Angela Abdou, écrivaine (née le 11 mai 1969 à Moose Jaw en Saskatchewan). Après des diplômes supérieurs de l’Université de Regina et de l’Université Western Ontario, Angie Abdou obtient un doctorat en littérature anglaise et en écriture créative de l’Université de Calgary.
La première œuvre d’Angie Abdou, Anything Boys Can Do,un recueil de nouvelles de 2006 dans lequel des jeunes femmes éduquées, ayant grandi dans le contexte des premières victoires du mouvement féministe (voir l’article Mouvement des femmes), demeurent malgré tout émotionnellement incapables d’avancer, empêtrées dans les anciens rôles, acceptant l’humiliation du discours machiste dominant et refusant de remettre en cause la volonté de contrôle qu’il véhicule. Dans la nouvelle « East Meets West », Weezie chaperonne les amis de son frère pendant les vacances et les emmène dans un bar. Elle croit bien qu’elle plaît à l’un d’entre eux, jusqu’à ce qu’il lui demande de jouer une scène avec lui pour rendre jalouse une autre femme présente au bar. La protagoniste de la nouvelle décrit ainsi sa réaction [Traduction libre] : « Je respecte docilement le scénario et fais exactement ce qu’il attend de moi : je hoche la tête, je souris, je ris et je donne l’impression générale d’être en amour avec lui. Jusqu’à ce qu’il entame une conversation avec la jeune femme blonde… là, je pars. Personne ne s’en rendra compte. » L’écrivaine nous donne à voir des femmes qui ne remarquent même pas comment, finalement, ce sont elles qui empêchent les garçons qui seraient disposés à améliorer leur comportement de le faire, en continuant à s’accommoder de normes de genre totalement dépassées. En mettant en scène ces personnages bien typés, l’auteure suggère que ce sont bien les femmes qui, en restant passives, conduisent les deux sexes à rester piégés dans un monde figé de valeurs obsolètes.
En 2007, le premier roman d’Angie Abdou, The Bone Cage,est finaliste du concours 2011 de la CBC Canada Reads. Inspiré par la lutte de certains athlètes canadiens contre une grave dépression appelée « symptôme dépressif post‑olympique », l’œuvre raconte la façon dont le nageur Sadie et le lutteur Digger ont vu leur personnalité littéralement se dissoudre dans leur quête de gloire olympique et dont ils doivent se débattre dans la vacuité de leur existence quotidienne qui suit l’évanouissement de leur rêve doré. L’auteure nous montre comment, inévitablement, « le traumatisme fait suite au rêve », lorsque les parents, les partenaires, les entraîneurs et la nation tout entière conspirent pendant des années pour occulter et refuser de voir la réalité qui suivra inévitablement la fin de l’aventure. The Bone Cage se classe au premier rang de la liste des dix meilleurs livres de sport de la CBC et fait partie, en 2012, de la sélection pour le MacEwan Book of the Year de la Grant MacEwan University.
En 2011, le deuxième roman d’Angie Abdou, The Canterbury Trail,une œuvre à la fois comique et sombre, met en scène des personnages chaucériens qui se rencontrent à l’occasion d’un pèlerinage contemporain dans l’ouest du Canada. Ce récit dans lequel les protagonistes parcourent des sentiers montagneux enneigés (voir l’article Randonnée pédestre) s’ouvre avec Heinz, un universitaire à la retraite échappé de la ville dont l’ambition est de devenir un romancier allié d’un ermite. Incapable d’y parvenir, il décide de se muer en explorateur de son propre territoire marquant, de signes médiévaux créatifs, les chemins suivis vers le sommet de sa montagne personnelle [Traduction libre]: « Il finit par marquer les routes qu’il suivait, plus pour laisser une preuve de son existence que pour éviter de se perdre. À cette époque, il connaissait déjà le chemin, tous les chemins, mais le simple fait de nommer une pente ou une traversée de ruisseau lui procurait une satisfaction inexplicable… C’est la terre qu’il nommait. » Ce processus de dénomination devient le récit de Heinz, un récit qu’il partage, quoiqu’à contrecœur, avec d’autres. Pour l’auteure, tout pèlerinage est une affaire de récits : ceux que l’on raconte pour avancer et ceux que l’on raconte ensuite sur le chemin que l’on a parcouru, chacun d’entre eux constituant la preuve de l’importance de la voix et de la présence d’un conteur. The Canterbury Trail est finaliste du concours 2011 Banff Mountain Book (littérature sur la montagne et la vie sauvage).
Angie Abdou ne peut imaginer la vie sans la littérature ou les livres : « La littérature crée un espace au sein duquel il est possible d’examiner la vie contemporaine et, en ce sens, elle est tout. » Elle enseigne à temps plein au College of the Rockies, tout en menant régulièrement des ateliers d’écriture à l’occasion des conférences annuelles des Fernie Writers. Elle vit à Fernie en Colombie‑Britannique.