JF : Comment as-tu découvert le bobsleigh?
KH : Avant le bobsleigh, je faisais beaucoup de ski alpin. J’ai toujours adoré les sports d’hiver et de vitesse, et je travaille très dur. Le bobsleigh était un rêve d’enfant pour moi, et, naturellement, quand j’ai décidé de tenter ma chance à 17 ans, j’ai tout donné. Il semble que les choses ont plutôt bien tourné pour moi!
JF : Est-ce que c’est intimidant, descendre une piste en bobsleigh pour la première fois?
KH : Ce que la plupart des gens ne réalisent pas, c’est qu’en descente, la luge atteint des vitesses de plus de 120 km/h. La première fois que tu descends, c’est une expérience tout à fait unique. Tu sens le vent et te rends compte à quel point tu vas vite.
JF : Quels ont été les plus grands défis que tu as dû relever en tant que bobeuse en début de carrière?
KH : Puisque j’ai dû faire le saut du ski alpin au bobsleigh, je dirais que les obstacles majeurs auxquels j’ai fait face étaient techniques. Il y avait beaucoup d’ajustements à faire, et beaucoup de petits détails semblaient vraiment difficiles à maîtriser. Mais avec concentration et détermination, et grâce au soutien de ma famille et de mes amis, j’ai relevé le défi avec brio et j’ai vite réussi à apprécier le sport pour ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire l’une des plus grandes poussées d’adrénaline au monde.
JF : Parle-moi de ta longue ascension vers le niveau élite du programme canadien de bobsleigh féminin. Je crois comprendre que tu étais très déçue de n’être que substitut dans l’équipe canadienne aux Jeux olympiques d’hiver de 2006 à Turin.
KH : Je suis de nature très compétitive, alors être choisie seulement comme substitut a été une décision très difficile à accepter pour moi. Évidemment, j’étais contente d’avoir été considérée et d’avoir fait l’équipe nationale pour les Jeux olympiques. Mais on ne maîtrise pas toujours ses espoirs.
JF : Après cette déception, qu’as-tu fait pour te perfectionner et devenir une coureuse de bobsleigh élite?
KH : À la suite de déceptions, petites ou grandes, c’est important de prendre quelque temps pour réfléchir, pour découvrir où les erreurs ont été commises, et qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait. C’est essentiel de mettre le doigt sur ces aspects-là, mais une fois que c’est fait, il est temps de se reprendre et de changer de cap. C’est exactement ce que j’ai fait. Je suis revenue au gym, j’ai travaillé sur ma vitesse et sur ma technique. J’ai travaillé toujours plus fort et j’ai suivi le programme que nous avions créé avec les entraîneurs, car à terme, je ne veux plus jamais ressentir une déception comme celle-là.
JF : Parle-moi de votre victoire aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010. Quels souvenirs gardes-tu de la course?
KH : Tout s’est passé si vite. Un moment, on se réchauffe, puis soudain on pousse la luge sur la piste et sans qu’on s’en rende compte, c’est fini. Puis l’attente commence, et d’une certaine façon c’est la partie la plus difficile de la compétition, car on n’a plus aucun contrôle sur rien. On a donné tout ce qu’on pouvait, et tout ce qu’on peut faire, c’est maîtriser nos nerfs et voir où ça mène. Quand la course a été terminée, je me souviens avoir pris Heather [Moyse] dans mes bras et avoir pensé, ça y est. C’était un moment fort en émotions.
JF : Est-ce que remporter l’or en sol canadien était symbolique pour toi?
KH : Je me rappelle, quand j’étais petite, tout ce que je voulais était de gagner l’or aux Jeux olympiques. Accomplir cet exploit en sol canadien, ça je n’y aurais jamais cru, même pas dans mes rêves les plus fous! Le fait de gagner au Canada a rendu notre victoire encore plus spéciale qu’elle ne l’était déjà. J’ai toujours été fière d’être Canadienne, et de mettre la main sur l’or à Vancouver, c’était comme si le pays entier était dans la luge et sur le podium avec nous. Les mots ne suffisent pas pour décrire ce sentiment.
JF : Quelles sont tes forces en tant que bobeuse?
KH : Ma force physique et mon habileté à suivre la ligne, je crois. Tu dois être assez forte pour pousser la luge et gagner de la vitesse et un bon élan, mais une fois à l’intérieur de la luge, il faut une certaine finesse pour analyser rapidement les conditions de la piste et faire les ajustements nécessaires. Tout arrive si vite, il faut vraiment être rapide.
JF : Qui, dans ton entourage, a contribué le plus à ton succès?
KH : Je ne serais pas où je suis maintenant sans le soutien de ma famille et de mes amis. Mes proches sont ma motivation première lorsque je suis à mon meilleur, et ils sont toujours là pour moi. Que ce soit pour la victoire aux Jeux olympiques ou pour mes frustrations quotidiennes, je sais que je peux compter sur leur présence inconditionnelle.
JF : Mis à part l’or olympique et deux titres mondiaux, que considères-tu comme tes plus grands accomplissements sportifs?
KH : Mis à part ces accomplissements, je pense que je suis reconnaissante pour les occasions qui viennent avec une carrière internationale. J’apprécie la plate-forme que ça me donne pour me faire entendre, et pour travailler avec des organismes comme Right to Play. Je suis très fière de mes accomplissements individuels, mais d’avoir la chance de faire ce que j’aime ET d’être capable d’aider d’autres gens, et peut-être même les inspirer, c’est quelque chose qui va au-delà des médailles et des trophées.
JF : Qu’as-tu été en mesure d’accomplir avec l’organisme Right to Play, qui a une grande signification pour toi?
KH : Right to Play est une organisation qui permet aux athlètes de sortir des frontières de leur pays et d’avoir un impact sur la vie d’enfants de régions éloignées. Je crois fermement que chaque enfant a le droit au jeu, et d’avoir la chance de leur parler à propos de ce que je fais dans la vie et de ce que le sport m’a appris, c’est magique. La plupart ne connaissent pas le bobsleigh, ni même la neige! Je suis heureuse de pouvoir leur en parler, ou du moins essayer!
JF : Je vois que tu te prononces fermement contre l’intimidation, un phénomène dont tu as été victime quand tu étais jeune. Était-ce difficile pour toi de surmonter cet obstacle, et crois-tu que ton habileté à surmonter l’intimidation a fait de toi une athlète plus forte?
KH : Je pense que l’habileté à surmonter l’intimidation rend les gens meilleurs, peu importe s’ils sont des athlètes ou non. Bien sûr, mon statut d’athlète m’a fourni la plate-forme parfaite pour faire entendre ma voix et sensibiliser les gens à l’intimidation. Ça n’a pas été facile pour moi de vaincre l’intimidation, mais si mon histoire peut aider ne serait-ce qu’une personne, je n’hésite pas une seconde à la partager.