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Sir Samuel Leonard Tilley

Sir Samuel Leonard Tilley Père de la Confédération, lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick (1873-1878, 1885-1893), premier ministre du Nouveau-Brunswick (1861-1865) et pharmacien (né le 8 mai 1818 à Gagetown, au Nouveau-Brunswick; décédé le 25 juin 1896 à Saint John, au Nouveau-Brunswick). Samuel Leonard Tilley était un grand défenseur de la Confédération et de la construction du chemin de fer Intercolonial. On croit qu’il aurait suggéré le nom « Dominion du Canada » pour le nouveau pays. Il a été membre du premier gouvernement de sir John A. Macdonald avant d’être nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick.
Sir Samuel Leonard Tilley


Éducation et début de carrière

Samuel Leonard Tilley est le fils aîné de Thomas Morgan Tilley et de Susan Ann Peters. Commerçants, ces derniers descendent des loyalistes qui se sont installés au Nouveau-Brunswick après la Révolution américaine. Samuel Leonard Tilley fréquente l’école Madras, qui relève de l’Église anglicane, à Gagetown, au Nouveau-Brunswick, pendant quatre ans, puis une école secondaire de Gagetown aussi pendant quatre ans.

Samuel Leonard Tilley devient apprenti pharmacien dans une pharmacie à Saint John à l’âge de 13 ans. En 1838, il décroche un certificat de pharmacien et ouvre, la même année, Peters and Tilley, « La pharmacie à bas prix! », avec son cousin Thomas W. Peters. En 1848, lorsque son cousin prend sa retraite, Samuel Leonard Tilley gère seul l’entreprise, renommée Tilley’s Drug Store, jusqu’en 1860, moment où il vend la pharmacie en raison de ses engagements politiques.

En 1843, Samuel Leonard Tilley marie Julia Ann Hanford; ils ont huit enfants avant la mort de celle-ci, en 1862. En 1867, Samuel Leonard Tilley marie une autre défenseuse de la tempérance, Alice Starr Chipman, avec laquelle il a deux fils.

Carrière politique

Samuel Leonard Tilley fait son entrée en politique grâce au soutien qu’il accorde au mouvement pour la tempérance. Dès 1844, il siège au conseil de la Portland Total Abstinence Society, du Nouveau-Brunswick, qui préconise des lois prohibitionnistes. Lorsque la branche néo-brunswickoise de l’American Sons of Temperance Society est fondée, en 1847, Samuel Leonard Tilley est à la tête de son comité directeur.

Samuel Leonard Tilley plaide pour un gouvernement responsable, surtout après les ressentis de la récession britannique de 1848 sur le commerce desProvinces maritimes. Il cofonde l’Association coloniale du Nouveau-Brunswick en 1849, partisane de l’autogouvernance coloniale des travaux et des dépenses publiques, et d’un système d’éducation publique polyvalent.

Samuel Leonard Tilley siège à l’Assemblée du Nouveau-Brunswick en tant que membre du Parti libéral en 1850-1851, 1854-1856, 1857-1865 et 1866-1867. Tant dans sa participation au mouvement pour la tempérance que dans sa carrière politique, il évite le discours populiste. Au contraire, il présente des arguments logiques et des statistiques pour appuyer ses prises de position. Ses collègues le perçoivent comme un moralisateur, mais il est respecté pour sa finesse politique, son dévouement à la tâche et son intégrité. Défenseur infatigable de la tempérance, il est secrétaire provincial dans l’administration de Charles Fisher. On appelle les membres de cette dernière les « Smashers » lorsqu’ils adoptent certaines lois prohibitionnistes au Nouveau-Brunswick en 1852. La législation sur la tempérance est toutefois contestée en 1854, alors que la consommation annuelle de spiritueux par habitant dans la province s’élève à 7,55 litres. Les Smashers instituent une forme d’interdiction en 1855, mais celle-ci est contestée la même année.

