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TISH

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TISH: a poetry newsletter, Vancouver est une revue sur la poésie fondée en août 1961 par cinq jeunes auteurs (George BOWERING, Frank DAVEY, David Dawson, Jamie Reid et Fred WAH) qui font partie d'un groupe d'étudiants de l'UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE; le groupe se réunit depuis quelques années pour discuter de poétique avec le critique Warren Tallman et, cet été-là, le poète de la Renaissance de San Francisco Robert Duncan. De ce groupe émergeront la dramaturge Carol BOLT, la critique Pauline Butling, la nouvelliste Gladys Hindmarch, le cinéaste Sam Perry et les poètes Daphne MARLATT, Lionel Kearns, Maxine Gadd, Judith Copithorne, Robert Hogg, Cull David et David Bromige. Le titre TISH est inspiré de la découverte du pionnier de l'écologie Carl Sauer selon laquelle les excréments humains fossilisés peuvent être une source abondante de renseignements sur le régime alimentaire d'une population et les habitudes alimentaires d'une culture - le groupe espérait que ses écrits en feraient autant pour la CULTURE en général - et d'un réarrangement bienséant des lettres du mot de Cambronne en anglais. S'inspirant de The Floating Bear, fondé à New York l'année précédente par LeRoi Jones et Diane di Prima, les auteurs publient la revue à un rythme mensuel, impriment la plupart des numéros eux-mêmes avec un équipement rudimentaire de polycopie et les distribuent gratuitement à une liste de diffusion d'environ 400 auteurs, directeurs de publication et critiques pour la plupart nord-américains. Davey est le rédacteur en chef, Wah, l'imprimeur, Bowering crée la liste de diffusion et tous les cinq contribuent à ancrer la revue dans le thème qui fait sa réputation, la poétique, la compréhension des propriétés de la parole et de l'écriture l'une par rapport à l'autre et par rapport aux autres réalités et objets auxquels les « mots » sont normalement censés faire référence.

Le critique George FETHERLING a appelé TISH le « magazine littéraire le plus influent du Canada », à la fois parce que son modèle de production à peu de frais devient celui de nombreux autres magazines de POÉSIE dans les années 1960 et 1970 et parce que sa vision de la poésie écrite comme partition d'un art ORAL est devenue largement acceptée dans les décennies qui ont suivi. La régularité et la fréquence de parution de la revue les deux premières années, qui permettent à ses auteurs, presque du jour au lendemain, de participer aux dialogues nationaux sur la poésie au Canada, et son insistance sur le fait que toute poésie suppose une poétique, sont d'autres facteurs qui contribuent à son influence. Implicitement, cette insistance est un appel lancé à tous les poètes à réfléchir à leur propre poétique. Un des éléments les plus controversés dans la poétique de TISH est la conviction que les poètes peuvent être coauteurs de leurs poèmes avec l'environnement culturel et physique local dans lequel ils écrivent ainsi qu'avec le LANGAGE lui-même, et qu'ils doivent étudier ces interactions. Cette idée trouve ses racines dans l'essai influent du poète de la Nouvelle-Angleterre Charles Olson, Le vers projectif, et dans sa suggestion selon laquelle le lieu et l'histoire offrent des champs de force culturels qui peuvent dynamiser l'écrit à l'aide de « secrets que les objets confient », ainsi que dans la conviction de Robert Duncan que les images, les rythmes et les sons des vers qu'on écrit peuvent ouvrir la voie à des vers et sujets ultérieurs inattendus.

Davey, Bowering et Wah quittent Vancouver en août 1963. David Dawson continue à publier la revue à la tête d'un nouveau conseil composé de Daphne Marlatt, Gladys Hindmarch, David Cull, Peter Auxier et Dan McLeod, le futur fondateur de The Georgia Straight. Ce conseil, dont la composition évolue progressivement au fil du temps, continue à publier la revue jusqu'en 1966, où elle devient un supplément littéraire au Straight. Au Nouveau-Mexique, en décembre 1963, Wah cofonde une revue similaire, SUM, la deuxième d'une série de publications dont il sera le fondateur ou le cofondateur et dont la dernière, très influente également, sera Writing (1980-1992), le magazine central de la Kootenay School of Writing. Au printemps 1964, Bowering fonde Imago (1964-1974), un magazine consacré au long poème, et en 1967, la micro-maison d'édition Beaver-Kosmos. L'année suivante, Davey fonde Open Letter, « a journal of writing and theory » (1965- ). Toutes ces publications s'inscrivent dans le droit fil des hypothèses de TISH selon lesquelles l'écriture doit transcender à la fois l'expression personnelle et les cultures nationales et être consciente de sa propre poétique. Elles résistent à des degrés divers au NATIONALISME des années 1970 ainsi qu'à la « politique identitaire » et au « tournant culturel » des dernières décennies. Dans les années 1970, avec bp NICHOL, un membre silencieux du groupe qui entoure TISH dans les années 1962-1964, Bowering, Wah et Davey collaborent avec Coach House Press à Toronto à titre d'auteur ou de directeur de publication. De 1975 à 1985, la majorité des titres de la maison d'édition sont publiés sous la direction de Nichol et Davey.

Parmi les temps forts de l'évolution du groupe TISH figurent la parution, en 1962, du premier ouvrage « Tish », D-Day and After de Davey, l'attribution à Bowering, en 1970, du PRIX LITTÉRAIRE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL pour la poésie, la publication par Davey, en 1974, de From There to Here: A Guide to English-Canadian Literature Since 1960, la création par Davey et Wah, en 1984, de SwiftCurrent (1984-1990), le premier magazine littéraire en ligne du monde, l'attribution à Wah, en 1986, du prix littéraire du Gouverneur général pour la poésie et la nomination de Bowering, en 2002, comme premier poète officiel du Parlement. Au total, dans les années 1961-1966, les écrivains du groupe TISH ont publié plus de 200 titres de la littérature canadienne.

Voir aussiREVUES LITTÉRAIRES DE LANGUE ANGLAISE.