (La Fille laide, Le Dompteur d'ours, Cul-de-sac, Kesten, Les Temps du carcajou, Le Dernier havre, Moi, Pierre Huneau), de l'Italien (Amour au goût de mer), du Juif (Aaron), de l'Espagnol (Les Commettants de Caridad) et des grandes étendues sauvages (forêts, plaines, toundra, mers, montagnes), sont autant d'images qui témoignent de l'écrivain à l'écoute de l'homme universel et de son combat pour la survie.