Dans les années 1960, Harry Jerome est un sprinter champion du monde qui fait la fierté de la communauté noire de Vancouver. Lorsque la Commission des parcs érige cette statue en sa mémoire, la plupart des Vancouvérois ont depuis longtemps oublié la petite communauté de squatters qui occupait autrefois cette partie de la promenade Seawall, au parc Stanley.
Dans les années 1860, des familles entières commencent à s’installer à Brockton Point, près du canon qui marque quotidiennement 9h du soir (le « Nine O’Clock gun ») et de la future statue de Harry Jerome. On y retrouve entre autres des membres des Premières Nations et des Portugais. Parmi les hommes, certains ont du travail sur la rive d’en face, à la scierie Hastings, qu’ils rejoignent quotidiennement en barque.
Ces résidents sont qualifiés de squatters parce que les terres sur lesquelles ils ont érigé leurs demeures font partie d’une zone classée en parc et qu’ils ne peuvent en devenir propriétaires. La ville tolère leur présence jusque dans les années 1920, lorsque les gouvernements municipal et fédéral portent ce dossier devant les tribunaux afin de les expulser. Le dernier des résidents quittera les lieux en 1931.
Harry Jerome représente le Canada lors de trois Jeux olympiques d’été. Il se retire de la course de compétition en 1968 et enchaîne avec une carrière dans l’enseignement. Il décède d’une tumeur au cerveau en 1982, alors qu’il est âgé de seulement 42 ans.