Confédération

Délégué à toutes les conférences de la Confédération, Samuel Leonard Tilley est un ardent promoteur de laConfédération. En 1865, il découvre que la majorité de la législature du Nouveau-Brunswick est contre la Confédération. Le lieutenant-gouverneur Arthur Gordon croit que la question de la Confédération devrait être présentée « honnêtement » à la population et pousse Samuel Leonard Tilley à dissoudre son gouvernement, qui n’a pas été élu, dit-on, dans une optique de Confédération.

Samuel Leonard Tilley lance des élections surprises auxquelles son gouvernement libéral (élu en 1861) est battu par Albert Smith, chef d’une coalition anti-Confédération. Les défenseurs de la Confédération reviennent au pouvoir en 1866 alors que le lieutenant-gouverneur Arthur Gordon force l’administration d’Albert Smith à résigner son pouvoir. Le gouvernement britannique défend enfin une union, l’opinion populaire au Nouveau-Brunswick bascule en faveur de la Confédération, et l’administration d’Albert Smith peine à s’entendre sur d’autres points que leur opposition à une union fédérale.

Sous la chefferie de Peter Mitchell, Samuel Leonard Tilley réussit à adopter une législation qui favorise la Confédération avec un vote de 31 voix contre 8.

Selon le fils de Samuel Leonard Tilley, son père crée le terme « Dominion » pour décrire le Canada, après le rejet de la proposition de John A. Macdonald, « Royaume du Canada », dénomination provocatrice pour les États-Unis. Samuel Leonard Tilley est inspiré par le verset 8 du psaume 72 de la Bible, « Et il règnera d’une mer jusqu’à l’autre », puis propose le terme « Dominion » à la Conférence de Londres en 1866 (voir A Mari usque ad Mare).

Voir aussi Le Nouveau-Brunswick et la Confédération.

Vie personnelle et carrière après la Confédération

En 1867, Samuel Leonard Tilley quitte le Cabinet du Nouveau-Brunswick et devient ministre des Douanes dans le premier gouvernement de sir John A. Macdonald. Il est nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick le même jour de la chute du gouvernement de John A. Macdonald, qui suit le scandale du Pacifique, le 5 novembre 1873.

Alors que John A. Macdonald est reporté au pouvoir en 1878, Samuel Leonard Tilley démissionne de ses fonctions de lieutenant-gouverneur et devient ministre des Finances. De fait, il est derrière la protection douanière de la Politique nationale de 1879.

En 1885, malade, il se retire à la Chambre du gouvernement, à Fredericton, y siégeant à titre de lieutenant-gouverneur jusqu’en 1893. Astucieux et adroit, il a toujours été un baromètre politique sensible. Il conseille John A. Macdonald en 1868 d’apaiser la réticence de la Nouvelle-Écosse à une union fédérale. Il est dubitatif à propos des engagements du gouvernement dans le chemin de fer Canadien Pacifique dans les années 1880 et aurait sans doute tout arrêté si on lui avait donné cette chance. Adressée à sir Charles Tupper, une des dernières lettres qu’il rédige se veut une évaluation incroyablement pointilleuse des élections de 1896.

Samuel Leonard Tilley meurt d’une septicémie (empoisonnement sanguin) en 1896 après s’être accidentellement coupé le pied à sa maison d’été à Rothesay, au Nouveau-Brunswick.

Héritage

C’est grâce à Samuel Leonard Tilley que l’on compte le Nouveau-Brunswick parmi les quatre premières provinces du Canada en 1867. La fête nationale qui commémore la Confédération, célébrée le 1er juillet, est connue sous le nom de « fête du Dominion » de 1867 à 1982, puis est renommée « fête du Canada ». Un des fils du second mariage de Samuel Leonard Tilley, Leonard Percy de Wolfe Tilley, est premier ministre du Nouveau-Brunswick de 1933 à 1935.