Together Today for Our Children Tomorrow | l'Encyclopédie Canadienne

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Together Today for Our Children Tomorrow

Together Today for Our Children Tomorrow est un document qui exposait des revendications territoriales au Yukon et recommandait une approche pour leur règlement. Le document, créé par le Conseil des Indiens du Yukon, a été présenté au premier ministre Pierre Elliott Trudeau à Ottawa le 14 février 1973. Il documentait le mode de vie traditionnel autochtone dans le territoire et relatait la manière dont il a été transformé par l’arrivée de l’« homme blanc ». Il identifiait certaines difficultés contemporaines auxquelles les Premières Nations étaient confrontées à l’époque. En outre, il proposait des solutions et une feuille de route pour l’action. Finalement, il établissait une vision d’avenir basée sur la restitution du contrôle et du pouvoir de décision aux Premières Nations du territoire. Cinquante ans plus tard, le document demeure une force directrice pour les habitants du Yukon, autochtones ou non. Il promeut l’idée de « marcher ensemble sur la même route ». En d’autres termes, il propose une participation équitable, en tant que partenaires, dans l’édification et la gouvernance de la société du Yukon.

Histoire des traités au Yukon

Contrairement à la situation dans le sud du Canada, il n’existe aucun traité au Yukon avant 1993. La première initiative visant à régler les revendications territoriales des Premières Nations du Yukon est entreprise en 1902. Cette année-là, le chef Ta’an Kwäch’än Jim Boss (Kishxóot) écrit au commissaire et au surintendant général des Affaires indiennes du Yukon. Il demande une compensation pour la perte du territoire et des terrains de chasse de son peuple, à la suite de l’afflux de population au Yukon lors de la ruée vers l’or du Klondike. Plus spécifiquement, le chef Boss demande au commissaire du Yukon une réserve de 1 600 acres. La pétition contient une phrase devenue célèbre : « Dites avec force au roi que nous voulons que quelque chose soit fait pour nos Indiens parce qu’on nous prend nos terres et notre gibier. » Malheureusement, le gouvernement fédéral rejette la demande du chef Boss. Néanmoins, elle sera utilisée par la suite pour affirmer et défendre les droits autochtones au Yukon.

La Loi sur les Indiens et le Yukon

À la suite de cette première demande d’un traité et de son rejet, les Premières Nations du territoire commencent à s’organiser au milieu des années 1960. En 1951, le gouvernement fédéral élimine certaines des dispositions les plus punitives de la Loi sur les Indiens. Grâce aux amendements de 1951, les Premières Nations du Yukon peuvent désormais pratiquer légalement les rites de leur culture traditionnelle. Le potlatch (qui est très important au Yukon) n’est plus interdit. De plus, des avocats peuvent maintenant être engagés pour défendre les droits autochtones. Peu avant ces changements, beaucoup de soldats autochtones sont revenus de la Deuxième Guerre mondiale. Ils découvrent qu’ils ont été affranchis et qu’ils ont perdu leur statut d’Indiens. Un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, Elijah Smith, est un Tutchone du sud (prononcer tou-choni) originaire de la petite Première Nation de Champagne, au Yukon. De retour au Yukon après la guerre, il remarque qu’ayant été considéré comme un égal sur le champ de bataille, il ne l’est plus en revenant chez lui. Elijah Smith devient un important leader du mouvement pour l’autonomie gouvernementale. Il est aussi l’architecte des revendications territoriales du Yukon. En 1968, le ministère des Affaires indiennes et du Développement du Nord (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord) organise une réunion à Whitehorse au sujet des changements proposés à la Loi sur les Indiens. Elijah Smith se présente à ces audiences. Il déclare :

Nous, les Indiens du Yukon, nous objectons […] à être traités comme des squatters dans notre propre pays. Nous avons accepté l’homme blanc dans ce pays, nous l’avons nourri […], nous l’avons aidé à trouver de l’or; nous l’avons aidé à construire, et respecté dans ses propres droits. Pour tout cela, nous avons reçu bien peu en retour. Nous […] aimerions que le gouvernement du Canada voie à ce que nous obtenions un règlement juste pour l’utilisation du territoire. Il n’y a pas de traité signé dans ce pays, et on me dit que la terre appartient toujours aux Indiens.


À cette époque, beaucoup de femmes des Premières Nations du Yukon se font aussi retirer leur statut. Selon les dispositions de la Loi sur les Indiens, les femmes autochtones perdent leur statut si elles épousent une personne qui n’a pas le statut d’Indien. En outre, leurs droits sont niés au profit d’une société patriarcale. Bien que la plupart des Premières Nations du Yukon vivent dans un système de clans matrilinéaires, les agents du fédéral qui se rendent dans les communautés insistent souvent pour parler à des chefs de sexe masculin, ignorant délibérément les femmes. Cette attitude mine les protocoles de gouvernement traditionnels locaux.

En 1960, les membres de Premières Nations reçoivent le droit de vote au Canada. Ceci est suivi, dans les années 1960 et 1970, par d’importantes décisions juridiques et propositions politiques. Un jugement très important est celui de l’affaire Calder, qui définit les bases des politiques et les processus de développement des traités modernes.

Together Today for Our Children Tomorrow

Le mouvement en faveur d’un traité moderne prend beaucoup d’ampleur en 1968 après la fondation de la Yukon Native Brotherhood, dirigée par Elijah Smith. La création de la Yukon Native Brotherhood est suivie par celle de la Yukon Association of Non-Status Indians. À peu près à la même époque, en Alaska, l’Alaska Native Claims Settlement Act est négocié et finalisé. Une délégation de Premières Nations du Yukon, dirigée par Elijah Smith, se rend à Ottawa. Elle présente le document Together Today for our Children Tomorrow: A Statement of Grievances and an Approach to Settlement by the Yukon Indian People au premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau le 14 février 1973. Ce document avant-gardiste détaille les difficultés auxquelles sont confrontées les Premières Nations du Yukon et propose des plans pour y remédier. Together Today for our Children Tomorrow compte parmi les premières propositions de règlement de revendications territoriales acceptées par le gouvernement du Canada dans le cadre de sa nouvelle politique sur les revendications territoriales globales, et la négociation de traités modernes au Yukon commence peu après. En 1993, le Council for Yukon Indians (aujourd’hui Council of Yukon First Nations), le gouvernement du Canada et le gouvernement du Yukon signent l’Accord-cadre définitif (ou UFA, pour Umbrella Final Agreement). Celui-ci servira de modèle pour la signature, entre 1993 et 2005, d’accords d’autonomie gouvernementale ( voir Autonomie gouvernementale des Autochtones) pour 11 des 14 Premières Nations du Yukon (voir aussi Premières nations autogouvernantes au Yukon).

« Cet accord est pour nos enfants, et les enfants de nos enfants, pour de nombreuses générations à venir. Tous nos programmes et les garanties que nous visons dans notre accord ont pour but de leur éviter que ces problèmes se répètent à l’avenir. Vous ne pouvez nous parler d’un « avenir brillant » quand tant de gens de notre peuple ont froid ou faim, ou n’ont pas d’emplois. Un « avenir brillant » est ce que nous croyons pouvoir construire quand nous aurons un accord honnête et juste. Un tel accord doit être conclu entre des peuples pacifiques. Il doit y avoir une volonté de paix chez tous les peuples concernés. Nous croyons avoir démontré une telle volonté de paix au cours des cent dernières années. Si vous avez la même disposition, il devrait être facile pour nous d’accepter un accord qui sera considéré comme « honnête et juste » par tous. Si nous y parvenons, alors la date de notre accord sera un jour à célébrer pour tous – dans les années futures. […] Si nous y parvenons, un jour viendra où TOUS les habitants du Yukon seront fiers de notre patrimoine et de notre culture, et respecteront notre identité indienne. À ce moment seulement, nous serons des frères canadiens égaux. »

- Together Today for Our Children Tomorrow


Traités modernes

À bien des égards, le Yukon a été un leader en matière d’élaboration de traités. Depuis 1993, 11 des 14 Premières Nations du Yukon ont signé des accords d’autonomie gouvernementale. En 2023, il existe 25 accords d’autonomie gouvernementale s’appliquant à 43 communautés. Les 11 accords ont été créés par l’Accord-cadre définitif. Celui-ci est un document politique qui endosse les accords d’autonomie gouvernementale, mais il n’est pas un document juridique. Il comporte 28 chapitres contenant des dispositions communes qui s’appliquent à toutes les Premières Nations du Yukon qui ont un accord final. Chaque Première Nation du Yukon a le droit de négocier les « termes spécifiques » de son accord final, lorsque cela est permis par l’Accord-cadre définitif. Les Premières Nations du Yukon ratifient ensuite leur propre accord final et leur accord d’autonomie gouvernementale d’une manière qu’elles déterminent elles-mêmes. Les Premières Nations qui n’ont pas d’accord ne sont plus régies par la Loi sur les Indiens. Les accords du Yukon ont fondamentalement altéré les fondements de la société du Yukon. Ils ont établi les interprétations qui guident les relations intergouvernementales et ont redéfini les relations existantes entre les membres et les non membres des Premières Nations.

Accords finaux des Premières Nations du Yukon (créés par Gabrielle Slowey)

Première Nation

Date de signature

Date d’entrée en vigueur

Premières Nations de Champagne et d’Aishihik

29 mai 1993

14 février 1995

Première Nation de Na-cho Nyäk Dun

29 mai 1993

14 février 1995

Conseil des Tlingits de Teslin

29 mai 1993

14 février 1995

Première Nation Vuntut Gwitchin

29 mai 1993

14 février 1995

Première Nation de Little Salmon/Carmacks

21 juillet 1997

1er octobre 1997

Première Nation de Selkirk

21 juillet 1997

1er octobre 1997

Tr’ondëk Hwëch’in

16 juillet 1998

15 septembre 1998

Conseil Ta’an Kwäch’än

13 janvier 2002

1er avril 2002

Première Nation de Kluane

18 octobre 2003

2 février 2004

Première Nation de Kwanlin Dün

19 février 2005

1er avril 2005

Première Nation de Carcross/Tagish

24 octobre 2005

9 janvier 2006

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